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Les recettes pompettes ou sur la meth vont trop loin dans la banalisation

Les excès d'alcool constituent un problème social majeur qui n'a nullement besoin d'être moussé, bien au contraire.
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Le 21 mai dernier, le Huffington Post publiait une nouvelle sur la vidéo-parodie de l'émission de télé Les recettes pompettes. Cette parodie, Les recettes sur la meth, m'a bien amusé et m'a fait découvrir l'émission, que je ne connaissais pas.

Mon amusement s'est toutefois dissipé lorsque j'ai pu regarder l'original. Je ne sais pas combien de temps dure l'enregistrement, mais on peut y caler près de 15 shooters de vodka dans une émission de 30 minutes!

Ma première réflexion a été de me demander en quoi la parodie était si différente de l'original? Cette question vaut la peine d'être posée. Imaginons que, dans quelques années, le cannabis soit légalisé et qu'une émission avec le même concept voyait le jour, mais où l'invité, personnalité publique, fumait plusieurs joints. Faudra faire preuve de cohérence.

Ce type d'émission, qui a pour effet de glorifier et banaliser le «calage» d'alcool, la surconsommation et l'intoxication, avec des personnalités publiques modèles et très en vue à l'appui, soutient et exacerbe les normes sociales favorables à l'excès d'alcool. Cela vient en retour augmenter les comportements problématiques et leurs conséquences négatives chez les jeunes et les personnes à risque.

Les excès d'alcool constituent pourtant un problème social majeur qui n'a nullement besoin d'être moussé, bien au contraire. Et ce problème n'est pas qu'individuel, mais aussi collectif.

Plusieurs arguments sont évoqués pour défendre l'émission. Un de ceux-ci consiste à dire: «Si tu n'aimes pas, change de chaîne». La faille de cet argument réside dans le fait que la préoccupation ne concerne pas les personnes qui ne regardent pas l'émission ou qui «changent de chaîne», mais celles qui regardent l'émission et s'en trouvent influencées négativement, soit plusieurs jeunes et consommateurs à risque.

Un autre argument évoqué est à l'effet que la vodka soit diluée avec de l'eau. Mais cela ne change rien au fond du problème, car le téléspectateur n'en sait rien. D'ailleurs, cet argument ajoute au fardeau éthique de l'émission. En effet, quel est le but de diluer la vodka au juste? En prendre plus? Pourquoi faire semblant de se défoncer? Parce que c'est cool? Rien de cool là-dedans. C'est ce que nous nous époumonons à dire et à répandre dans les campagnes de promotion de la santé et qu'une telle émission vient mettre à mal.

D'aucuns disent qu'on raccompagne les invités après l'émission et que c'est responsable. J'espère bien qu'on raccompagne des invités à une émission dont le concept est de les rendre ivres! Et c'est vrai qu'il y a un message positif en les raccompagnant, mais ça va de soi et ça ne compense pas pour les dommages potentiels en contrepartie.

D'autres avancent que l'émission décourage, plutôt qu'encourage, les excès. Cependant, l'émission n'a pas le même effet sur tous et, tel que mentionné plus haut, elle peut avoir une influence négative chez les personnes à risque.

Enfin, plusieurs prétendent que c'est une émission pour adultes, mais ce n'est pas le cas. Et même si c'était le cas, les jeunes et les personnes à risque pourraient tout de même y avoir accès.

J'ai la réputation d'être progressiste sur la question des drogues et je me suis déjà exprimé publiquement en faveur de la légalisation. Mais si c'est pour banaliser et promouvoir des comportements à risque, je n'en suis pas. Je ne suis pas d'avis qu'il faille, comme en France, interdire la consommation d'alcool à la télé, mais je pense qu'une telle glorification, banalisation du «calage» et de la surconsommation, devraient l'être. Un peu de cohérence!

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