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Pour moi, Option nationale ne fut pas l'histoire d'une passion dévorante, ni l'écran sur lequel projeter mes désirs. Ce fut, et c'est toujours le cas aujourd'hui, une belle histoire d'amour: d'un pays, des idées, des membres et des militants.
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Ce billet fait suite aux lettres publiques des deux présidents démissionnaires d'Option nationale Laurier-Dorion, Yannick Cormier et Élisabeth Émond (rôle que j'occupe officiellement depuis le 9 juin).

Il y a deux grands types de militants (chez ON, dans les autres partis et dans la vie en général) et les deux sont essentiels à une organisation politique saine et vivante. Il y a ceux qui réagissent et ceux qui préfèrent se retirer des feux pour réfléchir. Ces derniers, évidemment, on ne les entend pas dans l'espace public.

J'ai fait mes classes politiques entre les deux chaises, refusant toute étiquette qui me tiendrait captive d'un rôle immuable. Mais force est de constater qu'à l'ère de Facebook, de la rapidité, de la riposte et du culte du moi, garder le silence équivaut à cautionner ceux qui gardent le doigt sur la gâchette, n'attendant que le moment opportun pour appuyer.

Ne sautez pas le préambule: il est essentiel.

J'ai rencontré Jean-Martin Aussant à la Maison du développement durable, le 8 novembre 2011, au cours d'une conférence de presse qui devait nous dévoiler la plateforme du parti naissant. J'ai croisé le regard du chef à l'entrée et nous avons échangé un bonjour timide, mais chargé d'espoir. Ce fut la seule et unique fois que j'ai eu un contact direct avec le chef, ce qui a posteriori, m'apparaît comme étant providentiel.

Certes, certains points de la plateforme me titillaient, mais j'ai adhéré à l'ensemble, sachant que nous pourrions discuter de ceux-là en temps et lieu. Je suis alors devenue membre. Si j'ai attendu quelques mois, l'été suivant pour être exacte, pour m'impliquer activement dans ma circonscription, c'est parce que je suis d'un naturel sceptique à l'endroit de toute mode qui bien souvent cache un certain sectarisme. On ne peut enseigner Rhinocéros à des étudiants tout en épousant aveuglément une idée, un système d'idées. Et il apparaît normal, dans une société en panne, qui constate la faillite de la pensée et de la lenteur, au profit de la vaine célébrité instantanée, de vouloir s'attacher à une figure de proue qui nous apparaît intègre, brillante, nouvelle. Je le considère davantage comme un désir de culte qu'un culte lui-même. Vouloir croire en quelque chose qui nous dépasse et auquel nous participons, c'est en partie ce que constitue l'expérience humaine.

Ce que je vous dis, c'est que pour moi, Option nationale ne fut pas l'histoire d'une passion dévorante, ni l'écran sur lequel projeter mes désirs. Ce fut, et c'est toujours le cas aujourd'hui, une belle histoire d'amour: d'un pays, des idées, des membres et des militants.

Le billet se poursuit après la galerie

Bref, plutôt que d'être propulsée, comme plusieurs chez Option nationale, dans un rôle exigeant de soi que l'on s'exhibe, que l'on se dévoue - et dévoile - corps et âme sans compter les heures, j'ai avancé à petits pas, soutenue par l'intelligence et la volonté de mes pairs. Je n'ai jamais perdu de vue ni l'objectif - faire du Québec un pays - ni sacrifié ma vie intime, mon rôle de mère et celui de prof. La politique fait désormais partie de ma vie, mais je ne la laisse pas me dominer.

Aujourd'hui, non seulement je me porte bien, mais l'exécutif de circonscription que je préside est vigoureux et solide. Chacun des membres est autonome et libre; personne ne voue de culte à personne. À table, nous parlons d'indépendance, d'enfants, d'éducation, de théâtre, de république... Nous apprenons coûte que coûte à rédiger des règlements internes, à compléter des fiches de contribution. Nous avons en moyenne trente ou trente-cinq ans et je pense que nous sommes une majorité à croire que nous vivrons l'indépendance de notre vivant. Ça nous laisse du temps. Il n'y aucune raison d'être pressés.

Oui, des gens partent. C'est triste, mais dans l'univers politique, que j'apprends à connaître, c'est malheureusement normal. Je ne leur en veux pas particulièrement de partir ou d'étaler leur désillusion sur la place publique, mais je ne peux que m'étonner que les deux présidents m'ayant précédée aient attendu le départ de Jean-Martin Aussant pour réagir, alors qu'ils avaient eux-mêmes déjà quitté le bateau. Par déception? Peut-être. De mon côté, j'espère contribuer à bâtir un parti, mais surtout un pays dans lequel se reconnaitront les militants, mais aussi et surtout les Québécois, parce que - et il ne faut jamais l'oublier - un parti politique n'est pas - ne devrait jamais être - autotélique. Les partis et les chefs peuvent bien passer, se succéder; or «tant que l'indépendance n'est pas faite, elle reste à faire», disait Miron.

Pour ce qui est des allégations nébuleuses entourant le congrès, la permanence et tutti quanti, je me permets de rester sceptique aussi. Mon expérience personnelle ne me permet pas d'infirmer ou d'affirmer quoi que ce soit. J'ai été écoutée des membres du conseil national lorsque j'ai ressenti le besoin de leur parler. Je ne comprends pas le défaitisme ambiant et le cynisme post Aussant, mais peut-être est-ce que parce que je n'ai jamais profité du sillage de ce leader extraordinaire. La voie vers la souveraineté, vers l'indépendance du Québec, n'a pas été découverte par Aussant, après tout, et il serait sans doute le premier à se désespérer de notre abandon. Notre quête du pays est jalonnée de ces éclaireurs, parfois fugaces, mais toujours essentiels et pertinents. Le chemin, ils peuvent bien l'éclairer; reste que c'est à nous de le faire. Certains allument des feux, ça va plus vite, ça donne l'erre nécessaire qui rallume l'espoir et fait paraître l'objectif plus près qu'il ne l'est. Entre les feux, reste la marche.

Et je sais que ceux qui restent et se retroussent les manches le font pour les bonnes raisons. Je les admire. J'écris ceci pour eux surtout. Nous partageons bien davantage qu'une figure de proue et qu'un slogan épuisé. Et c'est tant mieux.

Je ne vous mentirai pas: j'apprends encore les rouages de la politique. Ce n'est pas mon domaine. Ce qui m'intéresse, c'est l'humain. Et j'en suis fort aise...

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