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Le transport en commun n’est pas une religion

La guerre à l'automobile et le dogmatisme du transport collectif n'ont pas leur place dans une ville qui aspire à la croissance et au développement qu'elle mérite.
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Le vrai enjeu, c'est de s'assurer que chaque dollar dépensé aidera à réduire la congestion et servir adéquatement ceux qui auront besoin de se déplacer avec le RTC ou à vélo.
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Le vrai enjeu, c'est de s'assurer que chaque dollar dépensé aidera à réduire la congestion et servir adéquatement ceux qui auront besoin de se déplacer avec le RTC ou à vélo.

L'enjeu du transport en commun sera central pour la campagne électorale à venir. C'est d'ailleurs en partie pour contrer le projet frivole de Service Rapide par Bus (SRB) que j'ai décidé de me lancer dans la course à la mairie. Le maire sortant joue la comédie préélectorale en proclamant que son projet SRB est annulé, mais nous ne sommes pas dupes. Il le ressuscitera à la première occasion s'il réussit à se faire réélire.

Cependant, le débat sur la validité du SRB s'est maintenant élargi pour toucher le transport en commun dans son ensemble. Certains membres plus radicaux du lobby du transport collectif à tout prix tentent de faire passer Québec21 et moi-même comme étant anti-transport en commun et nous taxent d'une vision passéiste. En réalité, nous avons déjà annoncé de nombreuses positions favorables à ce mode de transport nécessaire à toute ville moderne.

En effet, parmi les engagements déjà annoncés, celui de la rationalisation du Réseau de Transport de la Capitale (RTC) vient au premier rang. Avec un budget de plus de 213 millions de dollars annuellement, en plus des injections ponctuelles pour l'achat d'équipements, le RTC est plus que suffisamment financé pour sa mission de base. Bien que ces nouveaux achats connaissent souvent des ratés, nous ne remettons pas en doute l'importance qu'a le RTC pour la ville. Or, une quantité d'argent aussi élevée doit donner un résultat probant en échange, sinon nous ne faisons que brûler l'argent des autres sur l'autel idéologique.

Malheureusement, il semble que l'affluence soit en déclin marqué sur le réseau malgré ces investissements massifs. Pour certains zélotes aveuglés par leurs dogmes, la solution serait d'investir toujours plus d'argent et de forcer la main des citoyens en les obligeant à utiliser le service. Pour nous, il est grand temps de repenser l'offre de service du RTC, couper dans la surgestion tout en assurant des conditions de travail adéquates aux chauffeurs.

Nous souhaitons de plus offrir de nouvelles lignes d'autobus reliant l'aéroport et les parcs industriels, favoriser le covoiturage et l'économie de partage ainsi que redessiner la carte d'offre de service pour aller là où la demande est la plus forte.

Le transport en commun n'est qu'un service de plus offert à la population qu'on cherche à maximiser. Pourtant, pour certains le transport en commun s'élève à titre de religion et nous n'en ferons jamais assez pour les satisfaire.

Le transport en commun n'est pas une religion

Quand nous débattons de collecte des ordures ou de gestion de l'eau potable, les discussions sont raisonnables et rationnelles. On parle de rendement des installations, d'optimisation des actifs ou de la qualité du produit fini. Pourtant, pour certains le transport en commun s'élève à titre de religion et nous n'en ferons jamais assez pour les satisfaire. Pour eux, la seule solution resterait dans la coupe pure et simple du nombre de voitures en circulation, avec les effets catastrophiques qu'on peut s'imaginer.

L'enjeu de la piste cyclable sur Dalhousie le démontre bien. Jadis un secteur achalandé et relativement fluide, le quadrilatère entourant le Vieux-Port est maintenant un cauchemar de congestion. Pourtant, la piste cyclable a toujours existé dans le secteur et tous étaient satisfaits d'y pédaler au grand air du fleuve. La logique voudrait qu'on rétablisse la situation initiale, mais les dévots de la religion communautariste n'y voient qu'une bataille de plus à mener contre les automobilistes en forçant cette piste cyclable dangereuse et nuisible.

Le dossier du 3e lien en est un autre exemple. Cette infrastructure est plus que nécessaire pour le développement économique de la région, favorisant le libre transport des personnes et des marchandises. Or, qui critique le plus sévèrement cet ambitieux projet bénéficiant à la majorité de la population payeuse de taxes? Le lobby anti-automobiliste et pro-transport en commun. L'ironie de leur contestation réside dans le fait que le 3e lien est actuellement le seul projet structurant qui inclurait du transport en commun suffisamment intense entre les deux rives pour avoir un impact sur la congestion routière et la pollution, mais passons.

Des arguments faibles

À écouter ces extrémistes, la ville de Québec n'a qu'un seul scénario possible si elle veut survivre à la modernité : couper le nombre de voitures, couper le nombre de voies de circulation et refuser tout développement urbain hors centre.

L'étalement urbain s'est réalisé sans l'ajout d'infrastructure autoroutière depuis les 40 dernières années. Qu'en diront nos adversaires, la ville doit continuer de grandir et d'offrir à ses citoyens la liberté de passage suffisante pour en assurer le développement économique raisonnable! L'autobus continuera d'exister et la voiture aussi.

En quelque sorte, la guerre à l'automobile est aussi une guerre aux jeunes familles qui n'ont plus le mode de vie des années '60. Aujourd'hui, les deux parents travaillent, parfois à l'autre bout de la ville, et doivent s'assurer de faire garder leurs enfants ou les déposer à l'école durant la journée, en plus de faire toutes les commissions se greffant à ce mode de vie et j'en passe. Une partie de ce quotidien peut s'effectuer en transport en commun et c'est tant mieux, mais nous devons vivre avec les conditions imposées par la modernité.

Bref, nous ne pratiquerons jamais l'aplaventrisme face à ce puissant lobby comme le font plusieurs gouvernants en quête de votes à tout prix comme le maire sortant avec son projet de SRB.

Québec21 se positionne clairement

Bref, nous ne pratiquerons jamais l'aplaventrisme face à ce puissant lobby comme le font plusieurs gouvernants en quête de votes à tout prix comme le maire sortant avec son projet de SRB. Notre position est, et restera toujours claire face à cet enjeu: Québec21 vise la fluidité du transport, qu'importent les moyens. Cette vision comporte évidemment une grande place à l'automobile, mais aussi au transport en commun, au vélo, au taxi ou autre mode de transport qui s'ajouteront dans l'avenir.

Je le répète une fois de plus aux fins de clarté : une administration Gosselin fera une large place aux transports en commun dans la mesure de l'efficience. Ce serait de la folie de simplement couper dans ce service qui est tout de même utilisé par des dizaines de milliers de personnes annuellement.

La guerre à l'automobile et le dogmatisme du transport collectif n'ont pas leur place dans une ville qui aspire à la croissance et au développement qu'elle mérite. Le vrai enjeu, c'est de s'assurer que chaque dollar dépensé aidera à réduire la congestion et servir adéquatement ceux qui auront besoin de se déplacer avec le RTC ou à vélo. L'un ne s'oppose pas à l'autre, au grand dam de nos opposants unipolaires.

Est-ce que cette vision relève réellement de l'hérésie? Je crois que non, et c'est pourquoi je porterai avec fierté cette voix à l'Hôtel de Ville en novembre.

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