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Quelle est la véritable laïcité «ouverte»?

Quelle est la véritable laïcité «ouverte»? Celle qui empêcherait les musulmanes d'afficher leur appartenance à une communautéou celle qui leur permettrait de le faire ?
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Ils sont maintenant plusieurs à penser que le port du voile peut rimer avec émancipation féminine, avec liberté. Ils sont maintenant aussi nombreux à percevoir le fait musulman comme l'expression d'une culture parmi tant d'autres, comme un apport bénéfique pour l'Occident. Avec le débat entourant la Charte des valeurs québécoises, nous avons encore eu l'occasion de voir ressurgir dans l'espace public le vrai visage du multiculturalisme : celui du déni de notre propre identité au profit d'une ouverture unilatérale et communautariste qui ne correspondra jamais avec l'universalité des droits de la personne.

Nous n'avions pas besoin d'attendre jusqu'à l'annonce du projet de Charte de la laïcité pour tirer une telle conclusion. En 2009, la Fédération des femmes du Québec s'était déjà positionnée en faveur du port du voile pour les agents féminins au service de l'État québécois. La même année, Québec solidaire, tout aussi soi-disant féministe, se prononçait également contre cette laïcité « fermée » qui irait à l'encontre des « droits » des immigrantes de confession mahométane. Plus récemment, c'était Philippe Couillard et Justin Trudeau qui s'opposaient officiellement au projet du Parti québécois, Trudeau allant même jusqu'à comparer la laïcité québécoise avec la ségrégation raciale américaine.

J'écrivais dans mon dernier blogue que «la liberté de culte pouvait aussi être la liberté de ne pas être libre». Que les apôtres du multiculturalisme souhaitaient que les musulmanes puissent continuer à suivre, au sein même de nos institutions, un code de conduite extrêmement rigoureux qui n'a absolument rien à voir avec la liberté humaine et l'émancipation des femmes.

On peut se poser la question : quelle est donc la véritable laïcité «ouverte» ? Celle qui empêcherait les musulmanes d'afficher leur appartenance à une communauté fermée dotée de ses propres lois internes - celles du droit islamique - ou celle qui leur permettrait de le faire ? Celle qui permettrait à ces dernières d'accéder, durant les heures de travail, à une communauté universelle et ouverte - non fragmentée selon des appartenances religieuses - ou celle qui leur en empêcherait ?

Plusieurs prétendent qu'une laïcité «fermée» serait contreproductive, qu'elle nuirait grandement à l'intégration des nouveaux arrivants. Qu'il s'agirait d'un moyen destiné à fermer des portes devant des personnes désireuses de se fondre au sein de leur société d'accueil. Inutile de vous rappeler que ces gens font gravement erreur : c'est évidemment le multiculturalisme qui entraine la perpétuation de la communautarisation, qui ouvre la voie à une éventuelle ghettoïsation. Pascal Bruckner écrivait à juste titre que le multiculturalisme incarcérait les gens issus des communautés ethnoculturelles dans des modes de vie et des traditions dont ils aspiraient bien souvent à s'émanciper. En survalorisant les liens communautaires, le multiculturalisme légitime un futur État d'apartheid.

Ceux et celles qui se revendiquent d'une laïcité «ouverte» ont voulu s'octroyer le monopole de l'ouverture d'esprit en dénaturant l'essence même de la vraie laïcité qui demeure le produit de l'universalisme républicain. En rappelant que la laïcité québécoise serait répertoriée dans la section des «laïcités fermées», ils ont voulu doter le projet péquiste d'une connotation «xénophobe» ou «raciste» qui viendrait persuader la gauche et les libéraux que le même projet pouvait s'apparenter à une mesure autoritaire. On ne fait que jouer sur les mots.

L'ouverture n'ira jamais de pair avec les replis communautaires des minorités culturelles, ni surtout jamais avec une religion dont le nom signifie soumission. L'ouverture véritable implique une certaine mise à nue de l'Humanité : les symboles religieux ne font pas partie de cette dynamique. La laïcité «fermée» à laquelle font référence les bien-pensants de ce monde est sans doute plus liée à l'ouverture d'esprit que cette laïcité «ouverte» devant laquelle ils s'agenouillent continuellement.

La Charte des valeurs québécoises favorisera les droits fondamentaux au détriment des droits fondamentalistes. Elle fera symboliquement sauter les barrières de la religion en assurant à la nation québécoise une cohésion basée sur le respect de l'Homme en tant qu'Homme, et non pas sur le respect de l'Homme en tant que membre d'une sous-catégorie culturelle, religieuse, politique ou ethnique.

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