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Planter un pays: le nouveau nationalisme

Nul besoin d'être très perspicace pour constater que les nationalismes s'épuisent et s'étiolent - qu'ils s'éteignent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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Nul besoin d'être très perspicace pour constater que les nationalismes s'épuisent et s'étiolent - qu'ils s'éteignent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En Europe, c'est le traumatisme du fascisme qui semble avoir mis un terme à l'exaltation du sentiment national. En France, le drapeau tricolore est souvent perçu comme un torchon folklorique dénué de toute actualité.

Au Québec, on ne sait trop. Après avoir raté notre coup deux fois plutôt qu'une, on se questionne toujours à savoir si notre peuple parviendra à devenir indépendant. Malheureusement, le Québec est peut-être condamné à demeurer un fantôme dont l'âme inachevée coïncide drôlement avec l'esprit du réenchantement du monde. Comme si le Québec n'avait pas su surfer sur la vague de l'Histoire pendant que le destin d'un peuple voulait encore dire quelque chose.

Il existe pourtant une sorte de nationalisme de l'enracinement qui semble faire son apparition tranquillement. Un nationalisme qui plaide pour le redéveloppement d'une société organique. Un nationalisme aux accents quelque peu romantiques, il faut l'avouer.

Planter une nation

Ce n'est pas un secret : ils sont de plus en plus nombreux à refuser de se livrer à la mondialisation qui déracine les peuples et les condamne à manger Made in China. On recherche par-dessus tout l'authenticité : il faut du canard du terroir et de la terrine de gibier. Il faut aller à la chasse et redécouvrir cette antique condition humaine qui faisait de nous des êtres dynamiques.

Même les « progressistes » - dont plusieurs osent encore se revendiquer de l'universalisme - participent de cet élan nostalgique. La plupart d'entre eux font l'éloge du cordonnier d'antan qui réparait des souliers de qualité en échange de quelques légumes frais. On mange local, on veut du bio. Le paysage redevient un symbole de tranquillité et d'apaisement dans un monde asthmatique qui réduit en esclavage la Déesse mère.

La mondialisation détruit ainsi la créativité humaine en lui attribuant un rôle strictement économique. Les friperies redeviennent à la mode : les vêtements issus de l'industrie homogénéisent, uniformisent les peuples. Heureusement, sans doute, les femmes ne veulent plus refléter le catalogue d'un empire universel qui réduit leurs chaudes personnalités à de simples numéros.

Arroser son jardin

C'est ainsi que se dessine peut-être l'avenir du sentiment national. Ce n'est qu'une hypothèse. Un nationalisme du vécu plutôt qu'un nationalisme abstrait et désincarné. Un nationalisme du fleuve Saint-Laurent plutôt qu'un nationalisme des patriotes de 1837-1838. Un nationalisme de l'immédiat plutôt qu'un nationalisme qui se projette incessamment dans l'avenir comme une prophétesse désabusée.

Malgré tout, c'est un peu la fin du nationalisme tel qu'on le connaissait encore. Le règne de l'unité peine à s'imposer dans un monde marqué par le multiculturalisme. C'est dire la fin d'un sentiment national prométhéen et de tous les donquichottismes qui viennent avec.

Il reste alors à arroser le jardin d'un pays dont la spontanéité s'était endormie au contact des croisades productivistes de la modernité. Il reste alors à cultiver le présent pour que le futur nous rapporte enfin quelque chose.

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