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Pour la souveraineté, additionner ne suffira pas

Notre système électoral est tellement biaisé en faveur du bipartisme qu'il n'a permis que deux fois, dans son histoire, à un parti d'en remplacer un autre.
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C'est plate à dire, mais le succès de Québec Solidaire verrouille un peu plus encore la fenêtre que l'on espérait voir s'entrouvrir aux élections de 2018 pour laisser entrer dans la maison Québec le vent frais du progressisme. Mais comme le révèle le sondage Léger de mars dernier, la croissance de 9 à 14% de Québec Solidaire s'est faite exclusivement au détriment du Parti québécois, qui a chuté de 29 à 25% dans les intentions de vote des Québécois.

Ça n'enlève rien à QS, ni à la valeur de ses militants, de ses dirigeants ou de son programme, que de dire cette vérité toute simple: en affaiblissant le Parti Québécois, QS favorise le maintien des libéraux au pouvoir et l'accession de la Coalition Avenir Québec au rôle d'opposition officielle à l'Assemblée nationale en 2018.

Que veut QS, au juste? Si son objectif est de rester sur les banquettes de l'opposition et de s'en tenir à un rôle d'influenceur, il est bon de rappeler les limites de cette posture. Ni le PQ ni QS n'ont réussi à faire reculer le gouvernement Couillard qui a pu, en raison de sa majorité parlementaire, imposer son programme d'austérité.

Prendre le pouvoir, alors? Oui, mais quand? En 2018, en 2022, en 2026? Combien d'années encore le Québec pourra-t-il résister aux assauts de la droite libérale couplée au fédéralisme canadien?

Transformer une popularité de 14% en une majorité parlementaire, même avec, aux commandes, des pilotes du calibre de Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, relèverait de l'exploit.

En jetant un œil aux données disponibles sur le site Web de l'Assemblée nationale du Québec, on constate que quatre partis ont formé le gouvernement de 1867 à aujourd'hui. Quatre partis seulement sur les 106 affiliations politiques recensées dans l'histoire de la province. Quatre.

Les conservateurs et les libéraux ont joué des deux côtés de l'Assemblée de 1867 à 1936, période au cours de laquelle aucun tiers parti n'a obtenu plus de sept sièges, à l'exception de l'Action libérale nationale qui en a obtenu seize en 1935, un an avant de s'allier au Parti conservateur pour former l'Union Nationale et déloger les libéraux.

L'un et l'autre se sont par la suite remplacés au pouvoir jusqu'en 1976, année de la première victoire du Parti Québécois, formé de la fusion du Mouvement Souveraineté-Association et du Ralliement National, et enrichi par l'arrivée des membres du Rassemblement pour l'Indépendance nationale, sabordé sous la gouverne de Pierre Bourgault.

Notre système électoral est tellement biaisé en faveur du bipartisme qu'il n'a permis que deux fois, dans son histoire, à un parti d'en remplacer un autre.

Notre système électoral est tellement biaisé en faveur du bipartisme qu'il n'a permis que deux fois, dans son histoire, à un parti d'en remplacer un autre. Il est donc excessivement difficile d'imaginer Québec Solidaire former un gouvernement à brève ou moyenne échéance. Il faudrait pour ça croire que QS et son jeune chef charismatique réussiront à convaincre une masse critique de militants et d'électeurs d'abandonner le PQ pour joindre ses rangs.

Plus au centre de l'échiquier politique, on peut toutefois imaginer le PQ faire des gains à droite à la CAQ avec ses positions pour les entrepreneurs et de son nationalisme économique. Depuis l'arrivée de GND chez QS, il est plus difficile, par contre, de l'imaginer faire des gains à gauche, en dépit du travail acharné réalisé par Jean-François Lisée en faveur des plus démunis et de ses positions contre les plus fortunés, membres du club sélect des 1%.

Quelle solution reste-t-il alors? On se plaît à rêver d'une grande coalition progressiste réunissant les forces vives du PQ, de QS et d'ON. Une équipe du tonnerre constituée des Lisée, GND, Aussant, Massé, Hivon, Khadir... Une équipe prête à faire des compromis et à prendre des décisions difficiles dans l'intérêt supérieur du Québec.

Le Québec a besoin d'eux, mais manifestement, ils ne le savent pas encore.

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