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Le laissé-pour-compte du transport en commun

Je suis handicapé et, chaque matin j'utilise les autobus de la STM munis d'une rampe d'accès rétractable pour les fauteuils roulants. Tout va comme sur des roulettes avec ces autobus... Pour peu que la rampe soit en avant. Ce qui m'est arrivé la semaine dernière est somme toute inhabituel, mais peut survenir sans crier gare. L'autobus est tombé en panne à une intersection...
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Je suis handicapé depuis plus de trois ans et, chaque matin que le Bon Dieu amène, j'utilise les autobus de la STM munis d'une rampe d'accès rétractable pour les fauteuils roulants. Tout va comme sur des roulettes avec ces autobus... Pour peu que la rampe soit en avant, car pour les véhicules plus anciens (ceux avec des rampes situées à l'arrière), les troubles mécaniques sont monnaie courante. Néanmoins, quel que soit l'autobus, il n'est pas rare que je doive en attendre un, et puis un autre avant de pouvoir finalement monter à bord. En effet, s'il est bondé ou, même, s'il y a trop de personnes debout dans l'allée, je ne pourrai y avoir accès et devrai faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Ce qui m'est arrivé la semaine dernière est somme toute inhabituel, mais peut survenir sans crier gare. L'autobus est tombé en panne à une intersection et le conducteur n'a plus été en mesure de le faire redémarrer. Il a donc prévenu ses passagers qu'ils devaient descendre et qu'un prochain autobus, qui ne manquerait sûrement pas d'arriver, les mènerait jusqu'à bon port. Quelques bons samaritains ont proposé au conducteur de m'aider à m'extirper du véhicule, puisque la rampe d'accès ne fonctionnait forcément plus. Je me retrouvais donc Gros-Jean comme devant, abandonné sur le trottoir et à la pluie battante, à une vingtaine de rues de ma destination.

J'ai attendu avec tout un chacun l'autobus promis qui passait par là, mais celui-ci est arrivé plein à craquer de citoyens, déjà tassés comme des sardines, si bien qu'il était illusoire que quiconque puisse y monter à son tour. L'autobus suivant était également rempli à ras bord. J'aurais bien voulu prendre un taxi, mais je n'avais pas de cellulaire sur moi. J'ai tenté vainement d'en héler un, mais peine perdue: ils étaient rares, occupés, ou passaient leur chemin (j'ai cru constater avec le temps que la vue d'un fauteuil roulant qu'on devra plier et mettre dans le coffre n'est pas toujours un incitatif par temps de pluie). Alors, j'ai roulé l'équivalent de la distance séparant trois stations de métro pour arriver au boulot, forcément en retard, à bout de souffle et trempé.

Comme je suis en relative forme pour une personne handicapée (après tout, je peux compter toujours sur mes deux bras), cela peut aller. Il demeure que je comprends mal comment il se fait que la STM ne prévoit pas de «plan B» pour sa clientèle «en situation de handicap» (appellation contrôlée) quand l'un de ses véhicules tombe en panne, plutôt que de littéralement abandonner à son sort, sur le trottoir, l'usager en fauteuil roulant, en se foutant éperdument de son état et de sa condition de santé, ou encore comment il va poursuivre sa route parfois semée d'embuches. La mobilité d'une personne en fauteuil roulant, surtout quand elle n'a pas accumulé les médailles d'une Chantal Petitclerc, peut être passablement réduite. C'est drôle, mais, ce matin-là, j'avais l'impression de m'être fait rouler par mon service public!

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