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Santé: surcharge et précarité... l'heure n'est plus à la dénonciation, mais à l'action

Le taux d'assurance salaire a augmenté de près de 24% dans le réseau, une autre indication de l'ampleur de la crise que nous vivons: la surcharge rend malade.
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Lorsqu'on ajoute à la surcharge et à la précarité des taux de salaire qui ne sont pas compétitifs, ce n'est pas étonnant que l'on n'arrive pas à retenir et attirer du personnel dans le réseau.
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Lorsqu'on ajoute à la surcharge et à la précarité des taux de salaire qui ne sont pas compétitifs, ce n'est pas étonnant que l'on n'arrive pas à retenir et attirer du personnel dans le réseau.

Ce texte a été coécrit par Josée Marcotte.

Les délégué-es des syndicats de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) se sont rassemblés cette semaine pour lancer les discussions sur la négociation du secteur public de 2020.

Ce qui ressort est sans équivoque: la prochaine négociation devra s'attaquer à la surcharge de travail et à la précarité.

Face à la crise dans le réseau, il y a bien du pain sur la planche pour réussir à améliorer notre sort. Les délégués ont pris connaissance du résultat de la consultation du personnel qui a permis, notamment par un sondage électronique, d'obtenir les propositions de plus de 10 000 membres de la FSSS-CSN.

Négocier pour agir contre la surcharge de travail

Avec les compressions budgétaires et la réforme Barrette, la surcharge de travail est devenue une norme pour toutes les catégories de personnel du réseau de la santé et des services sociaux. C'est devenu, non pas une condition exceptionnelle, mais le quotidien de tout monde.

La surcharge, c'est d'être évalué pour sa performance, d'être minuté pour le travail que l'on fait comme si on travaillait dans une chaîne de montage sans prendre en considération qu'on travaille avec des gens, des personnes vulnérables.

C'est aussi d'être forcé de demeurer au travail en heures supplémentaires, parce qu'il n'y a pas assez de personnel pour s'occuper du monde.

Pour le personnel administratif, c'est de subir le projet de loi 100, qui a remplacé une personne sur deux. Celles qui sont demeurées au travail doivent assumer la charge de travail de celles qui sont parties à la retraite.

Pour le personnel en soins infirmiers et cardiorespiratoires, c'est de crouler sous 18% de tâches administratives. C'est devoir accomplir des tâches qui normalement devraient être accomplies par d'autres titres d'emplois et finalement ne pas avoir suffisamment de temps pour prodiguer des soins.

C'est de travailler sans cesse avec des équipes de travail instables, des équipes incomplètes et essoufflées.

C'est d'orienter et former constamment des personnes sans avoir aucune reconnaissance pour le faire. C'est de devoir compléter des statistiques et manquer de temps pour accomplir ses tâches professionnelles.

C'est être assujetti à des règles administratives souvent au détriment de son autonomie professionnelle. C'est le travail qui est devenu de plus en plus complexe sans pour autant avoir du temps de formation offert par les employeurs. C'est de travailler avec des usagers qui ont des problèmes de plus en plus importants.

Finalement, ça se traduit par le fait d'être forcé d'en faire toujours plus avec moins et de terminer sa journée de travail avec le sentiment qu'on n'a pas fait tout ce que l'on aurait voulu faire.

Depuis, les trois dernières années, le taux d'assurance salaire a augmenté de près de 24% dans le réseau. C'est une autre indication claire de l'ampleur de la crise que nous vivons. La surcharge nous rend malades.

Négocier pour agir contre la précarité

La précarité, c'est faire face à des employeurs qui gèrent les ressources humaines à la petite semaine. Ils se préoccupent davantage de leur colonne de chiffres que du personnel et des services.

On dirait qu'ils ne réalisent pas que la majorité du personnel est des femmes. C'est pourtant 80% de femmes qui travaillent en santé et services sociaux. Pourtant, les employeurs sont bien loin des préoccupations en lien avec la conciliation travail-famille-études.

Pour le personnel, la précarité, c'est le stress de ne pas savoir où, quand et avec qui tu vas travailler. C'est de ne pas savoir si tu vas être capable de payer ton épicerie et ton loyer. C'est d'être constamment au bout de ton téléphone et devoir t'organiser à la dernière minute avec les enfants et ta famille. C'est d'être continuellement en adaptation avec un nouvel environnement de travail, une équipe de travail, c'est de travailler dans un climat d'instabilité pour les usagers.

Lorsqu'on ajoute à la surcharge et à la précarité des taux de salaire qui ne sont pas compétitifs, ce n'est pas étonnant que l'on n'arrive pas à retenir et attirer du personnel dans le réseau.

Pendant ce temps, les inégalités ne cessent de croître et les plus riches de notre société contribuent de moins en moins au financement de nos services publics. Nous ne sommes plus à l'heure de dénoncer, nous sommes à l'heure d'agir face à cette crise.

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