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Plus d'un million d'analphabètes au Québec

Les chiffres sur l'analphabétisme au Québec donnent froid dans le dos. Selon les dernières statistiques, 53% de la population serait analphabète fonctionnel. On estime que 19% de nos gens ne savent ni lire ni écrire. Ce n'est pas un canular, loin de là.
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Incroyable, mais véridique! Les chiffres sur l'analphabétisme au Québec donnent froid dans le dos. Selon les dernières statistiques, 53% de la population serait analphabète fonctionnel. On estime que 19% de nos gens ne savent ni lire ni écrire. Ce n'est pas un canular, loin de là. En bref, cela signifie que plus de la moitié de la population québécoise n'atteint pas le seuil nécessaire pour fonctionner aisément dans une société de plus en plus complexe et qui carbure au rythme exponentiel du cyberespace. En cette semaine où nous soulignons la Journée internationale de l'alphabétisation, il y a de quoi s'interroger sérieusement sur notre système d'éducation et sur la valeur même de l'éducation chez nous.

Comment peut-on arriver à ce constat alarmant après tant d'investissements dans les réseaux scolaires de la province. Les réformateurs de la Révolution tranquille, il y a 50 ans, avaient misé sur l'éducation comme le levier du Québec de demain. Ce fut le premier projet de société, accessibilité pour tous à l'éducation. Qu'en avons-nous fait grand dieu? Serait-ce un échec lamentable de notre système d'éducation? Devant un tel constat, que feront ces soixante-huit mille enseignants et enseignantes qui viennent d'entreprendre leur ixième entrée scolaire? Nous connaissons tous, malheureusement, le taux alarmant et endémique du décrochage scolaire dans la province malgré d'intenses efforts d'interventions éducatives au fil de la dernière décennie. La médiocrité de ces résultats viendrait-elle de nos gènes identitaires, culturels?

Lors de divers sondages auprès de la population, l'éducation ressort toujours comme l'une des principales valeurs des Québécois. Mais dans les faits, les résultats ne semblent pas au rendez-vous. Comment comprendre le rapport des Québécois à l'éducation? On en parle pourtant, on fait des chaînes humaines devant les écoles, on y consacre même des sommets. Baignant dans une société capitaliste, l'importance de gagner de l'argent, d'être riche rapidement semblerait plus important que d'étudier et de faire des études post-secondaires. Et pourtant, la plupart des études et enquêtes signalent à quel point l'éducation est une priorité incontournable pour l'économie, pour la société dans son ensemble. Elle peut être, sans nul doute, une avenue privilégiée, voire essentielle, pour contrer le fléau du chômage. Toutes les statistiques le démontrent éloquemment, le niveau de scolarité joue un rôle primordial dans la recherche d'emploi.

«Un des rôles importants des parents, du personnel enseignant, est de susciter le goût d'apprendre, de savoir, de lire. La lecture, c'est une fenêtre grande ouverte sur la connaissance, l'aventure et le monde. »

Nombre d'élèves gravissent les échelons, mais arrivent souvent au secondaire sans savoir lire correctement. On le redit d'année en année, la province connaît un taux effarant de décrochage scolaire et pas seulement au niveau secondaire. Une situation qui s'avère inacceptable! Écoutez, nous ne sommes pas dans un pays du Tiers-monde après tout! Dans une société moderne comme la nôtre, comment se fait-il que tant de jeunes ne savent pas lire couramment? Ne savent pas écrire correctement? Depuis des années, sur le plan universitaire, le Québec affiche un taux de décrochage plus élevé que la moyenne canadienne. On estime que le taux est plus de 30% au Québec alors qu'il serait plutôt de 20% dans le reste du Canada. Il est clair que cela coûte de financer des parcours qui ne se terminent pas en une contribution à la société. Pas facile à comprendre ce Québec aux multiples facettes, débordant pourtant d'immenses richesses et de talents.

Tout se tient en éducation. La lecture est certes un atout indispensable pour la réussite scolaire des enfants et des jeunes. C'est une question de transmission. C'est à la maison que tout commence. D'où l'importance de rapprocher les familles de l'école. La lecture est l'une des clés maîtresses. Un des rôles importants des parents, du personnel enseignant, est de susciter le goût d'apprendre, de savoir, de lire. La lecture, c'est une fenêtre grande ouverte sur la connaissance, l'aventure et le monde. Selon les données recueillies périodiquement, nous constatons que les jeunes du Québec ne lisent pas suffisamment. La lecture, c'est comme toute chose; plus nous la pratiquons, plus nous développons nos habiletés et plus le plaisir de lire s'accroît. Il est certain que les jeux vidéo et l'ordinateur semblent beaucoup plus attrayants que les pages d'un gros bouquin sans image. On ne le dira jamais assez, la lecture est à la base de la réussite.

En cette période, où nous nous interrogeons sur l'avenir du français et de sa qualité sur cette terre d'Amérique, il me semble que cette Journée internationale de l'alphabétisation devrait nous donner le goût d'innover pour contrer l'analphabétisme chez nous. Nous le savons que trop bien, il ne peut y avoir de société nouvelle sans une éducation de qualité, sans un investissement à long terme. Investir en éducation, c'est investir dans le développement social et économique de la province. On ne peut penser l'éducation à court terme. On vit malheureusement dans un monde éphémère, au gré des modes et du prêt à jeter.

Penser à court terme en éducation est réducteur et dangereux; au risque de faire de l'école une machine distributrice de cours. Il faut de la vision, des exigences et des défis à proposer aux jeunes Québécois. Certes, l'instruction est importante à l'école, mais l'encadrement et l'environnement le sont tout autant. Vous en conviendrez, la lutte à l'analphabétisme doit dépasser le cadre du milieu scolaire. C'est une question de société. Il ne faut surtout pas fonctionner en vase clos et laisser cette responsabilité au ministère de l'Éducation. C'est un appel à une mobilisation de tous les secteurs de la société. L'éducation globale est l'affaire de tous et doit être le socle de notre présent, de notre devenir.

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