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Monsieur Barrette, vos lunettes roses, il faut les retirer et ça presse

Barrette et M. Couillard, le personnel du réseau de santé vous envoie un signal de détresse.
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Quiconque dirait que la solution au problème de pénurie de personnel dans le domaine de la santé et des services sociaux est simple vivrait dans un déni quasi maladif, nous en convenons. En écoutant les préoccupations du personnel, il serait par contre possible de commencer à résoudre cet enjeu majeur.

Mais c'est malheureusement tout le contraire que fait le ministre Barrette lorsqu'il pointe du doigt les syndicats qui dénoncent les dérives de sa réforme et les compressions maladives de son gouvernement. S'il ouvrait le moindrement les oreilles aux doléances des travailleuses et travailleurs plutôt que de balayer du revers de la main chaque remise en question, peut-être aurait-il une idée de ce qui les rendrait heureux au travail. Cela est un premier pas essentiel à la résolution de ce problème de pénurie.

Un employeur qui tente d'attirer de la main-d'œuvre a-t-il avantage à offrir plus de stabilité à ses employé-es ? Ou devrait-il tout mettre en œuvre afin d'avoir le pouvoir de déplacer plus aisément le personnel, de chambouler plus facilement leurs horaires déjà établis? C'est exactement ce que les gestionnaires du réseau s'entêtent à demander lors des négociations locales en cours dans les CISSS et CIUSSS du Québec.

Ces employeurs devraient-ils offrir des incitatifs monétaires, comme ils le font à coup de prime par-ci et de prime par-là pour les médecins ? Ou devrait-il forcer ses employé-es à offrir des disponibilités obligatoires de garde comme mes consœurs et confrères en hémato-oncologie, en néonatalogie, en pédiatrie, en chirurgie du CHU Sainte-Justine ? C'est en effet plusieurs centaines de quarts de garde qui sont exigés du personnel en soins infirmiers, et ce, depuis plus d'un an malgré qu'il s'agisse « d'une mesure temporaire ».

Ces femmes et ces hommes qui œuvrent dans le réseau, chaque jour, réalisent l'extraordinaire. Rendre la santé aux malades ou encore plus importante parfois, la maladie plus humaine. Les attire-t-on par le mensonge en leur faisant croire que tout est rose ? Ou travaillons-nous de concert à leur offrir les outils et le temps de bien faire ce qui les motive ?

Quand le rapport sur les incidents et accidents du réseau de la santé dénombre une augmentation de 15,95 % des accidents mortels dans nos établissements, c'est qu'il est temps d'ouvrir les yeux.

M. Barrette, retirez vos lunettes roses et ça presse ! Quand le rapport sur les incidents et accidents du réseau de la santé dénombre une augmentation de 15,95 % des accidents mortels dans nos établissements, c'est qu'il est temps d'ouvrir les yeux. Quand on voit le nombre de chutes augmenter dans le réseau, c'est un indice clair que le personnel manque de plus en plus de temps pour être au chevet des patientes et patients.

Barrette et M. Couillard, le personnel du réseau de santé vous envoie un signal de détresse. Arrêtez de brandir l'épouvantail de la manœuvre syndicale pour les discréditer. Cessez de dénigrer et écoutez pour une fois.

Réinvestissez dans le réseau public et son personnel, c'est bon pour la santé !

Ce texte est coécrit par Félix-Olivier Bonneville, Infirmier en hémato-oncologie au CHU Sainte-Justine et vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) et Jeff Begley, président de la FSSS-CSN.

Avril 2018

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