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Le père Benoît Lacroix: un être d'exception

Benoît Lacroix était habité de cette force tranquille, issue du terroir, qui rassure et inspire au gré des vents contraires.
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Depuis l'annonce de la mort du père Benoît Lacroix, dominicain, ce mercredi 3 mars 2016, les hommages affluent de partout. Les réseaux sociaux ont été littéralement pris d'assaut. La vie et l'engagement de ce religieux centenaire représentent un parcours hors du commun, voire exceptionnel.

Né en 1915 à Saint-Michel-de-Bellechasse, dont il était très fier, le père Benoît se disait un vrai fils de la terre : «Ce que je retiens de mon enfance, c'est la terre, l'eau, le fleuve, la montagne, puisque nous étions près. Et les vents qui nous venaient de l'Atlantique, l'air et cette rencontre mystérieuse des Amérindiens qui habitaient à côté de chez nous.»

Benoît Lacroix était habité de cette force tranquille, issue du terroir, qui rassure et inspire au gré des vents contraires. Entré chez les Frères Prêcheurs en 1936 pour y faire son noviciat, il sera ordonné prêtre le 5 juillet 1941. Une carrière longue et fructueuse attendait ce jeune dominicain venu des terres fécondes de Chaudière-Appalaches.

Théologien, philosophe, médiéviste, essayiste, docteur en sciences médiévales, Benoît Lacroix poursuivra des études à Paris, Harvard et Cambridge. Pendant quarante ans, il enseignera à l'Institut d'études médiévales de l'université de Montréal. Il dispensera aussi des cours aux universités de Butare (Rwanda), de Caen (France) et de Kyoto (Japon). Doué d'une vive intelligence et d'une saine curiosité, le père Lacroix était un érudit. Il aimait raccorder le fil de l'histoire dans un continuum qui nous ouvre sur plus grand que nous. Témoin privilégié de l'évolution du Québec, il s'est montré au fil des décennies tumultueuses de notre coin de pays un excellent passeur, celui qui fait le pont entre les générations qui se succèdent. Il se sentait aussi bien à l'aise avec un groupe d'intellectuels, une bande de jeunes ou encore une assistance bigarrée. Le plus remarquable, c'est que tous, nous étions sous le charme de ce prêtre ouvert, optimiste et rayonnant.

Benoît Lacroix avait ce don merveilleux de raconter notre histoire commune, d'y faire des liens et de nous situer tout bonnement au cœur de cette humanité en marche vers sa destinée. Il y avait une parcelle d'infini chez ce légendaire historien aux yeux bleus et au sourire radieux. Certes, il avait un côté charmeur, ce communicateur de la Bonne Nouvelle. Homme de grande culture, il aura marqué la vie culturelle québécoise par ses nombreuses interventions dans les médias et ses réflexions toujours empreintes d'équilibre et de bon sens. Le Québec perd sans contredit une importante figure intellectuelle et un homme réputé d'une grande sagesse. Il laisse certes une cinquantaine de publications, mais surtout le souvenir d'un homme de cœur au goût d'éternité.

Quel homme d'exception que ce Benoît Lacroix ! Il aura marqué l'histoire récente du Québec comme pas un. Pour bien des gens, il fut ce rappel incessant de nos racines profondes, ce réverbère tant recherché dans nos moments de doute et d'égarement, ce regard inspirant dans nos périodes d'accommodements existentiels, cette main tendue dans nos épisodes de détresse collective et ces paroles ajustées dans notre ère de questionnements sans fin. Merci à vous, père Benoît, «l'être étonnant» dont parle avec éloge le psalmiste (Ps 138). À Dieu, homme d'espérance !

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