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Et maintenant, qui sera le prochain vice-président? Le cas Clinton

Qui sera le prochain vice-président? Il faut dire que l'issue de la course principale ne fait plus de doute dans aucun des deux camps, même si elle n'est techniquement pas encore jouée.
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La course des primaires n'est pas encore achevée que tous les commentaires se déplacent vers une autre interrogation: qui sera le prochain vice-président? Il faut dire que l'issue de la course principale ne fait plus de doute dans aucun des deux camps, même si elle n'est techniquement pas encore jouée. Le poste de vice-président se décide en même temps que celui de président: les électeurs votent en réalité pour un "ticket". Toutefois il s'agit d'un vote indirect: les grands électeurs qui seront désignés feront donc le choix d'un binôme à la tête de l'exécutif. Le rôle du vice-président est, contrairement à celui du président, extrêmement réduit: la Constitution ne lui donne que deux rôles: le principal étant qu'en cas la décès, de destitution ou de démission du président, il doit alors immédiatement occuper la charge ; sa deuxième fonction est d'être le président du Sénat. Toutefois, ce rôle est largement honorifique.

Par conséquent, on comprend bien vite que la fonction principale de cette personnalité est de peser dans l'élection du ticket, en apportant au candidat présidentiel des forces nouvelles qu'il n'est pas forcément en position d'attirer sur son seul nom. Le choix d'un candidat à la vice-présidence relève donc de critères "inverses": si le candidat vient d'un État du nord, on préfèrera quelqu'un du sud ; si c'est un ancien sénateur, on choisira un gouverneur ; si c'est un homme ce serait mieux d'avoir une femme ; et ainsi de suite. Les critères "inverses" sont très importants et excluent d'office certains candidats, qui sont pourtant très brillants, par exemple tous ceux provenant de la même zone géographique que le candidat. Bien entendu, toutes les règles infaillibles ont leur limite: Bill Clinton avait justement choisi de jouer contre cette règle en 1998, en portant son choix sur Al Gore, sénateur du Tennessee, l'État voisin du sien (l'Arkansas).

Hillary: le choix d'une femme?

Parce que c'est également une Clinton, il a souvent été évoqué qu'elle pourrait avoir recours à la même stratégie que son mari. Ne dit-on pas d'ailleurs souvent que c'est elle qui avait imaginé le ticket sans "inverses" ? Pour renforcer la dimension historique d'une première femme candidate à la présidence des États-Unis, le choix de proposer un ticket entièrement féminin a été imaginé par beaucoup. La sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, est alors archi-favorite pour être dans ce binôme, en raison de ses positions politiques et de sa popularité chez les démocrates. Elle apporterait un avantage certain à Hillary Clinton, lui permettant de se recentrer sans perdre de voix sur sa gauche. L'autre joker féminin le plus probable est Claire McCaskill, la sénatrice du Missouri, également très populaire, si elle surmonte ses problèmes de santé. Toutefois, l'équipe de campagne répète sur tous les tons qu'il n'y aura pas de stratégie "Femme" en 2016. Tracy Sefl, une des conseillères d'Hillary Clinton, a confirmé récemment qu'Hillary Clinton ne voulait pas imposer une campagne qui pourrait heurter certains hommes et polariser sur un combat homme-femme qui ne lui semblait pas sain. Tant pis pour l'image.

Les noms de personnalités extrêmement qualifiées pour occuper la fonction vont pleuvoir au cours des prochaines semaines: on va retrouver ceux de Amy Klobuchar, Tom Perez, Tim Kaine, Deval Patrick, Mark Warner, Julian Castro, John Hickenlooper, Sherrod Brown, et quelques autres encore. Bien au-delà des qualités des uns et des autres, deux critères majeurs vont cependant guider le choix d'Hillary Clinton: la capacité de cette personnalité à faire gagner les états-clés et sa côté auprès des jeunes.

