Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Un cri du coeur sur la qualité des soins en CHSLD

J'ai toujours usé de diplomatie et de tact afin de parler de ces soi-disant milieux de vie, comme se plait à les nommer le gouvernement. Mais après toutes ces années, je me rends compte que tact et diplomatie ne mènent à rien. Alors je me laisse aller.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Bon, me voilà dans ma trente et unième année comme préposé aux bénéficiaires dans un centre de réadaptation physique. Au fil des ans, j'ai vécu maintes réorganisations, et ce tant au niveau local qu'au niveau provincial.

Chaque changement de chef de service, de gestionnaire et de ministre de la Santé apporte son lot de révolutions et de nouvelles façons de faire. Je suis aussi un ardent défenseur des conditions de vie pour les personnes vivant en CHSLD ou en résidences privées. Je dénonce depuis de nombreuses années, sur toutes les tribunes, le quotidien indigne et irrespectueux que sont obligées de vivre ces personnes ayant bâti notre société. À la radio, à la télé et souvent dans les journaux, je dénonce et dénonce encore et encore.

Nous trouvons tous ces conditions de vie inacceptables, mais outre être scandalisés durant quelques heures, que faisons-nous? Rien! Vous savez pourquoi? Parce que les gouvernements, tous partis confondus, ont réussi à banaliser et à qualifier de cas isolés la maltraitance dont sont trop souvent victimes nos pères, mères et grands-parents.

Je serais le premier à dénoncer un intervenant qui maltraite verbalement ou physiquement un patient. Mais qui se soucie de la maltraitance institutionnalisée qui se vit au quotidien? J'ai toujours usé de diplomatie et de tact afin de parler de ces soi-disant milieux de vie, comme se plait à les nommer le gouvernement. Mais après toutes ces années, je me rends compte que tact et diplomatie ne mènent à rien. Alors je me laisse aller.

Qui est le con ou la conne qui décide de ne donner qu'un seul bain complet par semaine à nos aînés? Jamais je n'ai eu de réponse à cette question. L'ancien ministre de la Santé, Réjean Hébert, a dit en ondes au 98,5 fm qu'il ne pouvait pas commencer à dicter le nombre de bains donnés chaque semaine. Mais c'est de la foutaise! Qui ne dit mot consent, comme l'actuel gouvernement qui semble n'en avoir que faire de nos «vieux». D'autres diront que certaines personnes âgées ne veulent pas plus d'un bain par semaine. Soit. Mais il y en a qui, avant d'atterrir dans ces mouroirs, prenaient un bain ou une douche de façon quotidienne. Si ce sont de véritables milieux de vie, ne croyez-vous pas que les personnes, jeunes ou plus âgées, y résidant devraient vivre le plus possible comme ils le faisaient alors qu'ils étaient chez eux? L'actuel ministre de la Santé et ses (trop) nombreux prédécesseurs ainsi que les autres élus de l'Assemblée nationale ne prennent-ils qu'un seul bain par semaine?

Et que dire aussi de la nourriture? Dois-je vraiment développer sur le fait que les prisonniers sont mieux nourris que nos aînés?

Gérer un CHSLD est très payant. Imaginez les compagnies qui en administrent une quinzaine! Car contrairement à la croyance populaire, ce ne sont pas tous les CHSLD qui sont totalement dirigés par le gouvernement. Des hommes et femmes d'affaires y trouvent aussi leur compte et deviennent millionnaires sur le dos de nos personnes âgées.

Imaginez un peu être à la tête de plusieurs CHSLD. Économies obligent, on rationne la nourriture. Autant que possible, on regroupe les services alimentaires au même endroit et on envoie les plats préparés, incluant, dans certains cas, même les rôties, dans chacun des établissements pour y être simplement réchauffés. Savez-vous que certains de ces grands(!?) gestionnaires demandent à du personnel-cadre de compter les culottes d'incontinence par patient pour chacun des quarts de travail? C'est normal, ils veulent engranger le plus de dollars possible sur le dos des travailleurs et des résidents.

L'importance accordée aux personnes vivant en résidence réside aussi dans le fait qu'il y a plus d'inspecteurs pour les conditions de vie des chiens qu'il n'y en a pour les personnes vivant dans ces endroits. Environ dix fois plus! Ce seul fait me répugne au plus haut point. J'adore les animaux, j'en ai quatre, mais avoir le choix d'investir, comme l'a le gouvernement, je pencherais un peu plus du côté des humains. Pas vous? Autre chose qui fait grimper ma pression: l'organigramme du ministère de la Santé qui compte environ 800 personnes. Le patient n'y figure même pas!

Je ne vais qu'effleurer le sujet des résidences privées, car je suis trop en maudit pour y aller en profondeur. La moyenne salariale des préposés aux bénéficiaires, au privé, est d'environ 12$ de l'heure. Grâce au gouvernement libéral précédent, ceux-ci sont obligés, dans la plupart des endroits, de distribuer la médication et même d'injecter l'insuline aux diabétiques! Pourquoi? Afin que le privé puisse faire plus d'argent en embauchant de moins en moins d'infirmières et d'infirmières auxiliaires. Cela, gracieuseté d'une loi adoptée à l'Assemblée nationale.

J'arrête ici (pour l'instant) sinon le Presto va sauter et jamais cette lettre ne sera publiée. Je me dois de vous mentionner que certains de ces endroits, au privé comme au public, sont plus humains que d'autres. Par contre, la majorité des établissements devraient considérablement améliorer et rendre plus humains leurs soins et leur interprétation de la définition de «milieu de vie» afin que le quotidien de dizaines de milliers de personnes devienne un peu plus vivable et normal.

Un conseil: que vous soyez travailleur ou visiteur ou même patient, si vous êtes témoin d'agissements ou de gestes inacceptables, de grâce, dénoncez-les. Faisons-le pour eux, en nous rappelant que nous serons eux un jour!

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Avril 2018

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.