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Dans un texte qui multiplie les erreurs et les exagérations, le journaliste anglo-montréalais Martin Patriquin compare le Québec d'aujourd'hui au «Tea Party», faisant référence au mouvement politique américain contemporain qui tire le Parti républicain vers l'extrême droite. Bernard Drainville et moi lui avons brièvement répondu dans le. Non pour polémiquer avec le journaliste, mais pour indiquer aux lecteurs duqu'il y avait une tout autre façon de voir les choses.
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Il n'est pas rare que des journalistes anglo-montréalais trempent leur plume dans le vitriol pour traiter, dans des grands journaux américains, les Québécois de « xénophobes ».

Longtemps, ce rôle fut joué par Mordecai Richler qui avait même écrit que le Parti québécois de René Lévesque avait adopté un chant nazi comme chanson thème !

Richler en avait contre la loi 101 et contre l'indépendance.

Le journaliste Martin Patriquin s'est rendu célèbre en écrivant dans Maclean's que le Québec était la « province la plus corrompue » au Canada, mais sans jamais faire de démonstration comparative (qui est #2? ou #10? Mystère et boule de gomme!).

Il tente de prendre la relève de Mordecai Richler en écrivant, dans le NY Times, que le Québec de 2013 est xénophobe, à cause du projet de Charte.

Dans un texte qui multiplie les erreurs et les exagérations (voir la liste ici) il compare le Québec d'aujourd'hui au « Tea Party ». Il ne fait pas référence à la foule de Boston exaspérée par les taxes britanniques et rejetant à la mer le thé de l'empire. Il fait référence au mouvement politique américain contemporain qui tire le Parti républicain vers l'extrême droite.

Bernard Drainville et moi avons brièvement répondu à Patriquin dans le New York Times hier. Non pour polémiquer avec le journaliste, mais pour indiquer aux lecteurs du Times (et du International NY Times où son article a aussi été publié) qu'il y avait une tout autre façon de voir les choses.

À sa référence au Tea Party, nous avons opposé notre propre référence historique, à Thomas Jefferson, célèbre pour avoir inventé le concept de « mur entre l'église et l'État ».

Jefferson aurait-il été favorable à la Charte ? C'est possible. C'est cohérent avec l'idée de « mur » qu'il préconisait entre l'État et la religion. Mais nous ne le prétendons pas et ne le savons pas. Personne ne peut le dire. Aucun des textes qu'il a produits ne va dans ce niveau de détail. On sait cependant que c'est sur la foi de ses principes que les Cours américaines ont interdit que se dise une prière dans les écoles ou que soit présentée une crèche dans les édifices publics.

Notre référence à Jefferson sert cependant à indiquer que, contrairement à ce que soutiennent Patriquin et une partie des détracteurs de la Charte qui n'y voient que régression sociale ou tactique politicienne, de grands principes nobles sont en jeu et qu'on peut diverger d'opinion sur notre proposition sans tomber dans l'insulte facile et le procès d'intention.

Finalement, il était amusant de lire les commentaires des plumes anti-charte nous accusant, Bernard et moi et parfois dans le même article, de salir le nom de Jefferson en l'associant à la Charte et... de nous associer à un propriétaire d'esclave !!!

Le Québec à l'heure de Jefferson

Selon Martin Patriquin, et son texte d'opinion publié le 13 novembre en ces pages, le Québec vivrait aujourd'hui son « instant Tea Party ».

Nous sommes plutôt d'avis que le Québec est en train de vivre un « instant Jefferson », puisque le projet de loi que l'auteur qualifie de régressif, vise à enchâsser dans la loi ce que Thomas Jefferson a décrit en ses termes célèbres: « le mur de séparation entre l'Église et l'État ».

Le Québec était une société profondément religieuse jusqu'au début des années 1960, période où s'est amorcé le processus de laïcisation. Pour la majorité des Québécois qui soutiennent le projet de loi, le fait de déclarer que l'égalité des sexes doit être déterminant lorsqu'il est question de considérer des accommodements basés sur la religion, ou le fait de demander aux employés de la fonction publique de ne pas porter de signes ostentatoires pendant qu'ils sont au travail, constitue la suite logique des choses.

Cette suite logique advient au moment où l'Islam est en croissance au Québec. Mais le projet de loi ne vise de façon spécifique aucune croyance ou religion. Notre parti, le Parti Québécois, a rendu la chose encore plus claire en proposant le retrait d'un crucifix présent à l'Assemblée nationale.

À ce sujet et sur bien d'autres, l'indépendance d'esprit québécoise dérange, spécialement chez les tenants du multiculturalisme, une idée encore très ancrée au Canada. Mais les précurseurs ont l'habitude de déranger. N'en parlez pas Tea Party. Parlez-en à Jefferson.

Ce texte a également été publié sur le blogue personnel de Jean-François Lisée.

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Avril 2018

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