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«The Evil Within»: le retour gagnant du créateur de «Resident Evil», 20 ans après

«The Evil Within» marque le retour aux affaires de Shinji Mikami, l'un des grands noms de l'histoire du jeu vidéo.
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The Evil Within marque le retour aux affaires de Shinji Mikami, l'un des grands noms de l'histoire du jeu vidéo, dont le chef d'œuvre: Resident Evil, fut en 1996 l'un des titres les plus populaires de la première PlayStation. Si ce jeu n'est pas comme on peut le lire souvent le premier survival horror de l'histoire (ce titre revenant à Alone In the Dark, développé par le français Frédérick Raynal et paru quatre ans plus tôt), il en est le plus emblématique.

Le survival horror est un genre historique du jeu vidéo pouvant se définir simplement: un bon survival horror ressemble à votre pire cauchemar. Mélange de jeu d'action et d'exploration mettant généralement en scène un homme ou une femme seule et vulnérable amenée à survivre dans un monde hostile et plein de monstres, c'est un genre aux ambiances lourdes et angoissantes, qui joue sur les archétypes. À l'opposé des jeux de tirs à la première personne (FPS), le premier d'entre eux est de ne laisser au joueur qu'un nombre très faible de munitions, l'obligeant à réfléchir à deux fois avant de tirer et à souvent privilégier la fuite.

Deuxième archétype: la solitude du personnage principal, et donc du joueur mis dans une condition de stress extrême. Troisième archétype: des énigmes posées au joueur pour avancer dans l'histoire, qui en ralentissent délibérément le rythme. Enfin, un survival horror réussi se définit surtout par une atmosphère poisseuse, glauque et malsaine, une horreur souvent aussi réelle que psychologique (le héros sombre généralement dans la folie) et l'intervention de monstres assez dégoûtants.

A ces éléments, Shinji Mikami aura injecté dès le premier Resident Evil une mise en scène et des angles de caméra très cinématographiques (une approche identique à celle adoptée par son compatriote Hideo Kojima au même moment sur la série Metal Gear Solid). Après l'immense succès de ce jeu décliné sur plusieurs suites, Shinji Mikami aura accompagné le genre jusqu'à son âge d'or (le sublime Resident Evil 4 sur Game Cube en 2005) avant de disparaître des radars, hormis pour un jeu de tir: Vanquish sorti en 2010, qui n'aura pas beaucoup marqué le public.

C'est peu dire que le retour du maître était attendu par les admirateurs d'un genre passé en désuétude. C'est le pari fait par le studio Zenimax/Bethesda qui a débauché l'artiste japonais (et racheté son tout jeune studio Tango Gameworks) pour lui commander cette nouvelle œuvre annoncée comme la possible synthèse de vingt ans de survival horror: la série des Resident Evil, mais aussi la concurrente et brillante alternative Silent Hill. Une série plus psychologique, beaucoup plus ancrée dans la réalité quotidienne en jouant sur les décalages amenés par l'incursion d'éléments horrifiques dans la vie de personnages ordinaires.

Après des années de disette et de Resident Evil indigents - Mikami n'était pas aux commandes des épisodes 5 et 6 -, les admirateurs du genre ont eu peu à se mettre sous la dent ces dernières années. Hormis la série Dead Space, qui exporta en 2008 le survival horror dans l'espace avec beaucoup de talent, seul l'excellent The Last of Us, de Naughty Dog en 2013, avait su s'approprier les codes posés par Shinji Mikami, mais pour proposer un jeu d'action au ton très différent, moins intéressé par l'angoisse que par la construction de la relation entre deux survivants d'un monde ayant basculé dans l'apocalypse.

Que tout le monde se rassure: The Evil Within marque bien le grand retour de Shinji Mikami. Le jeu redonne au genre tout son lustre et sa gloire, respecte à la lettre les archétypes précités, et marque d'une certaine façon la résurrection du survival horror, posant d'emblée une atmosphère et un ton rappelant le meilleur des Resident Evil.

Les jeux d'ombres et de lumières, les décors (village abandonné, vieux manoir, hôpital, et surtout les longs couloirs et les pièces vides où l'on entend au loin des gémissements entre autres bruits peu engageants), ou encore le scénario reposant sur les expérimentations scientifiques d'un savant fou: tout dans The Evil Within nous ramène en territoire connu. Le personnage central est un détective: Sebastian Castellanos, qui après être arrivé avec son équipe sur les lieux d'un carnage se retrouve seul survivant après avoir été attaqué par une force inconnue et mystérieuse. Quand Castellanos se réveille sur les lieux du carnage, tous les repères se fracassent sur l'autel de la raison du personnage, et le scénario brouille les pistes, sur la double hypothèse d'un monde qui aurait basculé dans le chaos, ou bien tout simplement d'un cauchemar du détective. Le jeu amènera à découvrir les origines du mal, bien entendu au terme d'un éprouvant voyage aux confins de la folie.

The Evil Within n'est pas complètement exempt de défauts: d'abord, un démarrage assez poussif. Plus loin, certains passages un peu faciles qui jouent sur le registre du gore plutôt que de l'angoisse, et quelques incohérences dans le scénario. Surtout, l'éditeur a commis la faute impardonnable de ne pas proposer la version originale sur l'édition francophone. Le joueur est contraint de jouer avec le doublage français: une véritable punition.

Il ne faut pas pour autant bouder son plaisir, tant le jeu répond aux attentes que l'on avait placées en lui. Quelques minutes après avoir lancé une session, on se retrouve à frissonner, avant de sauter au plafond, puis de rallumer la lumière. Que demander de plus? À un scénario et des chapitres relativement variés s'ajoute une difficulté assez corsée, qui oblige à recommencer souvent des bouts de l'aventure (les amateurs de jeu vidéo appellent ça le die and retry). Par ailleurs, la durée de vie est raisonnablement longue (vingt heures si l'on prend le temps d'explorer).

Habile cocktail d'horreur et d'aventure, offrant ses moments de pure terreur, The Evil Within est bien le retour gagnant du survival horror. Une bonne nouvelle qui n'arrive pas seule puisque la grande série concurrente de Resident Evil: Silent Hill va aussi être relancée, sous la houlette de deux grands artistes: le cinéaste Guillermo Del Toro et le créateur de jeu vidéo Hideo Kojima. Une démo jouable a été présentée le mois dernier à la Gamescom de Cologne avant d'être mise à disposition de tous gratuitement sur le PlayStation Store. La qualité de ce teaser a fait monter l'excitation et les attentes, avec une seule certitude: non, le survival horror n'est pas mort!

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