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On peut se demander de quelles «vraies affaires» s'occupe vraiment le gouvernement.
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En ce début d'avril quelque peu frisquet, la marmite semble toutefois bouillonner dans la province. Rien ne va plus dans les officines gouvernementales. On essaie tant bien que mal de recoller à la sauvette les pots cassés, sans trop de succès. L'équipe de Philippe Couillard vient de franchir le fil d'arrivée du mi-mandat quelque peu éreintée, voire ébranlée par tant de maladresses, de démissions et de rumeurs de scandales. Nous sommes bien loin de l'entrée triomphale et de l'euphorie du 7 avril 2014. Après 18 mois dans l'opposition, les libéraux avaient repris le pouvoir avec une majorité écrasante de 70 députés en proposant aux Québécois de s'occuper des «vraies affaires».

Force nous est de constater, qu'après deux ans de règne, ils ont lamentablement failli à la tâche et plongé le Québec dans un climat de léthargie sans précédent dans l'histoire récente.

Au fil des mois, la grogne populaire n'a cessé de se manifester, de croître et de se répandre d'un bout à l'autre de la province. Les rassemblements pour protester et les cris de détresse n'ont pas manqué ces derniers temps. N'y a-t-il pas un risque de tsunami? «Bulldozant» le Québec à fond de train dans des réformes majeures et sous un régime d'austérité tous azimuts, le gouvernement en place a littéralement fragilisé l'esprit de cohésion et le ressort économique du Québec d'aujourd'hui. Il a même handicapé certaines perspectives prometteuses d'avenir. Les férus d'économie ne manquent pas pour le décrier.

Imaginez, le Québec a perdu 22 500 emplois à temps plein en mars seulement. Selon les données de Statistique Canada du 8 avril dernier, c'est un troisième mois de recul dans la province depuis le début de l'année. La situation y demeure très précaire et les pertes d'emploi ne cessent de supplanter leur création. Où sont les 250 000 emplois promis? Pourtant, ailleurs au Canada l'économie a créé des emplois et entraîné une baisse de 0,2 point de pourcentage du taux de chômage, qui s'établit à 7,1 %.

On peut se demander de quelles «affaires» s'occupe vraiment le gouvernement.

Selon un récent sondage Léger, seulement un francophone sur cinq appuierait le PLQ. «C'est pas fort, mon Philippe!», dirait la sagesse populaire de mon grand-père. Heureusement que le PLQ récolte l'appui massif des non-francophones. Comment se fait-il que l'appui aux libéraux dans la ville de Québec a fondu comme neige au printemps, de 43 % à 25 %?

Il faut bien le dire, les tuiles n'ont pas manqué depuis l'installation de ce gouvernement où l'improvisation semble être le mode de gestion en vigueur. Les récents déboires rocambolesques de Sam Hamad, les arrestations flamboyantes de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), le pétard mouillé dans l'annonce du nouveau budget, les frasques et les cafouillages répétés de plusieurs ministres, les privilèges honteux consentis aux médecins, les coupures draconiennes dans les centres de la petite enfance (CPE) et l'éducation, l'attentisme criant dans certains dossiers urgents, la vente étonnante de fleurons manufacturiers québécois à des mains étrangères, et j'en passe.

Et que dire du secteur de la santé, torpillé par une réforme majeure menée par le tonitruant ministre Gaétan Barrette. Nous apprenions ces jours-ci le départ inégalé de médecins pour le secteur privé. On compte depuis 2012, 361 omnipraticiens et spécialistes qui ont déguerpi du système de santé public. Cette année, une quinzaine de jeunes médecins font le saut. Saviez-vous qu'il en coûte 500 000 $ de fonds publics pour former un médecin de famille? Tendance lourde et malsaine dans une province où tant de gens se cherchent désespérément un médecin de famille. Il n'y a pas de fumée sans feu!

En fait, des milliers de Québécois ont l'impression que ce gouvernement ne s'occupe pas de «nos affaires», n'écoute pas sa population et ne se préoccupe pas des réels intérêts des Québécois.

Et la langue, l'identité de notre coin de pays? On ne sent pas dans ce gouvernement majoritaire la passion du Québec, de sa langue, de sa culture, de sa spécificité. Le courant ne passe pas, un point c'est tout! On a beau changer les ministres, jouer à la chaise musicale, rien n'y fait.

Mais voilà que le gouvernement, faisant face à une élection partielle dans le comté de Chicoutimi, sort l'artillerie lourde en compagnie de la Caisse de dépôt et placement pour annoncer des mégaprojets d'infrastructures dans la région montréalaise : deux lignes de trains électriques et le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal jusqu'au Galeries d'Anjou. Est-ce que cela remontera la cote d'amour envers les élus en place? Peu probable.

Monsieur Couillard déclarait, lors de l'arrestation de l'ancienne vice-première ministre Nathalie Normandeau, que son gouvernement était transparent, qu'il ne nageait plus dans ces eaux-là. Malheureusement, l'affaire Hamad vient de torpiller l'intégrité prétendue retrouvée du parti et la crédibilité même du premier ministre. Rien n'y fait, la collusion et la corruption semblent toujours endémiques dans le Parti libéral du Québec.

«La confiance montre le chemin», écrivait Hildegarde de Bingen. Rien ne semble le démontrer présentement au Québec.

D'autre part, minoritaires, les partis d'opposition ne peuvent guère freiner la tournure des événements. Divisés entre eux, ils laissent le champ libre aux troupes libérales, qui multiplient les erreurs et sabrent sans retenue dans les acquis sociaux, économiques et politiques des dernières décennies.

Les signes que l'économie bat de l'aile au Québec ne manquent pas. Pourtant, le Québec fait partie des nations les plus riches dans le monde ; il faisait partie des 11 % les plus prospères en 2013. La mise à jour du classement international des pays par l'Institut de la statistique du Québec classait la province au 27e rang sur 240 pays et territoires dans le monde. La situation économique actuelle semble de plus en plus morose, voire inquiétante. Où nous mènera le gouvernement en place? Il est grand temps que ce dernier tienne ses promesses. Il lui reste tout de même deux ans pour remettre la machine en marche. En fait, on reconnaît un arbre à ses fruits!

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