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Pourquoi j'aime Donald Trump

J'aime Donald Trump parce qu'il est un éveilleur de conscience et qu'il ébranle les pouvoirs en place, l'ordre politique établi.
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J'ai eu le bonheur, durant le congé de Noël, de visionner un film remarquable, Pleasantville (Gary Ross, 1998). Le héros du film, David «Bud» Parker (Tobey Maguire), m'a fait songé à certains égards à Donald Trump. David s'intéresse tellement aux personnages de la série-culte Pleasantville, qu'il devient, par la magie de la télévision, un citoyen de la cité irréelle et profondément moche et médiocre.

Personne ne s'aime dans Pleasantville. Aucun n'éprouve de désir au-delà de leur existence terne et factice, car rien n'existerait de meilleur que Pleasantville...

Au-delà de la cité, rien en effet n'existe, à telle enseigne que lorsque Bud parle du monde en dehors de Pleasantville, tous les Pleasantvillois restent perplexes et dubitatifs. Comme Bud aime ces gens, même s'ils paraissent bornés, il se donne alors pour mission de leur faire comprendre qu'ils vivent dans la plus parfaite illusion; qu'ils sont eux-mêmes leur propre geôlier. Bud leur révèle qu'il existe un monde meilleur, plus grand, plus épanouissant tout en couleurs. De morts-vivants, Bud les transforme peu à peu en vivants.

Bud est un éveilleur de conscience, comme Jésus de Nazareth le fut et qui enseigna qu'à côté de ce monde-ci, il existe un Royaume des cieux. Et comme dans le cas de Jésus, une opposition farouche, menée par les autorités civiles de Pleasantville, se braquent contre Bud et son évangile libérateur. Ils cherchent tout simplement à l'éliminer.

Je pense qu'on peut transférer le personnage de Bud Parker à Donald Trump. Les anti-Trump n'apprécient guère l'imprévisibilité du nouveau président. Il inquiète franchement. Il dérange, car on ne sait jamais sur quel pied danser avec lui. On le traite de tous les noms : macho, sexiste, raciste, homophobe, xénophobe, mais surtout riche, honteusement riche. Les gauchistes ne tarissent pas d'invectives à son endroit. Ils le diabolisent, comme l'a montrée Denise Bombardier dans sa chronique, La diabolisation de Trump. Par ailleurs, les pro-Trump ont intérêt à se tenir à carreau, selon ce que rapporte Sophie Durocher : Appuyer Trump, c'est mortel.

Donald Trump devient ainsi un bouc émissaire, tel Jésus de Nazareth. Sans trop le réaliser, le bien-pensant Réjean Bergeron, professeur comme moi de philosophie au collégial, joue le rôle de grand prêtre, déchirant sa chemise, devant l'abomination que représente Trump, dans un texte intitulé Ce verre grossissant qu'on aime détester

Ceux qui connaissent l'œuvre de René Girard (La Violence et le Sacré, 1972), savent de quoi il en retourne avec la théorie du bouc émissaire. Donald Trump suscita des désirs (fortunes, réussites, femmes, bête de scène, maître des médias, etc.). Au lendemain de l'élection présidentielle du 8 novembre dernier, l'heure fut au deuil pour la gauche, à panser la cicatrice béante. Les partisans démocrates vomirent leur venin. La blessure fit mal, douloureusement mal. Un peu partout aux États-Unis, on assista à des scènes désolantes de protestation où on arbora le slogan : Not our president! Encore vendredi, le jour même de l'assermentation du 45e président des É.-U., le 20 janvier 2017, les partisans meurtris firent du saccage à Washington. À Montréal, des manifestants brûlèrent un drapeau américain devant l'ambassade des États-Unis. Un passant qui avait le malheur d'arborer une pancarte pro-Trump fut rudement tabassé. L'activiste Jagg Singh, qui participait à l'événement, s'est rué sur le manifestant pour lui arracher son affiche et la déchirer. (Voir Le Journal de Québec).

Donald Trump devient ainsi le bouc émissaire de leur «désir mimétique». Comme l'écrit René Girard dans La Violence et le Sacré, « le rite du bouc émissaire, dont la première vertu est de transformer le 'tous contre tous' en 'tous contre un' » se fixe désormais sur la personne de Donald Trump. Et l'on peut penser que cette violence mimétique n'aura de cesse tout au long du mandat de Trump. Car les gauchistes et leurs sympathisants seront, sinon guéris, du moins apaisés, dans leurs désirs mimétiques inassouvis, uniquement lorsque le président sera destitué, banni de l'Amérique. Ils n'attendent qu'un faux-pas, une gaffe d'un président sans expérience pour passer à l'action.

J'aime Donald Trump parce qu'il est un éveilleur de conscience et qu'il ébranle les pouvoirs en place, l'ordre politique établi. Trump est un chrétien presbytérien. Lors de la cérémonie de son assermentation, il a juré sa loyauté sur la Bible que sa mère lui avait remise en 1955. Son héros, Jésus, fut lui aussi fut un bouc émissaire.

René Girard nous apprend, en particulier dans un autre essai Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978), qu'avec l'Évangile, un événement capital se produisit dans l'histoire de l'humanité. L'événement en question, c'est que Jésus assuma son rôle de bouc émissaire tout en clamant qu'il est innocent, contrairement à ce qui se passait auparavant depuis la nuit des temps où l'animal sacrifié portait en lui la source du mal. Jésus est l'Agneau de Dieu sacrifié sur l'autel de la violence collective, sauf que Jésus met un terme à cette violence primitive en accordant son pardon. Jésus crucifié dévoile ainsi le mécanisme de la violence en se présentant comme la victime parce qu'il faut un coupable. Jésus sur la croix arrête pour ainsi dire à lui-même la violence.

Évidemment, depuis la mort de Jésus, la violence continue de plus belle. Mais le sacrifice de Jésus a montré à l'humanité la voie vers une résolution de la violence. Espérons que nos voisins américains comprennent que poursuivre le rite du bouc émissaire en mettant au pilori leur président est une voie de mort.

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