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Le Grand Prix de Montréal et les prophètes de malheur

ferait-on du Grand Prix de Montréal le nouveau symbole de Babylone dans une civilisation qui est en train de renouer avec l'érotisme après 2000 ans de rigidité chrétienne? Je veux dire: pourquoi condamner quand on peut laisser vivre?
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Ils ont été plusieurs à dénoncer la tenue du Grand Prix de Montréal en fin de semaine dernière : des militantes FEMEN, Québec solidaire, d'obscurs mouvements de gauche et de nombreuses autres belles âmes soucieuses du maintien de la bonne conduite. Ils ont été plusieurs à y voir une véritable source de dépravation, de corruption, de pollution, et surtout, d'hyper-sexualisation. Heureusement qu'existent encore de bons bergers capables de nous remettre sur le droit chemin.

Loin de moi l'idée de cautionner la prostitution qui semble être une véritable attraction lors de ce grand événement sportif. Tout aussi loin de moi l'idée d'excuser par ce bref exercice intellectuel « l'esclavage sexuel » qui, selon certaines sources, ferait bien des ravages dans les rues de la métropole. Enfin, loin de moi l'idée de faire la promotion de ce genre d'événement haut en couleur qui ne m'a jamais vraiment intéressé. Ce qui m'intéresse, en revanche, c'est peut-être cette énorme masse d'énergie négative qui a circulé autour de cet événement comme un vautour.

La hargne qui a été exprimée en fin de semaine dernière traduit un acharnement moral franchement inquiétant. Certaines personnalités souhaitent manifestement toujours éduquer le petit peuple, l'encadrer, l'élever, le discipliner, le dresser, le dompter. Dieu sait qu'elles n'y parviendront pas, mais quand même. On désire mettre fin à cette culture populaire « barbare », on dénonce les effets pervers de cette grande messe sur les consciences fragiles, on déplore le regard des hommes posé sur des femmes sublimes.

Je parle d'un Grand Prix ruisselant de lait et de miel et de courbes qui ont profané le Temple. On s'indigne de tous ces alcools qui coulent à flot dans des gorges insatiables dans un esprit dionysiaque. On s'inquiète moins du sort réservé à certaines prostituées que de notre petite conscience pétrie d'angoisse et de misère face à ce festival de l'abondance ; face à tant de corps exhibés et décorés.

Plus encore, force est de constater que les femmes apparaissent encore comme les symboles d'une puissance maléfique. S'il fut une époque où ces dernières incarnaient la dépravation morale en référence au mythe biblique d'Adam et Ève, alors voilà qu'elles incarnent encore cette véritable Tentation, cette décadence, cette matrice séductrice. Mais une chose a changé : le Mal se confond maintenant avec le capitalisme.

De quoi certaines féministes pensent-elles réellement s'émanciper quand elles s'acharnent à faire du corps de la femme un emblème de la société de consommation ? N'ont-elles pas compris que leur jeu s'avérait pour le moins paradoxal ? Pourquoi joue-t-on encore aux vierges offensées dans ce monde de plus en plus carnavalesque ?

Autrement dit, ferait-on du Grand Prix de Montréal le nouveau symbole de Babylone dans une civilisation qui est en train de renouer avec l'érotisme après 2000 ans de rigidité chrétienne ? Je veux dire : pourquoi condamner quand on peut laisser vivre ?

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