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La majorité des 7 milliards de citoyens dans le monde peuvent parler tout en marchant.
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Notre monde vit au rythme d'une cadence effrénée. Sur cette planète où nous carburons goulûment, captivés par la frénésie des nouvelles technologies et par la spirale des désirs incessants de la nouveauté à tout prix, nous avons l'impression parfois d'être toujours en retard, voire dépassés.

La planète est un grand village hyper branché où règne immédiateté, efficacité. Tout, tout de suite! Pour sa part, la téléphonie mobile a fait un bond prodigieux en une décennie, elle domine le monde des communications. Imaginez, au début 2015, c'est plus de 7 milliards d'abonnements mobiles qui étaient souscrits dans le monde. Selon l'International Telecommunication Union, cela correspond à un taux de pénétration de 97%. Oui, oui, vous avez bien lu, c'est quasiment la totalité de la population mondiale, rien de moins! Assez branché merci!

Selon un rapport des Nations Unies, publié récemment, cette nouvelle technologie a fait une hausse impressionnante au cours des cinq dernières années. Nous sommes bien loin de la chanson fort populaire de 1968 écrite par Nino Ferré: «Gaston... y a l' téléfon qui son et y a jamais person qui y répond». Le téléphone cellulaire est devenu un incontournable, il a changé nos vies et même nos comportements. Il est omniprésent et il sonne partout, partout et partout!

Phil Marso, écrivain indépendant français, est l'instigateur de la Journée mondiale sans téléphone mobile. Depuis le 6 février 2001, c'est un rendez-vous annuel citoyen de réflexion qui s'échelonne sur trois jours autour de ce bidule technologique qui a changé notre comportement humain, notre manière de communiquer avec les autres et le monde.

Il n'y a pas si longtemps, à peine une quinzaine d'années, le téléphone était encore pour plusieurs ce bon vieil appareil fixe et fort usuel qu'on retrouvait sur un mur ou sur un guéridon. Depuis son apparition sur le marché vers 1877, le développement exponentiel de la téléphonie moderne dépasse les rêves les plus fous. Et ce n'est pas terminé! Notre légendaire Graham Bell en serait sans doute renversé!

Selon l'Union internationale des télécommunications, une agence des Nations Unies, la majorité des 7 milliards de citoyens dans le monde peuvent parler tout en marchant. C'est une première dans l'histoire de l'humanité. Qui aurait pu imaginer un jour marcher avec son téléphone accroché à la ceinture? Le cellulaire est devenu pour une grande majorité de ses usagers le prolongement du corps, l'agenda à la portée de la main, les dossiers du bureau dans sa poche, l'accès au monde sur le bout des doigts. Il a élargi même notre concept de liberté. À dire vrai, on ne peut s'en passer, mais à quel prix?

Dans son étude évolutive menée dans 154 pays, l'Union internationale des télécommunications mentionne que c'est surtout dans les pays en voie de développement que la téléphonie sans fil a connu une ascension fulgurante, principalement en Afrique et en Asie du Sud-Est. De plus, ces régions du monde sont à la fine pointe de la technologie, dépassant de loin celle des Amériques et de l'Europe. Il est assez évident que l'installation d'un réseau cellulaire est plus facile que celle d'un réseau filaire classique. Rapidité, efficacité, disponibilité sont au rendez-vous. C'est un immense progrès!

En tapant quelques touches, vous pouvez contacter aisément quelqu'un dans un coin reculé de l'Afrique sub-saharienne ou sur une île perdue de l'Asie. L'usage du téléphone cellulaire connaît aussi des excès, des abus et des questionnements! De nombreuses études démontrent qu'il est étonnamment facile de tomber dans une dépendance. Le professeur américain James A. Roberts, de l'Université Baylor, au Texas, a publié plusieurs articles sur le sujet. On parle de «nomophobie», lorsque les gens sont incapables de renoncer, ne serait-ce que momentanément, à leur cellulaire.

Nous avons tous assisté chez nous il y a quelques années au débat assez mouvementé sur la question de la sécurité au volant et l'usage des téléphones cellulaires. Selon des études sérieuses, l'utilisation d'un cellulaire portatif ou mains libres en conduisant multiplie par quatre le risque d'être impliqué dans une collision. Son usage nuit à la vision du conducteur, ralentit son temps de réaction et a une incidence sur la façon dont il réagit, et ce, particulièrement quand la circulation est dense.

Depuis la mise en vigueur de la réglementation en juin 2008, de nombreux conducteurs québécois se montrent toujours récalcitrants à ranger leur appareil. C'est quelque 367 660 infractions inscrites au 24 mars 2015 dans les fichiers de la Société de l'assurance automobile à la suite d'une condamnation.

Partout dans le monde, de nombreuses recherches se poursuivent sur l'usage permanent et abusif du cellulaire. L'usage en milieu scolaire ne fait pas l'unanimité, sème parfois la controverse. Les ados se font aller les pouces allègrement avec une facilité stupéfiante. Une simple visite dans une école secondaire donne l'occasion d'apercevoir un nombre étonnant de téléphones intelligents, même en milieu modeste; des objets qui permettent à la fois de prendre des photos, de filmer et de diffuser sur-le-champ ce contenu sur les réseaux sociaux. Or, les élèves ne semblent pas toujours avoir conscience du tort qu'ils peuvent causer en publiant images et commentaires.

Sur le plan médical, de nombreuses recherches démontrent effectivement de possibles effets négatifs de l'usage abusif du cellulaire sur la santé. De plus, qui d'entre nous n'a pas été importuné par une sonnerie de cellulaire au restaurant, au cinéma ou lors d'une conversation avec un ami? Beaucoup de gens ne le savent peut-être pas, mais il existe deux options très utiles sur un téléphone cellulaire: le mode vibration et le mode silencieux. Il me semble que le savoir-vivre en société, la courtoisie et le respect s'appliquent aussi à l'usage du téléphone cellulaire. C'est une question de gros bon sens!

En ces jours où l'on nous invite à réfléchir sur la place du cellulaire dans nos vies, il importe sans doute de revoir la qualité de nos communications, de nos manières d'entrer en relation. La grande Gabrielle Roy avait-elle raison lorsqu'elle écrivait dans La rivière sans repos ces quelques mots: «La servitude. C'est ça le téléphone»?

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