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Je suppose que j'essaie de vous parler des régions. Elles se vident. Aujourd'hui, je me désole de donner raison aux statistiques.
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J'ai un nouvel emploi.

J'en suis très heureux. C'est dans mon domaine, c'est emballant, c'est très bien payé (je passe du simple au double, impôt compris). Qui plus est, c'est un emploi qui me permet de faire une différence positive et optimiste dans ma communauté.

Ceci dit, il y a un petit problème.

Ce n'est pas chez moi.

En effet, étant résident du Bas-Saint-Laurent et ayant trouvé un emploi dans la région, le coeur y était, y est, et y sera toujours. J'étais si fier d'aménager là où mes aïeux ont construit ce pays où nous vivons. J'avais l'impression de boucler une boucle. D'aimer mon héritage au point de l'habiter.

Puis, soudainement, mon patron a changé d'idée. Je ne sais pas trop ce qui s'est produit. Du jour au lendemain, il a décidé que je ne faisais plus l'affaire, après m'avoir distribué un nombre incalculable de félicitations, de tapes dans le dos, de «je sais pas ce que je ferais si t'étais pas là». Je ne m'étalerai pas trop: il n'est pas là pour se défendre. Passons.

Toujours est-il qu'il me faut gagner ma vie. J'ai tout fait pour demeurer ici. J'ai postulé pour des emplois peu payés question de ne pas devoir quitter mon patelin si cher. Puis, le chômage étant ce qu'il est, j'ai bien vite vu mes économies fondre comme neige au soleil.

J'ai donc accepté le poste en ville. Même si je n'aime pas la ville plus qu'il ne le faut.

Ne vous méprenez pas: je suis loin de me plaindre. On m'offre aujourd'hui une opportunité que je ne croyais jamais avoir si tôt dans ma vie. C'est juste que le berceau familial, là où tout a commencé pour mes aïeux, c'est un endroit au cordon ombilical qui fait très mal à couper.

Je suppose que j'essaie de vous parler des régions. Elles se vident. Aujourd'hui, je me désole de donner raison aux statistiques. Je me désole d'être un autre jeune qui doit plier bagages et laisser ce qui m'est précieux derrière. Je me désole d'être de cette norme inconfortable qui motive nos décideurs à considérer les régions comme étant de vulgaires greniers à ressources naturelles, au mieux, et des problèmes, au pire.

Vais-je revenir? «Ne jamais dire jamais», me conseille toujours mon père. Sauf qu'en cette époque de compressions, de fichiers Excel qui doivent balancer et de décideurs à la petite semaine, j'espère simplement que ces régions ne seront pas éventuellement fermées ou ne seront pas la propriété d'un promoteur privé quand je déciderai de rentrer à la maison.

Mais bon, l'heure est à l'avenir.

Au revoir, berceau.

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