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Ce qu'annonce réellement l'Apple Watch

Nous sommes à un pas de l'humanité augmentée tant vantée par les auteurs de science-fiction et par les penseurs du trans-humanisme.
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Alors qu'Apple vient d'annoncer le lancement de sa très attendue Apple Watch, il ne s'agira pas dans ce texte de s'interroger, sur son caractère innovant. En effet, cette question ne fait pas beaucoup de sens. Le propre d'Apple a toujours été moins l'innovation inchoative que la mise sur le marché de manière opportune d'objets qui réussissent à imposer de nouveaux usages.

Il en fut ainsi de la tablette, par exemple. Bill Gates tentait désespérément de promouvoir la sienne depuis quelques années, quand Steve Jobs est arrivé avec l'iPad, un succès commercial immédiat. La vraie question que pose l'Apple Watch, c'est celle de l'appréhension de l'Internet des Objets par les consommateurs. Car c'est bien dans cette nouvelle ère qu'Apple nous projette.

De la même manière qu'il avait su nous projeter dans l'ère des plateformes digitales de service avec son cocktail «terminal + iTunes + applications». Un simple terminal mobile offrait soudainement une ouverture vers un nombre illimité d'usages, ce qui faisait dire récemment - et très justement - à The Economist, qu'Apple a évolué de « fabricateur de hardware » à « une plateforme d'écosystème ».

Avec l'Apple Watch, ce phénomène va se décupler. Alors que le géant de Cupertino avait construit sa transformation en ouvrant son écosystème à des développeurs tiers, le pas franchi avec l'Apple Watch et certaines implémentations de son nouvel iPhone, sera de rendre possible de nouveaux usages dans des secteurs tels que la banque, la santé, les services, le sport...

Cela fait maintenant plusieurs années que l'on nous parle d'objets connectés. Mais l'esquisse du web 3.0 prend de plus en plus forme. Google vient d'annoncer l'installation d'Androïd sur les tableaux de bord de voiture. Plus de 28 constructeurs automobiles vont intégrer à leur véhicule Androïd Auto. L'objectif est de permettre à la «voiture elle-même de devenir un appareil connecté» et à terme proposer des «robots taxis» qui se conduiront tout seuls.

A l'ère du web 1.0, nous avions projeté nos vies sur la toile. Avec le 2.0, nous avons rendu ce monde virtuel interactif. L'Internet des Objets nous fait entrer dans une nouvelle dimension, dans laquelle les objets connectés vont influencer directement notre quotidien. Revenons à notre Apple Watch. La firme de Cupertino vient de passer un partenariat avec Humana Inc., l'un des plus gros assureurs américains. Avec d'un côté l'Apple Watch dotée d'un sensor qui permet de collecter certaines données et de l'autre un partenaire assureur, on peut imaginer une offre qui ira de l'incentive pour les assurés qui prendront soin de leur santé à la prévention grâce au cumul de données personnelles qui permettront d'anticiper de graves problèmes de santé.

Nous sommes donc à un pas de l'humanité augmentée tant vantée par les auteurs de science-fiction et par les penseurs du trans-humanisme. Une étude récente menée par IBM montrait que l'adoption de l'Internet des objets par les consommateurs n'allait pas forcément de soi, et ce, pour des raisons consuméristes de base (prix, fiabilité...). Pourtant, Dave Friedman d'Ayla Networks émet l'hypothèse que l'Internet des Objets décollera très prochainement en Chine. L'échéance est inéluctable, il faut nous préparer, anticiper et intégrer immédiatement ces nouveaux paramètres. Le plus difficile sera de ne pas se laisser dépasser, comme certains internautes ayant connus les écueils liés à la e-reputation avec l'arrivée du web social, par exemple. Les grandes firmes feraient bien d'éduquer par avance les consommateurs, afin d'éviter toutes déconvenues. Il nous faudra acquérir une certaine forme de sagesse à l'égard des objets connectés.

De la même manière que nous avons appris à soigner notre réputation en ne mélangeant pas notre profilé professionnel et notre profilé privé, nous devrons apprendre à retrouver notre liberté derrière tous les signaux que nous enverrons les objets connectés. Imaginons, par exemple, un enfant équipé dès l'âge de 5 ans d'une Apple Watch qui grandirait et serait soumis en permanence aux feedbacks de son objet connecté. Il saurait à chaque instant ce qu'il doit manger, recevrait des inputs qui lui permettraient de se comporter de telle ou telle manière. Un hacking de son cerveau par le biais de capteurs qui analyseraient le degré d'ocytocine (hormone qui définit le degré d'empathie du cerveau) serait même tout à fait imaginable et il faudra mettre en place une «neurosécurité» (voir à ce propos les thèses de Laurent Alexandre)

Pour anticiper ce genre de situation, nous ferions bien de réfléchir aux grands principes de la sagesse qui nous permettront conserver la maîtrise des objets connectés. De cette sagesse dépendra notre liberté.

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