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Je veux te dire que je t'aime, si tu es un être humain. Que tu sois blanc, noir, jaune, rouge, indigo, ou à rayures m'importe peu, si tu fais l'effort, une fois de temps en temps, de t'ouvrir aux autres et d'aider ton prochain. Peu m'importe tes croyances, ou le Dieu que tu pries.
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Je ne crois pas en Dieu. Je n'y ai jamais cru, et même si j'envie ceux qui y parviennent, je doute que ce soit mon cas un jour. Je crois toutefois aux bontés dont sont parfois capables les croyants, pour obéir à des commandements qu'ils s'imaginent provenir d'une entité supérieure. Je crois en l'esprit de communauté. Je crois que l'amour, comme la folie, peut être collectif.

Je sais... Ça ne me ressemble pas. Je suis généralement blasé, désabusé de la stupidité qui règne, de nos pathétiques dirigeants, qui, au pire moment possible, ramènent les questions identitaires sur le tapis, après avoir contribué au climat de haine qui nous entoure. Je fais un effort, parce que de cesser d'espérer, c'est de partir en vrille, vers une fin assurée.

J'ai renoncé à croire en Dieu, mais chaque jour, j'essaie de croire en mon prochain. Ça devient vachement dur, depuis un moment. La quantité d'hypocrites qui pleurent, cette semaine, après avoir invité les musulmans à repartir chez eux la semaine dernière, aurait de quoi, à elle seule, nous décourager de la masse. Chaque fois que j'entends un débile pure laine dire à un musulman de retourner chez lui, je me demande d'ailleurs ce qu'il entend par là... Chez lui? En... musulmanie?

J'essaie de ne pas juger les habitants de Québec - qui se sont toujours refermés comme des huîtres devant la différence - de faire semblant de ne pas comprendre le climat qui a mené à cet attentat. De ne pas juger tous les imbéciles qui ont continué de tenir des propos dégueulasses sur les réseaux sociaux, alors que certaines des victimes se battaient pour leur survie, à l'hôpital.

J'essaie de ne pas mépriser les médias qui ont fait de cette tragédie un spectacle, tout particulièrement, en couvrant le tueur de toute l'attention possible et imaginable, alors que c'est déjà lui accorder trop d'importance que de prononcer son nom. Ces pseudo journalistes qui, au détriment de toute décence humaine, ont poursuivi tout ce qu'il pouvait y avoir de musulman ou de basané à Québec, pour leur faire dire n'importe quoi, parce qu'il fallait accumuler topo sur topo pour l'occasion. Quand une journaliste de Radio-Canada en est à courir les musulmans de Québec sur Twitter, qu'ils aient ou non été reliés aux événements, on sait qu'on a touché le fond. Mais j'essaie de ne pas juger leur médiocrité, et je me contente du seul pouvoir que j'ai; celui de ne pas les encourager.

J'essaie de ne pas haïr les supporteurs de Trump, qui s'apprête à mettre le monde à feu et à sang, par sa stupidité. J'essaie d'intégrer qu'un manque d'éducation est responsable de leur médiocrité, et qu'ils ne peuvent guère acquérir une culture dont ils ignorent même qu'elle existe, et à plus forte raison ce qu'elle pourrait leur apporter.

J'essaie, mais je n'y parviens pas chaque jour...

En attendant d'y réussir, je veux te dire que je t'aime, si tu es un être humain. Que tu sois blanc, noir, jaune, rouge, indigo, ou à rayures m'importe peu, si tu fais l'effort, une fois de temps en temps, de t'ouvrir aux autres et d'aider ton prochain. Peu m'importe tes croyances, ou le Dieu que tu pries. La haine, je la connais. Je l'ai vécue, subie. Je l'ai offerte à toutes les sauces. Ça ne mène qu'à l'escalade, sans espoir de s'en sortir.

Un préjugé, c'est une pensée répétée si souvent qu'on a fini par y croire. Le chemin inverse est tout aussi possible.

D'autres textes de Jean-Michel David sur son blogue personnel.

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