Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Lettre à Gaétan Barrette

Il n'est nullement question de partisanerie politique. Mon seul but est que nous marchions tous dans le même sens. Celui de l'humain qui soigne son semblable avec tous les moyens et les ressources humaines et financières qui s'y rattachent.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Monsieur Barrette,

Par la présente, mon but est de vous parler de la situation actuelle et celle des années à venir. Je ne vous parlerai donc pas de mon opinion concernant vos prises de position alors que vous étiez président de la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) du Québec, ni de certaines de vos décisions prises à l'égard de cette même FMSQ depuis que vous avez été nommé ministre de la Santé.

Je veux plutôt vous entretenir sur vos déclarations concernant votre future réforme du réseau de la santé. Premièrement, je ne peux que saluer votre décision d'abolir une fois pour toutes les Agences régionales de santé. En effet, plusieurs seront heureux de voir disparaître cette structure administrative qui coûte des millions de dollars et qui, en fin de compte, n'est qu'un intermédiaire entre les CSSS et votre ministère. Mais, honnêtement, je vais y croire lorsque ce sera fait. Je suis quelque peu incrédule, car Jean Charest avait promis exactement la même chose en campagne électorale en 2003.

Comme vous le savez, il n'a pas tenu promesse, car les Régies régionales censées être fermées ont simplement changé de nom. Pire encore, le nombre de cadres y travaillant n'a cessé d'augmenter depuis. M. Charest avait aussi promis de travailler en collaboration avec le personnel du réseau de santé. Non seulement cela ne s'est jamais produit, mais l'entêtement du chef du gouvernement et de Philippe Couillard, alors ministre de la Santé, aura engendré un mouvement de solidarité et de mobilisation rarement vu parmi les employés de la santé. Jamais il n'y a eu de négociations avant d'adopter, sous bâillon, des lois rétrogrades et injustifiées qui nous ont été littéralement enfoncées dans la gorge.

Tout cela pour vous dire, monsieur le ministre, que je trouve plus qu'intéressante votre déclaration concernant l'abolition de dizaines de postes de cadres du réseau.

Depuis des années, sur toutes les tribunes imaginables, je dénonce le trop grand nombre de personnels-cadres dans le réseau de la santé. Jamais personne avant vous n'a été aussi déterminé à réaliser cette purge. Ils étaient tous trop apeurés d'attaquer la sacro-sainte bureaucratie qui ne cesse de grossir année après année.

Pour en arriver là, vous auriez décidé, semble-t-il, de fusionner plusieurs des 182 CSSS de la province afin d'en réduire le nombre à 30. Bien évidemment, cette mesure vous donnera une grande marge de manœuvre servant, entre autres, à abolir des centaines de postes de cadres. Le but ultime de cette démarche sera-t-il de réinvestir les sommes ainsi économisées en soins directs aux patients? Si tel est le cas, je vais être le premier à vous lever mon chapeau. Par contre, si ces coupes ne sont qu'un autre moyen d'atteindre l'équilibre budgétaire sans plus, je vais monter encore une fois aux barricades et je peux parier que je ne serai pas seul à le faire.

J'ai une suggestion pour vous: pourquoi ne pas faire les choses différemment des autres ministres de la Santé, tous partis confondus? Certaines fois, nous, les employés du réseau, avons bel et bien été consultés, mais jamais ou très rarement écoutés. Je vous souligne que cette situation existe aussi dans certains établissements ou les gestionnaires n'appliquent jamais nos idées. S'il fallait que nous apportions trop de bonnes idées, comment pourraient-ils justifier leur salaire?

Ne croyez-vous pas que notre proximité avec les patients, au quotidien, et notre forte présence sur le terrain pourraient nous permettre de vous faire des suggestions concrètes et durables afin de résoudre plusieurs problèmes reliés à l'organisation du travail?

Je vous invite donc à consulter directement les personnes œuvrant auprès des patients plutôt que les patrons qui, pour certains, n'ont aucune idée de ce qui se passe dans leur établissement. Jamais je n'aurai cru suggérer la création d'un comité, car j'ai souvent contesté plusieurs consultations du gouvernement en sachant très bien qu'elles se termineraient sur une tablette. Mais, car il y a un mais, je vous demande de réfléchir à la formation d'un comité composé uniquement de personnes œuvrant dans les CSSS auprès des patients.

Le but de ce comité étant d'apporter des suggestions concrètes au ministre afin d'améliorer les soins, le climat de travail, la rétention du personnel, les relations patrons-employés et ainsi de suite. Je crois bien humblement qu'un tel comité pourrait aider à changer le visage de moins en moins humain du réseau de santé, tout en améliorant les services et la satisfaction au travail de vos employés. Nous ne sommes pas sur une chaine de montage et nous n'aimons pas être traités comme si nous l'étions. Le patient n'est pas une boîte!

Je sais que tenter de résoudre les nombreux problèmes du réseau n'est pas chose facile. Mais si nous nous donnons tous la main, peut-être que nous allons réussir là ou plusieurs autres ont échoués.

J'ose espérer vous avoir fait réfléchir tout en vous assurant de ma collaboration à toute démarche visant l'amélioration du fonctionnement du réseau de la santé. Il n'est nullement question de partisanerie politique pour moi. Mon seul but est que nous marchions tous dans le même sens. Celui de l'humain qui soigne son semblable avec tous les moyens et les ressources humaines et financières qui s'y rattachent.

À VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.