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Mines antipersonnel: le combat contre les armes des lâches n'est pas encore gagné

Toutes les deux heures, les mines, les bombes à sous-munitions et autres restes explosifs de guerre font une victime dans le monde. 72 % des victimes de ces armes sont des civils, dont 42 % d'enfants. Malgré deux traités d'interdiction, celui d'Ottawa, adopté en 1997, qui interdit les mines antipersonnel et celui d'Oslo, adopté en 2008, qui interdit les bombes à sous-munitions, certains pays continuent d'avoir recourt à ces armes. Aujourd'hui, c'est au mépris du droit international humanitaire que des mines antipersonnel et des sous-munitions sont utilisées en Syrie dans le cadre du présent conflit.
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Wikimedia Commons: Adrian Monk

Toutes les deux heures, les mines, les bombes à sous-munitions et autres restes explosifs de guerre font une victime dans le monde. 72 % des victimes de ces armes sont des civils, dont 42 % d'enfants.

Malgré deux traités d'interdiction, celui d'Ottawa, adopté en 1997, qui interdit les mines antipersonnel et celui d'Oslo, adopté en 2008, qui interdit les bombes à sous-munitions, certains pays continuent d'avoir recourt à ces armes.

Aujourd'hui, c'est au mépris du droit international humanitaire que des mines antipersonnel et des sous-munitions sont utilisées en Syrie dans le cadre du présent conflit.

Panneau de prévention contre les mines, photographié en Bosnie-Herzégovine - Adrian Monk

Ce comportement irresponsable des belligérants syriens nous rappelle l'urgence de cesser tout recours à des armes qui, du fait de leur présence, maintiennent les pays affectés dans un climat de danger permanent, plusieurs décennies après la fin des conflits armés. En Syrie, lorsque les combats auront cessé, des armes sournoises, tapies dans l'ombre, tueront ou mutileront des hommes, des femmes et des enfants. Sur plusieurs générations, des familles et des écoliers ne pourront plus exploiter les ressources agricoles ni se rendre à l'école avec la sécurité auxquels ils ont droit.

Le 8 décembre 2005, l'Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 4 avril Journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de l'assistance à la lutte anti-mines. Cette journée est l'occasion d'attirer l'attention sur les besoins des victimes des mines et des restes explosifs de guerre. Alors que le conflit armé en Syrie prend la forme d'une guerre totale, le 4 avril est aussi là pour nous rappeler que le combat contre les armes des lâches n'est pas encore gagné. Pour les Nations unies, les États membres et la société civile doivent s'employer à créer les conditions législatives, sociales et économiques permettant aux survivants d'accidents par mines de jouir de leurs droits et de prendre pleinement part au développement de leur pays. Les États membres sont également encouragés à ratifier tous les instruments relatifs au désarmement, au droit humanitaire et aux droits humains qui concernent les mines antipersonnel, les restes explosifs de guerre et les personnes ayant survécu aux effets dévastateurs de ces engins.

Dans cette bataille, il est crucial et urgent que la communauté internationale joue véritablement son rôle. La Charte des Nations unies confère au Conseil de sécurité la responsabilité majeure du maintien de la paix et de la sécurité internationale. Le Conseil de sécurité, comme organe suprême, a un devoir d'exemplarité envers la communauté internationale. Mais comment cet organe peut-il se doter de la légitimité et de la crédibilité indispensables pour exercer pleinement son rôle politique, si certains de ses États membres ne respectent pas eux-mêmes le droit international humanitaire?

Membres permanents du Conseil de Sécurité, les États-Unis et la Russie, par exemple, n'ont pas signé le Traité d'Ottawa. Cette convention interdit des armes qui maintiennent la guerre après la guerre et l'insécurité pour les populations civiles sur le long terme. La qualité de pourvoyeurs de la paix dans le monde que leur confère leur statut de membres du Conseil de sécurité ne saurait autoriser ces états à s'exonérer de leurs responsabilités.

Si du côté américain, nous percevons des signaux positifs sur le plan politique et militaire en matière de mines antipersonnel -les États-Unis n'ont pas utilisé de mines antipersonnel depuis 1991 et ont consacré plus 534,5 millions de dollars américains à l'action contre les mines- il est urgent que ce pays, acteur clé dans les négociations internationales, rejoigne le Traité d'Ottawa, pour accélérer sa mise en œuvre. Une position de l'administration Obama est attendue à ce sujet au cours des prochaines semaines. Nous espérons qu'elle marquera un tournant historique.

Soutien du régime syrien, la Russie a quant à elle permis son armement, notamment en fournissant des mines antipersonnel. Par cette attitude, la Russie s'affranchit des obligations que lui confère son statut d'Etat membre permanent du Conseil de sécurité. En refusant l'interdiction des mines antipersonnel et en fournissant ces armes au gouvernement syrien, la Russie est coresponsable, avec la Syrie, du péril en cours et à venir.

Aujourd'hui, nous ne pouvons que regretter que les États-Unis et la Russie, dont le poids est déterminant sur la question syrienne, n'aient pas joué leur rôle plus tôt. Les mines disséminées en Syrie seront encore là dans les cinquante prochaines années, tout comme les sous-munitions. Ces armes, qui font elles aussi l'objet d'une interdiction internationale, ont été utilisées à plusieurs reprises au cours de l'année 2012 par l'armée syrienne et ont fait de nombreuses victimes, notamment des enfants.

Dans un contexte de surenchère de violence armée, les États membres du Conseil de sécurité ne peuvent rester sourds face à l'appel d'Ottawa et doivent passer au plus vite à l'acte d'adhésion, pour que le recours à ces armes intolérables ne se reproduise plus jamais dans d'autres conflits.

Réunissant 161 États parties, le Traité d'Ottawa n'est pas qu'un bout de papier. Depuis son adoption en 1997, cette convention internationale, premier processus normatif issu de la société civile pour interdire une arme conventionnelle, obtient des résultats tangibles. Entre le début des années 2000 et l'année 2011, le nombre de victimes de mines a été divisé par deux, passant de 8000 à 4000 nouvelles victimes chaque année. Et en engageant ses 161 États parties dans un processus de dépollution des terres affectées par les mines et pour l'assistance aux victimes, le Traité a permis à des pays lourdement minés de retrouver progressivement le chemin du développement économique, social et humain.

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