Gagner les états-clés, les "swing states"

La condition de la victoire sera, pour les deux candidats, de gagner un nombre d'États qui est finalement assez limité: il s'agit de ceux qui sont tellement partagés entre les deux camps que tout peut arriver, la victoire d'une démocrate, comme celle d'un républicain.

On a longtemps pensé que Julian Castro, le jeune ministre du Logement, issu du Nouveau-Mexique, pourrait permettre de faire la différence à l'Ouest, alors que les votes sont serrés dans le Colorado et l'Arizona. De plus en plus de voix jugent aujourd'hui sa candidature contre-productive pour Hillary Clinton, car il est très jeune et ferait apparaître la candidate comme vraiment très âgée. En revanche John Hickenlooper, le gouverneur du Colorado, pourrait tout à fait remplir ce rôle.

Parmi les États qui sont très convoités, ceux du nord, ouvriers, comme le Michigan, l'Ohio et la Pennsylvanie vont peser un grand rôle à l'automne. Sherrod Brown, sénateur de l'Ohio a donc de bonnes chances de se voir proposer la place.

Enfin, Hillary Clinton aura également un problème dans le sud, en Virginie, en Caroline Du Nord et surtout en Floride. Le sud représente un danger moindre pour la démocrate, car elle sait pouvoir s'appuyer sur un vote afro-américain fort et fidèle et les Hispaniques devraient également voter pour elle en toute logique. Toutefois, en fonction du choix des républicains, particulièrement s'il s'agit d'une personnalité issue de cette région, elle devra alors envisager la possibilité d'avoir un vice-président sudiste et elle ne manque pas de personnalités bien implantées dans cette région.

Sa faiblesse: les jeunes

La campagne des primaires a réservé une surprise de taille à l'ancienne Secrétaire d'État: alors qu'elle voulait être la porte-parole des classes moyennes et de ceux qui ne sont jamais entendus, elle a été confrontée à une fronde inattendue, celle des plus jeunes. Bernie Sanders a capitalisé sur cette frange de la population et on a alors vu sa base se solidifier a un niveau tel qu'il en devenait inquiétant pour la candidate. Jusqu'à 85% des jeunes, et en particulier des jeunes femmes, ont fait le choix de voter pour le doyen de la campagne. Cette situation est de nature à rebattre toutes les cartes et à propulser sur le devant la scène un Bernie Sanders qui pourrait bien être au final le seul choix qui s'offrira à Hillary Clinton lors de la convention de Philadelphie.

Les avantages d'une candidature Sanders sont toutefois largement supérieurs à tous ceux de tous les autres candidats réunis: il y a d'abord l'apport de ce vote des jeunes, notamment ceux qui viennent au vote pour la première fois, ou ceux qui y reviennent après en avoir (déjà) été dégoutés. Rien n'indique qu'ils se déplaceront en novembre si Sanders ne figure pas dans le ticket. Le deuxième point important est que cela éviterait que certains d'entre eux n'aillent voter pour des candidats alternatifs, comme celle des Verts, Jill Stein, ou des libertariens, Gary Johnson. Bernie Sanders a également mis en avant un autre problème: le vote ouvrier s'est manifesté à travers lui pour rappeler que les classes moyennes ne sont pas celles qui ont le plus souffert de la crise. Encore un avantage de positionnement qui peut permettre de sécuriser une candidature Clinton. Enfin,, les revendications sociales du sénateur du Vermont sont un gage pour les plus libéraux des démocrates ; Hillary Clinton pourrait, en s'associant à lui, se positionner plus au centre, et attirer les conservateurs les plus modérés qui seraient réticents à voter pour Donald Trump.

Le choix du vice-président n'est donc pas que l'association de deux personnalités: il est un choix tactique et permet d'élargir une base électorale en gommant certaines des faiblesses du candidat principal. L'avantage est cette année dans le camp démocrate: ils vont pouvoir attendre que la convention républicaine s'achève et que leurs adversaires abattent leurs cartes, avant de montrer leur jeu à leur tour.

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Jean-Eric Branaa: Qui veut la peau du Parti républicain? L'incroyable Donald Trump, éditions de Passy, 2016.

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