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C'est un symptôme de ce qui ne va pas dans notre réseau : pendant que certains ont le beurre et l'argent du beurre, le reste du personnel s'épuise dans la plus grande indifférence.
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Closeup shot of a medical practitioner holding a patient's hand in comfort
Getty Images
Closeup shot of a medical practitioner holding a patient's hand in comfort

Dans les derniers jours, l'histoire de la prime de 41 millions de dollars donnés à des chirurgiens pour qu'ils arrivent à l'heure a fait beaucoup jaser dans le réseau. La nouvelle a été accueillie à raison avec beaucoup d'indignation par le personnel du réseau.

C'est un symptôme de ce qui ne va pas dans notre réseau : pendant que certains ont le beurre et l'argent du beurre, le reste du personnel s'épuise dans la plus grande indifférence. Ce sont les usagères et usagers qui finissent malheureusement par payer le prix de cette gestion insensée.

Une prime pour arriver à l'heure

Les commentaires étaient nombreux quand la nouvelle est sortie. Sur la page Facebook de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), plusieurs travailleuses et travailleurs s'indignaient qu'on paie pour quelque chose qui va pourtant de soi : arriver à l'heure !

Les travailleuses et travailleurs du réseau arrivent à l'heure chaque jour sans tambour ni trompette. Et s'ils ont le malheur d'arriver quelques minutes en retard le matin, ce sont les mesures disciplinaires qui les attendent. Dans le fond, c'est le bâton pour le personnel et la carotte pour les médecins.

Comment se fait-il qu'on en soit arrivé là ? Cette prime est un peu la goutte qui fait déborder le vase. Il faut dire que cette prime s'ajoute à d'autres pour les médecins. Pensons à la prime de garde qui est entre 120 et 240$ par jour, ou encore à la prime pour la fin de semaine et les jours fériés qui est entre 240 et 660$ par jour.

Ces sommes, il y a plusieurs manières de mieux les utiliser. Il existe de réels problèmes dans le réseau et inciter les gens à arriver à l'heure n'en fait certainement pas partie. Comment se fait-il que le gouvernement soit plus pressé de donner des bonbons aux médecins que d'aider le personnel essoufflé qui aide la population au quotidien ?

Les travailleuses et travailleurs du réseau arrivent à l'heure chaque jour sans tambour ni trompette. Et s'ils ont le malheur d'arriver quelques minutes en retard le matin, ce sont les mesures disciplinaires qui les attendent. Dans le fond, c'est le bâton pour le personnel et la carotte pour les médecins.

Ces investissements, ils auraient été bien mieux utilisés pour valoriser le travail des équipes de soins, de l'infirmière aux préposé-es, et la contribution essentielle de tous ceux et celles qui gravitent autour des salles de chirurgie, comme les préposé-es au retraitement des dispositifs médicaux.

Le tout aux médecins

La rémunération exagérée des médecins a fait couler beaucoup d'encre. Il n'y a à peu près plus que le gouvernement Couillard pour considérer que la situation actuelle est normale.

Le pire dans tout ça, c'est que ces hausses de rémunération importantes des médecins n'ont pas entraîné une amélioration des soins à la population. Est-ce qu'il faut s'en surprendre ? Pas vraiment. Après tout, les médecins ne sont pas seuls dans le réseau. Ils ont beau travailler très fort, ils doivent s'appuyer sur le travail incontournable de l'ensemble du personnel pour réussir à bien soigner la population.

Et c'est exactement ce que les libéraux ont oublié de faire depuis trop longtemps. Trop occupés à concentrer une part toujours plus grande des investissements en santé dans les poches des médecins, ils en ont fini par oublier tout le reste.

Et ce tout aux médecins, il ne se résume pas uniquement à la question de la rémunération des médecins, mais aussi à l'emprise de plus en plus grande qu'ils prennent dans l'organisation du travail. Cela n'est ni bon pour eux ni pour le personnel et la population. Ce n'est pas normal que tout doive toujours passer entre les mains d'un médecin dans le réseau.

C'est le temps d'appuyer le personnel

Si nous voulons améliorer les services à la population, il faudra faire tout autrement. C'est en misant sur des équipes interdisciplinaires que nous nous donnons le plus de chance de répondre aux demandes de la population.

Les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et l'ensemble du personnel du réseau ont des compétences qui sont chaque jour sous-utilisées par le réseau. Encore faudrait-il leur faire confiance et leur donner la chance de changer leur organisation du travail pour apporter des modifications concrètes pour les usagères et usagers. La reconnaissance à sens unique doit arrêter.

Ce texte est cosigné par Nadine Lambert.

Avril 2018

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