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Mais qu'est-ce que l'islamophobie?

Rarement une simple notion a suscité autant de débats en Occident. Mais qu'est-ce que cette islamophobie dont tout le monde parle? Comment est-elle née et comment est-elle parvenue à devenir l'un des principaux thèmes de l'actualité? Pourquoi l'islamophobie suscite-t-elle autant de passion dans les médias et pourquoi tant de personnalités se font-elles aussi religieusement les promoteurs de ce concept?
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Avant-propos du livre L'islamophobie(disponible dès aujourd'hui en librairie)

Tous les concepts ne sont pas des objets désincarnés qui ne servent qu'à alimenter des discussions stériles dans les universités. En plein 19e siècle, l'idée d'un «prolétariat» destiné à faire la révolution n'aurait jamais vu le jour sans l'industrialisation des sociétés européennes ayant créé des conditions miséreuses pour la classe ouvrière. De même, l'idée relativement récente d'un «choc des civilisations» aurait été impensable avant la chute du mur de Berlin en novembre 1989, car la guerre froide avait relégué les identités culturelles aux oubliettes en faisant de la lutte entre le capitalisme et le communisme l'unique moteur de l'histoire.

La fameuse notion d'islamophobie fait partie de ces créations intellectuelles qui nous en disent long, et même très long, sur une époque. Loin d'être innocente, cette notion demeure l'un des témoins privilégiés d'une transformation profonde de la citoyenneté. Au début du 20e siècle, qui aurait pu prédire que «l'islamophobie» serait sur toutes les lèvres? Peut-être à l'exception d'André Malraux, personne n'avait même anticipé de retour des religions dans les sociétés modernes. C'est dire à quel point le monde évolue, et à quel point il peut nous surprendre. C'est dire aussi à quel point il peut nous décevoir.

Rarement une simple notion a suscité autant de débats en Occident. Mais qu'est-ce que cette islamophobie dont tout le monde parle? Comment est-elle née et comment est-elle parvenue à devenir l'un des principaux thèmes de l'actualité? Pourquoi l'islamophobie suscite-t-elle autant de passion dans les médias et pourquoi tant de personnalités se font-elles aussi religieusement les promoteurs de ce concept? Enfin, comment se fait-il que seuls de rares intellectuels aient eu le courage de l'analyser en dehors des réseaux consanguins et lymphatiques et de la bien-pensance académique?

Les auteurs de ce collectif franco-québécois (Caroline Fourest, Isabelle Kersimon, Waleed Al-husseini, Renart Léveillé, Claude Simard, Annie-Ève Collin, Hassan Jamali, Alban Ketelbuters, Fiammetta Venner, Jérôme Blanchet-Gravel et Eric Debroise) trouvent des réponses à toutes ces questions. Chacun à leur manière et de manière chirurgicale, ils identifient avec brio les mécanismes qui mettent quotidiennement cette islamophobie à l'ordre du jour. Que ce soit en usant du journalisme d'enquête, de la philosophie, des sciences sociales ou même de la linguistique, chacun d'entre eux apporte une contribution originale à cet ouvrage qu'il faut lire comme une œuvre en soi. Chaque contribution en complète une autre, et nous introduit à la prochaine lecture.

Les auteurs révèlent notamment que si l'islamophobie camouffle bel et bien du racisme chez certaines personnes, par ailleurs, la notion est devenue un instrument politique au service d'organisations islamistes visant la destruction des démocraties occidentales. Lorsque la notion d'islamophobie ne sert pas à censurer toute critique de l'islam en rétablissant le délit de blasphème, elle sert à empêcher toute réforme ou toute modernisation de cette religion. Dans cette perspective, ce livre lève le voile sur la manière avec laquelle les islamistes se servent habilement de ce concept pour compromettre l'intégration des personnes de culture musulmane dans les pays occidentaux. Réimplanter le tribalisme alors que les démocraties l'avaient neutralisé: c'est l'un des objectifs premiers de ces théocrates.

Ainsi, les contributeurs de ce livre montrent que la notion d'islamophobie nuit au vivre-ensemble. Au lieu de favoriser les échanges interculturels dans une dynamique d'ouverture, l'utilisation de cette notion encourage les replis identitaires.

Tandis que l'Occident est systématiquement dépeint comme une civilisation raciste, incapable de s'émanciper de son passé colonialiste, les liens se dessoudent entre les communautés et les extrémistes de tout acabit en profitent pour creuser la tombe de la laïcité. S'il faut rejeter toute discrimination, il faut aussi poser un regard critique sur cette situation.

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Mai 2017

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