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Indépendance: compte à rebours 2022!

Ma proposition #1 (Chasser les libéraux. Réussir l'indépendance. Dans cet ordre) a suscité énormément d'intérêt et on en a surtout retenu mon intention de ne pas tenir de référendum dans le premier mandat d'un gouvernement du Parti québécois. C'est le volet «Chasser les libéraux». Mais qu'en est-il du volet «Réussir l'indépendance»?
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Proposition #9 du candidat Jean-François Lisée

Ma proposition #1 (Chasser les libéraux. Réussir l'indépendance. Dans cet ordre.) a suscité énormément d'intérêt et on en a surtout retenu mon intention de ne pas tenir de référendum dans le premier mandat (2018-2022) d'un gouvernement du Parti québécois. C'est le volet « Chasser les libéraux ».

Mais qu'en est-il du volet « Réussir l'indépendance »? C'est ce que je veux développer dans ce texte et dans trois vidéos qui sont maintenant disponibles. J'aborderai trois aspects. D'abord ce que je propose comme action indépendantiste pendant ces six ans, ensuite comment je propose de financer cette animation, finalement quelle place j'y vois pour la convergence.

1 - Six années de préparation et d'animation

Si je suis élu chef du Parti québécois en octobre, je proposerai aux autres membres de la famille indépendantiste d'utiliser méthodiquement ce calendrier pour se rendre, ensemble, au rendez-vous électoral d'octobre 2022.

D'abord, je proposerai au Congrès du Parti québécois de 2017 d'inscrire clairement dans l'article 1 du programme :

« Le Parti québécois et ses partenaires indépendantistes demanderont aux électeurs, en octobre 2022, le mandat de réaliser l'indépendance du Québec au cours des quatre années suivantes. »

Je proposerai aussi qu'un gouvernement du Parti québécois élu en 2018 procède à une réforme consensuelle du mode de scrutin pour introduire, dès l'élection de 2022, l'élection proportionnelle mixte (soit environ 75 sièges de circonscription et 50 sièges de liste, pour se rapprocher de la réelle répartition des voix entre partis). Je dis consensuelle car le PQ, la CAQ, QS et ON peuvent s'entendre sur ce mode. La collaboration du PLQ serait souhaitable, mais son refus ne nous empêchera pas de procéder avec cette réforme nécessaire.

L'élection du chef du PQ se fera début octobre 2016. Si je suis choisi, je ferai en sorte que 2017, l'année du 150e anniversaire du Canada, soit une année de grande pédagogie sur les coûts historiques du fédéralisme. En tout respect pour le Canada et les Canadiens, je voudrai utiliser les commémorations pour illustrer concrètement comment le Québec fut systématiquement desservi, appauvri, marginalisé, par les décisions canadiennes, du début jusqu'à aujourd'hui. Ce n'est pas la matière qui manque. Notre objectif doit être que les Québécois et les Québécoises terminent l'année en se demandant si ce serait vraiment une bonne idée de re-signer le contrat canadien pour un autre 150 ans.

L'année 2017 sera aussi celle du Congrès du Parti québécois et, à l'été, de la première « Souveraine tournée », où des jeunes créateurs, chanteurs, humoristes indépendantistes iront partout au Québec à la rencontre de la jeunesse pour faire de l'animation politique, du recrutement et brancher l'indépendance sur les tendances de la jeunesse. Je voudrai rééditer cette « Souveraine tournée » chaque été.

L'année 2018 sera consacrée à « Chasser les libéraux », à parfaire notre organisation sur le terrain, à élargir notre coalition, pour obtenir la plus grande majorité possible à l'élection d'octobre 2018. J'ai indiqué, en privé et en public, que, si je suis chef, ma porte sera grande ouverte pour des discussions de parti à parti avec Québec solidaire pour maximiser notre impact sur le terrain et s'entendre sur quelques propositions communes pour offrir aux Québécois et Québécoises un gouvernement progressiste en 2018.

Je proposerai qu'on élabore de concert un calendrier de discussion et de décision sur les éléments essentiels d'un Québec souverain entre 2018 et 2022. À titre d'exemple: on pourrait décider qu'à l'hiver 2019, le mouvement indépendantiste statue sur la monnaie d'un Québec souverain. Au printemps, sur la défense. À l'automne, sur Radio-Canada et le CRTC. À l'hiver 2020, sur la Voie maritime du Saint-Laurent, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on se soit doté, début 2022, d'un programme et d'une feuille de route complets. Chaque étape serait l'occasion de discussions de fond, de rassemblements, puis de dissémination de cette information.

Je suis un communicateur. J'ai fait de la radio, de la télé, du journalisme écrit et tenu un blogue. Je crois qu'il faudrait, dès 2017, habituer les Québécois et Québécoises à entendre des messages radio et web chaque fois qu'une politique fédérale nous empêche de prendre une décision. Ottawa a le dernier mot dans la construction d'un pipeline sur notre territoire? Qu'on illustre dans une pub radio/web le fait que seule l'indépendance nous permettrait de décider nous-mêmes. Que ce soit la monarchie anachronique, le scandaleux Sénat, le surfinancement fédéral des chantiers navals du Nouveau-Brunswick et l'abandon des nôtres, les cadeaux donnés aux chômeurs albertains que nos sans-emploi n'ont jamais obtenus, autant d'occasions de montrer, concrètement et simplement, que sans l'indépendance, on est perdants.

