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Les syndicats ne doivent pas tomber dans le piège du gouvernement

La prochaine étape du programme du gouvernement Couillard consiste à obliger des votes d'allégeance dans la vaste majorité des établissements de la santé et des services sociaux. Il est difficile de ne pas y voir une stratégie du gouvernement pour affaiblir les organisations syndicales.
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La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) sera bientôt en congrès. Le mandat qui se termine en était un particulièrement chargé pour l'ensemble de nos membres. Il nécessitait beaucoup d'énergie, particulièrement sur deux enjeux.

D'abord, avec l'arrivée du gouvernement Couillard au pouvoir, il fallait augmenter substantiellement nos actions pour la défense des réseaux de la santé, des services sociaux et des services de garde éducatifs. Ces actions étaient nécessaires alors que ce gouvernement s'est rapidement lancé dans la plus grande entreprise de démantèlement de nos services publics. Ensuite, il y avait la négociation de nos conventions collectives, autant dans le secteur public que dans les secteurs privés, qui nous a demandé beaucoup d'efforts.

Au front sur les deux fronts

Sur les deux fronts, la fédération n'était pas seule. La CSN mène depuis plusieurs mois de très bonnes campagnes pour la défense de notre système public de la santé et des services sociaux avec la campagne Ma place en santé, j'y tiens et pour notre réseau des services de garde éducatifs avec la campagne Un réseau qui fait grandir.

Pendant que nous serons occupés dans cette campagne de maraudage sans précédent, il aura le loisir de poursuivre ses attaques à notre système public de la santé et des services sociaux.

Au courant des dernières années, il y a eu des élans de solidarité entre la plupart des organisations syndicales, des organismes communautaires et même de certaines organisations patronales dans certains cas pour aller au front à la défense de nos services publics. Nous avons été actifs au côté de plusieurs, dans des coalitions et plusieurs regroupements pour mettre un terme au démantèlement tous azimuts imposé par nos docteurs en chef. Et ce travail n'est pas terminé, loin de là!

Diviser pour mieux régner

La prochaine étape du programme du gouvernement Couillard consiste à obliger des votes d'allégeance entre les différentes organisations syndicales dans la vaste majorité des établissements de la santé et des services sociaux. Il est difficile de ne pas y voir une stratégie du gouvernement pour affaiblir les organisations syndicales qui ont été particulièrement actives pour s'opposer à ses mesures d'austérité. Pendant que nous serons occupés dans cette campagne de maraudage sans précédent, il aura le loisir de poursuivre ses attaques à notre système public de la santé et des services sociaux.

Ces votes doivent avoir lieu entre le 30 janvier et le 24 février 2017. Durant cette période, nous devrons faire des efforts pour ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain! En effet, il sera tentant de part et d'autre de faire le procès des autres organisations syndicales. À mon avis, ce serait se tirer dans le pied que de tenter de détruire sans réserve « nos adversaires ». Après tout, le mouvement syndical, avec l'ensemble des mouvements sociaux, est la principale opposition au gouvernement libéral depuis son élection. Si le gouvernement réussit à mettre à terre les syndicats du secteur public, il se débarrasserait d'une partie importante des critiques qu'il reçoit sur la place publique.

Ne pas tomber dans le piège

Il y a moyen de mettre nos forces respectives de l'avant sans pour autant tomber dans un discours qui discrédite exagérément nos « adversaires ». Sans quoi nous risquons d'entacher le syndicalisme en entier. Et ce qui est certain, c'est que c'est exactement ce que souhaite le gouvernement Couillard.

D'ailleurs, Philippe Couillard a donné un excellent exemple de ce qu'il ne faut pas faire cette semaine en commentant de façon si grossière l'élection de Jean-François Lisée à la chefferie du Parti québécois (PQ). Nous ne faisons certainement pas avancer les choses en diabolisant les autres.

Le risque que nous courrons tous si nous nous engageons sur cette voie dans cette période de maraudage, c'est de voir augmenter le cynisme des travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux envers leur organisation syndicale. Et c'est exactement là que le gouvernement gagnerait son pari. À la suite des votes, nous serions alors paralysés comme mouvement syndical dans le secteur public.

Mettre nos forces de l'avant

Il nous faut donc profiter de cette période qui nous a été imposée pour mettre de l'avant nos forces et résister à la tentation de diaboliser nos confrères et consœurs des autres organisations syndicales. Évidemment, c'est plus facile à dire, qu'à mettre en application. Mais c'est notre capacité future de bien représenter les travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux qui en dépend.

Mais je reste persuadé qu'il est possible de promouvoir nos idées, et dans certaines situations d'être critiques de nos « adversaires », sans tomber dans l'extrême comme le font trop souvent nos élites politiques. Je vous donne un exemple concret. À la FSSS-CSN, nous sommes déçus de ce que nous percevons comme une fermeture de la part de la FIQ de travailler conjointement dans des coalitions et regroupements, que ce soit pour la lutte pour la sauvegarde du réseau de la santé et des services sociaux ou pour les négociations.

L'absence de la FIQ au côté des autres syndicats de la santé et des services sociaux est décevante dans ces temps cruciaux pour l'avenir du réseau. Il y a peut-être des raisons qui expliquent cette situation. Cependant, nous pensons qu'il y a lieu d'avoir dans les prochaines semaines un débat sur le type de syndicalisme qu'on veut pratiquer dans le réseau de la santé et des services sociaux. Face à des attaques aussi désastreuses, n'est-il pas le temps de renforcer notre rapport de force? Alors que le personnel tombe de plus en plus au combat sous le poids de l'offensive néolibérale, ne devrions-nous pas travailler à nous rassembler?

À la FSSS-CSN, nous savons que les professionnels ont besoin d'un espace démocratique pour s'occuper d'enjeux qui les concernent, mais qu'en même temps, elles profitent grandement des échanges avec l'ensemble du personnel du réseau de la santé et des services sociaux. On ne peut faire autrement que de constater que deux visions s'opposent et que cela mérite un bon débat respectueux. Pour faire ce type de débat, nous n'avons pas besoin de tomber dans les attaques personnelles. Nous devons être en mesure de maintenir la barre haute.

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