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Reporters sans frontières dénote une dégradation globale de la liberté de presse. Mais ce qui étonne, c'est l'élimination de journalistes dans les pays démocratiques.
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Tout le monde le sait, la liberté de la presse dérange. Ce n'est pas nouveau puisque l'information, c'est le pouvoir. Un peu partout dans le monde, des journalistes désirant faire consciencieusement leur travail sont menacés, voire éliminés par la force ou la violence.

Saviez-vous qu'en 2015, quelques 110 journalistes ont été tués, d'autres arrêtés, agressés ou menacés? Et que dire des cyber-journalistes du monde numérique? Les nouveaux territoires du cyberespace, vous en conviendrez, affolent quelque peu les régimes répressifs sous haute tension. Selon l'organisme Reporters sans frontières, près de 40 net-citoyens et citoyens-journalistes ont été tués et quelques 130 blogueurs et net-citoyens ont fait l'objet d'une arrestation en 2014. À technologies nouvelles, menaces nouvelles!

Tous les ans, le 3 mai marque la Journée mondiale de la liberté de la presse. Sous le thème «Accès à l'information et aux libertés fondamentales - C'est votre droit!», Mme Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, déclarait : «J'appelle à l'union en faveur de la défense et de la promotion de la liberté de la presse et du droit d'accès à l'information. L'engagement de chacun est essentiel pour faire avancer les droits de l'homme et la dignité humaine, le développement durable auquel nous aspirons et notre détermination commune à construire une paix durable.»

Qui n'est pas intéressé par les médias, leur contenu fouillé, leurs changements technologiques fabuleux, mais aussi les compressions constantes qu'ils subissent, les propagandes déguisées, et j'en passe?

Force nous est de constater qu'à travers le monde, la liberté de presse est plus que malmenée. Les pays dirigés par des dictatures ne font pas dans la dentelle avec les représentants du monde des médias. Même dans les prétendues démocraties du monde libre, on tend à contrôler et à manipuler l'information au nom de la sécurité nationale. La multiplication des moyens de communication complique quelque peu la tâche des contrôleurs et des détracteurs de la liberté d'expression. Ne l'oublions pas, c'est un droit enchâssé dans la déclaration des droits de l'homme.

À chaque année, l'organisme Reporters sans frontières publie son classement de la liberté de presse parmi 180 pays. En 2015, ce sont l'Irak et la Syrie qui figurent en tête du nombre de journalistes tués, suivis de la France, du Yémen, du Soudan du Sud, de l'Inde, du Mexique et des Philippines. Notons que la France a été violemment touchée lors des attentats de Charlie Hebdo avec la perte de huit journalistes parmi les douze victimes.

Plusieurs pays, comme le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Érythrée, sont réellement un enfer pour les journalistes ; la liberté de presse y est carrément supprimée. Les journalistes y travaillent souvent au péril de leur vie. Dans les zones mondiales où règnent des conflits, il n'est pas étonnant que l'on veuille contrôler tous les médias d'information, malgré les garanties des conventions internationales.

L'indice annuel de la liberté de presse, publié en 2014 par Reporters sans frontières, dénote malheureusement une légère dégradation globale de cette liberté si importante. Mais ce qui étonne, c'est l'élimination de journalistes dans les pays démocratiques.

Au Canada et au Québec, rien n'est parfait dans le monde de l'information. Les pressions et le désir de contrôle sont bien présents. Le Canada avait dégringolé de 10 échelons dans le rapport annuel à la suite du Printemps érable et de certains projets de loi du gouvernement Harper. Souvenez-vous du règne des conservateurs à Ottawa : un climat de méfiance s'était installé face aux médias. L'attitude du premier ministre envers les journalistes avait souvent été décriée. Redisons ici avec force la nécessité de la liberté de presse dans une saine démocratie. Les citoyens ont le droit de savoir, de connaître les actes et les gestes d'un gouvernement responsable. Entraver le questionnement des journalistes, c'est nuire à la transparence, à une saine démocratie.

Nous le savons bien, la désinformation existe depuis belle lurette. Fondamentalement, la meilleure garantie de la liberté d'expression est sans contredit l'éducation du public. La communication demeure le seul moyen à la portée de tous pour entrer harmonieusement en relation et se comprendre raisonnablement dans une société démocratique. Une information libre et indépendante ne peut qu'aider une société à se libérer. C'est pourquoi la trop grande concentration de l'information s'avère malsaine, voire dangereuse. Il ne peut y avoir d'information sans les moyens de communication, et ils sont légion aujourd'hui.

Le citoyen a le droit d'avoir accès à une presse libre, saine et de qualité pour l'éclairer sur les événements qui façonnent notre vivre en société. Mais il n'est pas facile pour un journaliste de garder son indépendance. Il fait partie d'une entité, d'une organisation, d'un média, d'un conglomérat médiatique. Comment travailler avec intégrité au service du public d'abord et avant tout? Question importante dans un monde inondé d'information continue en boucle à travers la planète. Le seul garant demeure un journalisme exercé avec professionnalisme, intégrité et d'une manière éthique.

En 2011, le rapport Payette portant sur le journalisme et l'avenir de l'information au Québec présentait 51 recommandations pour que l'avenir journalistique dans la province connaisse des jours meilleurs. Ces recommandations s'adressaient aux patrons de la presse, de même qu'aux journalistes et au public. Ce bilan signalait, entre autres, que le journalisme concerne avec justesse les journalistes, mais que l'information concerne toute la société québécoise. Il importe donc de revitaliser le domaine de l'information, et par le fait même les «compétences civiques» de la population.

Mais pas facile aujourd'hui de se dénicher un boulot de journaliste. Stéphane Baillargeon publiait dans Le Devoir en juin 2013 un article fort pertinent intitulé «Toujours moins de journalistes». Il est vrai que le nombre de journalistes va en diminuant dans les salles de presse. Les récentes coupures de la Société Radio-Canada en est un exemple patent.

Stéphane Baillargeon signalait dans son article que le Québec comptait 4,5 fois plus de relationnistes (13 700) que de reporters (3 000). Il est facile de comprendre qu'avec moins de journalistes, on se trouve dans l'impossibilité de faire de la recherche en profondeur ; on s'en tient malheureusement à une couverture superficielle de l'actualité. Le journaliste Pascal Mourot disait : «La liberté d'expression est un capital à ne pas épargner. La propagande gaze nos esprits comme l'information la libère.»

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