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Que se passe-t-il exactement quand nous nous noyons?

Notre corps réagit tout d'abord à l'immersion. La neutralité thermique nécessaire à notre métabolisme est de 24 °C dans l'air, 33 °C dans l'eau.
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Notre corps réagit tout d'abord à l'immersion. La neutralité thermique nécessaire à notre métabolisme est de 24 °C dans l'air, 33 °C dans l'eau. Température que n'aura jamais notre bain de mer. A l'extrême lorsque l'eau avoisine les 15 ° C, l'organisme va réagir par des mécanismes physiologiques totalement incontrôlables et désagréables.

Les petits vaisseaux sanguins périphériques vont se contracter, le sang affluer d'un coup au niveau cardiaque et le rythme de celui ci va augmenter considérablement jusqu'à 160 pulsations par minute. Ceci d'autant plus que l'eau est froide.

La ventilation va s'accélérer.

Les muscles subissent des spasmes rendant la nage quasi impossible.

Ce phénomène que les anglo saxons dénomment de façon assez explicite le "cold shock" dure environ une minute. Sans moyen de flottabilité il peut être responsable d'une noyade d'emblée. Si le nageur est par ailleurs déjà cardiaque, il est à parier que cette épreuve physiologique peut lui être fatale avant qu'il ne se noie...

Une fois cette phase passée, ou si elle est moindre car l'eau est au delà de 15 °C, les muscles puis le reste du corps se refroidissent inéluctablement lors de la nage.

Selon l'état de la mer, nous devrons fournir des efforts musculaires importants pour maintenir notre tête hors de l'eau et respirer. Nos organes centraux luttent également contre leur refroidissement. Nos besoins en oxygène vont augmenter, alors qu'il nous est techniquement plus difficile de le capter avec les vagues.

Nous pourrons être simplement stressés par ce ressenti, boire la tasse une fois ou deux en regagnant le bord avec ou sans aide. C'est l'aqua stress.

Après avoir été mis au sec dans l'abri des sauveteurs, réchauffés et rassurés, nous serons sains et saufs.

Si nous restons plus longtemps dans l'eau, petit à petit la fatigue guette nos muscles, notre corps commence à se refroidir. Nous buvons la tasse plus souvent. Nos réflexes de déglutition sont encore présents, et cette eau va pour l'instant dans notre estomac provoquant des nausées. Puis surviennent deux ou trois fausses route. Les choses se corsent car il est difficile de nager avec ces reflexes de toux déclenchés par nos voies aériennes supérieures. Les secours ont remarqué notre détresse et interviennent.

Nous en sommes quitte pour quelques vomissements, une hypothermie dont témoignent les nombreux frissons qui nous agitent. Après un séjour aux urgences sous oxygène, une radiographie des poumons pour vérifier l'absence d'eau dans les poumons et une surveillance clinique de 24 heures nous serons sains et saufs.

Si personne ne nous a malheureusement vu depuis la côte.

Nous respirons plus vite stressés et bien conscients du danger qui nous guette. La dette en oxygène croît. Le refroidissement de notre corps s'y ajoutant, notre conscience s'altère. Notre tête est immergée de temps en temps. Notre nage est de moins en moins coordonnée elle est inefficace et nous n'arrivons plus à la maintenir hors de l'eau. Nous perdons connaissance. Notre visage reste plongé dans l'eau. Un spasme se produit sur nos cordes vocales lors de cette immersion. Ce dernier réflexe salvateur ne durera que quelques secondes. L'appareil respiratoire s'inonde et plus aucun échange gazeux n'est possible. L'arrêt cardiaque survient peu après.

Un nageur a aperçu notre corps qui flottait. Vite, nous sommes ramenés sur la plage. Le diagnostic est porté par les secouristes présents. La chaîne de survie se met en route. Massage cardiaque externe, ventilation bouche à bouche. Puis l'oxygène et l'analyse du défibrillateur semi automatique. Notre cœur était sain, nous étions en bonne santé. La réanimation est efficace, le rythme cardiaque repart. Le SMUR arrive. Assistance ventilatoire, évacuation gastrique de l'eau qui était présent avec une sonde, sédation, on nous emmène en réanimation. De notre temps d'immersion dans l'eau sans oxygène dépendront les séquelles cérébrales que nous aurons, si nos poumons inondés passent le cap.

Nous sommes finalement sains et saufs. Ce n'était qu'une lecture de blog ou les brides d'un mauvais rêve après ces nouvelles entendues à la radio hier toute la journée.

Le bon sens nous inonde et nous devenons un fervent défenseur de quelques principes assez simples :

J'expliquerai ces quelques notions de physiologie humaine à mes proches et mes enfants. L'explication prévalant toujours sur la répression...

Je respecterai les consignes de sécurité d'interdiction de baignade d'autant plus si l'eau est fraiche et que je n'ai pas une bonne condition physique... Encore plus si la nuit a été quelque peu festive durant ces vacances ensoleillées.

Peu sûr de moi, je nagerai dans une zone surveillée, je préviendrai mes proches de ma baignade.

Je limiterai les risques en m'habituant à la température de l'eau. J'y rentrerai progressivement jusqu'à l'aine. Je mouillerai ma nuque. Si la sensation est désagréable j'écouterai ses signaux d'alerte et je ne me forcerai pas.

Je ne surestimerai pas mes capacités physiques, surtout si je ne fais jamais de sport durant l'année. Je m'immergerai là où j'ai pied, et où les vagues ne sont pas trop fortes.

Si je recherche l'effort sportif, je nagerai plutôt en longeant la plage là où j'ai encore pied qu'en allant vers le large.

Je désire nager longtemps ? Conscient des pertes thermiques qui seront inéluctables j'investirai dans une combinaison néoprène adaptée à la nage.

Si je suis entrainé par le courant, je ne lutterai pas, je me laisserai porter en essayant de limiter mes pertes thermiques par peu de mouvements. Ayant prévenu de ma baignade les secours viendront à mon secours.

Ainsi les nouvelles de l'été seront un peu moins dramatiques et consacrées plus aux festivités et à la description d'une météo clémente...

La sécurité des enfants autour de l'eau

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