Cette campagne serait continue, de mon élection comme chef jusqu'en 2022 et au-delà.

2 - Comment financer une telle animation?

Ma proposition de ne pas utiliser d'argent public pour faire la promotion de l'indépendance dans le mandat qui va de 2018 à 2022 est ferme. Elle est fondée sur plusieurs arguments. D'abord, la tolérance des électeurs pour l'utilisation de fonds publics pour autre chose que la promotion de programmes gouvernementaux ciblés et utiles (rénovation, tabagisme, etc.) est de plus en plus grande. Ensuite, je veux enlever aux libéraux et aux caquistes tout argument qui pourrait les aider à garder des sièges de députés que nous voulons leur ravir. Plus la majorité péquiste sera grande en 2018, mieux ce sera pour l'avenir. La discussion ne doit donc pas porter sur notre utilisation, ou non, de fonds publics, mais bien sur l'incompétence des libéraux d'abord, sur la faiblesse de l'équipe caquiste et de ses propositions, ensuite.

On pose souvent la question de la mise à jour des études sur l'indépendance. D'abord je rappelle qu'en 1994-1995, ces études ont été commandées et réalisées pendant les 14 mois qui ont séparé la prise du pouvoir par M. Parizeau et la tenue du référendum. Il n'est ni compliqué ni très couteux de les faire mettre à jour.

Surtout, notre militant désormais le plus célèbre, Pierre Karl Péladeau, s'est engagé à financer un instrument précieux, l'Institut de recherche sur l'autodétermination des peuples et les indépendances nationales (IRAI). De nouvelles études seront ainsi produites et rendues disponibles au cours des saisons qui viennent.

Mais cela ne règle pas notre problème de financement d'une campagne d'animation indépendantiste. Vrai, comme l'Idée fédérale et le Conseil pour l'unité canadienne pendant de longues années, le Oui Québec bénéficie du statut d'organisation charitable qui lui permet de recevoir des dons déductibles d'impôt. (Il n'y a aucune raison de penser que l'Institut sur l'indépendance de Pierre Karl Péladeau ne sera pas traité équitablement d'ici peu à cet égard).

Pour financer la « Souveraine tournée », les campagnes de pub radio/web et les autres initiatives, je lancerai, dès fin 2016 début 2017, la plus grande campagne de souscription de l'histoire de notre mouvement. Je m'entourerai de personnalités fortes pour inviter les Québécois et Québécoises qui ont des poches un peu profondes à y puiser pour qu'on dispose d'un million de dollars par an pendant chacune des six années qui nous séparent de 2022. Un million par an pour l'indépendance, ça me semble à la fois ambitieux et réaliste, justement parce que nous avons un projet clair, un compte à rebours précis, un objectif mobilisateur.

3 - L'indispensable convergence

J'ai appuyé depuis le début la proposition de Pierre Karl et l'action de Véronique Hivon pour enclencher une réelle convergence entre le Parti québécois et les autres acteurs du mouvement souverainiste.

J'étais, auprès de Jacques Parizeau, celui qu'on surnommait « le conseiller de l'ouverture » et je fus le négociateur de M. Parizeau pour la conclusion de l'entente entre le PQ, l'ADQ de Mario Dumont et le Bloc Québécois de Lucien Bouchard pour une proposition référendaire commune.

J'estime donc qu'il faut construire, d'ici 2022, une coalition encore plus large et encore plus robuste que celle qui nous a conduits à un cheveu de l'indépendance en 1995.

Il est vrai que les travaux de la convergence étaient, jusqu'à la démission de Pierre Karl, axés vers un projet commun pour 2018. Mon élection à la direction du PQ modifierait le calendrier, c'est sûr.

J'espère pouvoir convaincre nos collègues de Québec solidaire de centrer leur action, à nos côtés, pour « Chasser les libéraux » en 2018. Mais il est probable que nos amis d'Option nationale insistent pour présenter, en 2018 des candidats qui proposeront la tenue immédiate d'un référendum. S'ils gagnent une majorité parlementaire à l'élection de 2018, nous serons à leur côté pour les aider, ensuite, à réussir!

Mais s'ils perdent - ce qui n'est pas complètement impossible, convenons-en - et que le PQ forme la majorité parlementaire comme je le souhaite, alors la porte de la convergence leur sera toujours ouverte et nous pourrons travailler ensemble pour le rendez-vous de 2022. (Idem pour QS s'ils font ce choix.)

Dans un des premiers discours que j'avais écrits pour Jacques Parizeau en 1994, je lui avais fait dire que le mouvement indépendantiste était formé de beaucoup d'anciens fédéralistes et de gens de tous les horizons. Le pire réflexe était de faire passer des tests de pureté indépendantiste, de rejeter la diversité des opinions.

« Que le dernier entré laisse la porte ouverte, s'il vous plaît » avait-il dit. Pour la convergence, comme pour le reste, c'est ma propre devise!

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Mai 2017

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