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Prix du carburant: pas assez cher ?

Au moment d'écrire ces lignes, le prix moyen de l'essence est d'environ 1,40 $ au Québec. En France, il est de 1,60 euro (environ 2 $ CAD). Aux États-Unis, le prix moyen d'un gallon d'essence est de 3,8 $ USD (l'équivalent de 1 CAD le litre). Dans un tel contexte, les ventes de véhicules énergivores ne sont pas sur le point de fléchir. Car la réalité est simple : plus le prix de l'essence est bas, plus les ventes de ces véhicules augmentent. Et pourquoi pas augmenter le prix du carburant pour stopper l'hémorragie?
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Au moment d'écrire ces lignes, le prix moyen de l'essence est d'environ 1,40 $ au Québec. En France, il est de 1,60 euro (environ 2 $ CAD). Aux États-Unis, le prix moyen d'un gallon d'essence est de 3,8 $ USD (l'équivalent de 1 CAD le litre). Dans un tel contexte, les ventes de véhicules énergivores ne sont pas sur le point de fléchir. Car la réalité est simple : plus le prix de l'essence est bas, plus les ventes de ces véhicules augmentent. Et pourquoi pas augmenter le prix du carburant pour stopper l'hémorragie?

La problématique relative à la pollution causée par l'automobile est loin d'être nouvelle. Déjà en 1975, au Québec, le gouvernement a annoncé des mesures pour contrôler les émissions de monoxyde de carbone. Au cours de la même période, le convertisseur catalytique, un dispositif qui permet de les réduire, sinon de les éliminer, a fait son entrée au Canada. Depuis, les technologies pour réduire les émissions polluantes fusent de toutes parts : injection électronique et directe de carburant, boîtes de vitesses à six, sept, huit rapports ou à variation continue, calage variable des soupapes, sans parler des efforts déployés pour réduire le poids des véhicules. Et sans compter l'introduction de véhicules hybrides, électriques, Diesel. Mais parallèlement, les constructeurs en augmentent les dimensions. Et la puissance. Tant et si bien que, au final, le bilan énergétique des automobiles est beaucoup moins reluisant que ce à quoi l'on pourrait s'attendre 30 ans plus tard.

Une récente étude du chercheur Christopher Knittel du Michigan Institute of Techology a démontré que, malgré les avancées technologiques, la consommation moyenne de carburant des automobiles vendues aux États-Unis entre 1980 et 2006 n'avait été réduite que de 15 %, alors que le poids à vide moyen de ces véhicules a augmenté de 26 %. La puissance, elle, a fait un bond de 107 %. Toujours selon Knittel, si les Américains conduisaient aujourd'hui des voitures ayant les mêmes dimensions et la même puissance que celles des véhicules des années 1980, la consommation moyenne de carburant du parc d'automobiles du pays serait passée de 23 mpg (10,2 l/100 km) à 37 mpg (6,4 l/100 km), soit une consommation inférieure à la norme CAFE qui est de 27 mpg (8,7 l/100 km).

Pourquoi cet important écart? Parce que les technologies ne font que compenser pour ces gains en poids et en puissance. À l'heure actuelle, les constructeurs semblent motivés par trois mots d'ordre : plus spacieux, plus puissant et plus économique. Et les consommateurs en redemandent. La compacte de jadis est devenue sous-compacte, alors que l'intermédiaire est devenue compacte. Les utilitaires ont également leur lot d'adeptes. Au Québec comme ailleurs, ils comptent pour une large portion des ventes de véhicules. À lui seul, par exemple, un Jeep Compass, un Honda CRV, un Toyota RAV$, pourtant petits, consomment en moyenne entre 11,0 l et 12 l/100 km.

J'ai revisité certains de mes vieux guides de l'auto. En1981, une Volkwagen Jetta était animée par un moteur à quatre cylindres de 1,7 lde 76 chevaux. Il lui fallait environ 14 secondes pour boucler un 0 à 100 km/h. La voiture pesait 900 kg et consommait en moyenne, selon Transport Canada, 7,3 l/100 km. En 2012, une Jetta d'entrée de gamme reçoit un moteur de 2,0 l de 115 chevaux, pèse environ 1300 kg et consomme en moyenne, toujours selon Transport Canada, 8 l/100 km, une augmentation de 0,7 l/100 km. Il lui faut environ 11 secondes pour effectuer un 0 à 100 km/h. Aujourd'hui, on classerait la Jetta 1981 comme une sous-compacte, puisque ces dimensions sont comparables à celles d'une Hyundai Accent 2012. Autres exemples, en 1986, une Honda Accord utilisait un moteur de 2,0 l de 100 chevaux et consommait en moyenne 9,1 l/100 km. Aujourd'hui, elle utilise un moteur de 2,4 l de 177 chevaux qui consomme en moyenne 7,5 l/100 km. Un gain de...1,6 l. Toujours en 1986, une Toyota Camry utilisait un moteur de 2,0 l de 92 chevaux, qui consommait en moyenne 8,2 l/100 km. Wow ! Plus de 20 ans plus tard, son moteur de 2,5 l développe 178 chevaux et consomme en moyenne 7 l/100 km. Un gain de...1,2 l. Re-wow !

Bien entendu, d'une façon globale, on peut tout de même affirmer que la consommation moyenne de carburant a chuté de façon significative depuis le début des années 1980, et que les émissions qui sortent du pot d'échappement des automobiles actuelles sont plus propres.

En Europe, on voit très peu de ces grosses bagnoles équipées de V6 ou de V8. En France, les Cadillac Escalade ne sont pas légion. Pas plus que les Ford Explorer, Infiniti QX56 ou grandes camionnettes de type Ford F-150 ou Ram. Des véhicules qui consomment minimalement plus de 14, 15 ou 16 l/100 km. C'est plutôt le royaume des lilliputiennes, équipées de petits moteurs frugaux, pour la plupart Diesel. Chez nous, on roule gros. Car on aime ça gros. Pour freiner le gros, deux solutions : augmenter la taxe sur le carburant - ce qui, je vous entends, aurait des conséquences majeures sur l'économie - ; ou encore, exiger que les constructeurs offrent des véhicules qui consomment encore moins. Heureusement toutefois, la mise en place de nouvelles normes, encore plus contraignantes, dessinent un avenir meilleur.

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