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2014, la rupture économique et idéologique s'est engagée

L'expérience du passé doit nous dicter l'humilité car l'erreur d'analyse, d'intuition, peut nous guetter. Chaque jour, nous avançons inéluctablement vers l'avenir. Avenir que nous scrutons, que nous analysons, dont nous débattons, qui nous inquiète.
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L'expérience du passé doit nous dicter l'humilité, car l'erreur d'analyse, d'intuition, peut nous guetter. Chaque jour, nous avançons inéluctablement vers l'avenir. Avenir que nous scrutons, que nous analysons, dont nous débattons, qui nous inquiète.

Retournons-nous vers le passé. Un siècle en arrière, nous sommes en 1913. L'avenir est prometteur. Le progrès des technologies nouvelles laisse entrevoir le meilleur pour la qualité de vie des hommes. La croissance démographique est au beau fixe. Une ombre, l'épuisement calculé des matières premières.

Qui aurait prédit, en 1913, les événements dramatiques de l'année suivante?

Si on peut tirer une moralité de l'Histoire: les observateurs se trompaient sur l'essentiel.

Cet essentiel a été une rupture et un mouvement idéologique nouveau. L'Histoire ressemble à une sinusoïde dont l'amplitude serait de plus en plus grande. Question: si nous descendons trop bas, pourrons-nous remonter?

En ce point crucial se trouve l'enjeu des choix que nous devons faire aujourd'hui en 2014.

Revenons au présent et penchons-nous sur une tendance de fond prévisible: la démographie. Elle représente un facteur important.

L'expansion démographique de l'Afrique sera une clef pour l'avenir. En effet, le 21e siècle sera le siècle de l'Afrique (sa population passera de 1 à 2 milliards d'habitants). Le deuxième facteur à considérer est l'augmentation de la durée de vie sur un plan mondial. La troisième donnée est le phénomène de migration. À l'heure actuelle, entre 200 et 300 millions de personnes vivent dans un pays qui n'est pas leur pays d'origine. En 2040, on prévoit que nous serons au minimum 1 milliard. Pour un observateur économique, l'évolution démographique serait une tendance favorable, car ce futur monde en mouvement créera des consommateurs et donc des producteurs nouveaux.

La seconde tendance lourde prévisible à observer concerne la technologie. C'est d'abord la technologie de l'information, l'Internet par exemple n'en est qu'à ses balbutiements, notre rapport aux choses va évoluer. La nouvelle vague technologique des biotechnologies (dans les domaines de la santé, de l'élevage...) arrive et est suivie par les nanotechnologies et les neurosciences qui considèrent d'un point de vue scientifique le vieillissement. L'économie glisse ainsi d'une l'économie de la rareté vers une économie de l'abondance. L'image suivante pourrait illustrer ce phénomène: si je donne un morceau de pain, je ne l'ai plus, mais si je donne mon idée, je l'ai encore. La seule chose devenue rare sera le temps en général, mais surtout le temps d'avance, le temps de l'innovation. Les objets en abondance auront une valeur de plus en plus faible pendant que la vie réelle, rythmée par le temps qui passe deviendra précieuse.

Le grand enjeu de cette année 2014 en particulier et du 21e siècle en général est l'enjeu géostratégique entre l'Europe, les États-Unis et le reste du monde. Notre époque pourrait être comparée à la fin de l'Empire romain dans le sens où ne nous ne trouvons pas dans une tendance où une grande puissance serait remplacée par une autre, mais plutôt dans une tendance de déclin d'une puissance que rien ne peut remplacer. L'Occident perd son pouvoir alors que toute la planète s'occidentalise, perd de son pouvoir et décline peu à peu. Nous y sommes. Nous sommes, ils sont tous devenus occidentaux.

Le choix de la liberté individuelle depuis la création de l'humanité explique la crise économique actuelle. Elle se traduira par une transformation lourde. L'être individuel domine, l'humanité s'extirpe de l'idée de groupe, l'Homme n'est plus immortel de la solidarité n'est plus la règle. Les inégalités se multiplient. Dans un même temps, notre liberté individuelle doit passer par deux mécanismes de gestion: le marché et la démocratie. Le marché a pour fonction d'orchestrer la liberté dans le domaine de biens privés et la démocratie a pour fonction de gérer notre liberté individuelle dans le domaine des biens publics. C'est ainsi que la fin d'une partie de notre histoire économique et démocratique actuelle n'est rien d'autre qu'une généralisation du marché et de la démocratie ou d'une forme de démocratie.

Le marché domine le monde et la démocratie ou une forme de démocratie s'installe partout. L'écueil vient aujourd'hui de la désynchronisation entre un marché global et mondial et lesdites démocraties locales. En effet, le marché global ne peut pas être contrôlé par une multitude de règles locales sans grandes relations entre elles. Cela crée un marché global sans état de droit global qui pourrait bien conduire au non-contrôle mondial. Nous sommes d'ailleurs déjà plongés dans une phase initiale de monde sans état de droit, c'est un début de chaos juridique et économique, l'économie devient illégale, la fraude s'installe.

La liberté individuelle pousse son paroxysme à donner le droit à chacun de changer d'avis à son gré, chacun prenant le droit d'être déloyal. L'idéologie de la liberté se transforme-t-elle en idéologie de la déloyauté? Les entreprises deviennent parfois des entreprises de mercenaires déloyaux. Sommes-nous encore loyaux envers les autres et envers les générations futures? Un monde démocratique n'a pas de chance de survie sous la tyrannie de la déloyauté. Quel sera notre avenir si nous ne prenons garde? Cela pourrait avoir le sinistre visage d'un retour au totalitarisme, aux conflits sociaux, aux violences civiles.

Le grand changement auquel nous assistons est un bouleversement idéologique entre l'individualisme et l'altruisme. L'altruisme sera la grande idéologie de substitution à l'individualisme. L'altruisme trouve sa raison d'être de manière rationnelle. Il est rationnel pour l'Homme de créer son propre bonheur, ce bonheur passe toujours par le bonheur des autres. Notre avenir est un avenir commun. Il ne s'exprimera pas sans empathie avec l'Humanité ni sans une grande humilité.

Vous me permettrez, en guise conclusion à ce sentiment d'avenir, un extrait du Journal d'Anne M. Frank qui prend ici tout son sens:

Non, à première vue, rien ne me manque, sauf l'amie avec un grand A. Avec mes camarades, je m'amuse et c'est tout, je n'arrive jamais à parler d'autre chose que des petites histoires de tous les jours, ou à me rapprocher d'elles, voilà le hic. "Parle-moi de toi. Regarde au-delà de mon tragique besoin de bavarder."

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