Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'État islamique, un mouvement porteur d'un projet de féminicide

Les « centres maternels » implantés par le groupe État islamique (EI) sur les territoires qu'il maîtrise ont tout d'un univers carcéral situé en Cauchemardie. Ces communautés de femmes sont commandées par le principe de l'asservissement sexuel et reproductif de celles qui y sont parquées.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Les « centres maternels » implantés par le groupe État islamique (EI) sur les territoires qu'il maîtrise ont tout d'un univers carcéral situé en Cauchemardie. Ces communautés de femmes sont commandées par le principe de l'asservissement sexuel et reproductif de celles qui y sont parquées. Leur assignation au rôle de mères renvoie au patriarcat qui les nie en tant qu'êtres humains et ne fonctionne qu'en les détruisant. Cette logique mortifère est poussée jusqu'au bout quand le fruit de leurs entrailles est rapté physiquement et/ou psychiquement -avec leur complicité parfois- pour être façonné en arme de guerre. Les machines à procréer usinent des moyens de destruction: tout est cohérent dans le système délirant du mouvement terroriste islamiste.

Le journal français Le Parisien établit un parallèle entre ces centres et les pouponnières du programme "Lebensborn" lancé en 1935 par Himmler. Il s'agissait de créer une race supérieure façonnée selon les critères de perfection des idéologues du régime. Hitler a lui-même formulé dès 1933 l'objectif vers lequel tendre: « La jeunesse allemande doit être rapide comme un lévrier, solide comme du cuir et dure comme de l'acier ». Le régime nazi souhaite par conséquent procéder à la « germanisation » ou « désindividuation » des enfants qu'il prétend soustraire à l'humanité (Michel Gribinski, 2009). Désindividuation et déshumanisation, les idéologies totalitaires convergent dans leurs méthodes!

Au sein des « centres maternels » de l'EI, les femmes sont donc déchues de leur rôle éducatif et de la fonction maternante qui devraient être les leurs. Sans doute sont-elles nombreuses en tout état de cause à ne plus être en mesure d'endosser ces responsabilités. Cette incapacité peut avoir pour origine les violences sexuelles qui ont présidé à la conception de leur bébé comme l'idéologie à laquelle elles ont choisi d'adhérer. Souvenons-nous en effet que violenter les mères, c'est maltraiter les enfants. Que ces femmes se soient insérées volontairement ou non dans le système cruel qu'est l'État islamique ne change rien: elles y subissent sa violence radicale. Maintenues dans l'incapacité d'offrir aux enfants ce dont ils ont viscéralement besoin, elles concourent de facto à leur déshumanisation et au projet mortifère des terroristes.

Quel que soit le nombre des lieux de procréation mis en place par ce mouvement, leur existence est signifiante. Ils sont la manifestation d'une stratégie dont la perversité est l'ultime signature. Elle achève le retournement par les patriarcaux fanatisés du ventre des femmes contre elles-mêmes. Leur capacité d'engendrement -de création- n'est pas uniquement le motif et le moyen de leur asservissement, elle est convoquée pour se détruire elle-même. L'ambition des terroristes est d'assigner les femmes à leur fonction reproductrice dans des conditions telles qu'elles n'engendreraient plus des enfants, mais des outils de mort. Elles ne donneraient plus la vie, mais enfanteraient la destruction, les moyens du carnage destiné in fine à les mettre elles-mêmes à mort -symboliquement, psychiquement et physiquement.

Le message que les fanatiques cherchent à faire passer est qu'en ce monde, il n'y a plus que du désespoir à engendrer. Par leur capacité à faire naître, les femmes sont, volontairement ou non, utilisées pour fomenter la destruction. Elles contribuent à étayer la démonstration visant à établir que notre monde est promis à l'apocalypse. On utilise les femmes pour promettre l'humanité au néant. Les imprécateurs de malheur veulent nous faire croire à la malédiction qu'ils lancent sur nous.

La jouissance des fanatisés qui veulent triompher de la mort en s'y livrant est encore démultipliée par la conviction que tout crèvera à leur suite. Ils aiment la mort. Comment ne pourraient-ils pas haïr celles qui donnent la vie? Comment ne pas faire des femmes leurs premières ennemies? Nous parlons ici de la moitié de l'humanité, de celle qui porte la vie. Elle menace et insulte -par son pouvoir de création- tout ce qui obsède les disciples de l'EI. Comment pourraient-ils ne pas vouloir asservir et nier celles qu'ils ne peuvent définir que comme l'ennemi? L'État islamique - mouvement islamiste - porte de ce fait même un projet de féminicide. Il relève aussi bien du sexisme, de la gynophobie que d'une vision patriarcale du monde.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

No. 10: Djibouti

Les pires pays arabes pour les femmes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.