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Problèmes de gestion à l'ENAP: qu'en est-il vraiment?

Une série d'articles dansau sujet de l'École nationale d'administration publique ont fait état de problèmes présumés de gestion au sein de cette université. En tant qu'étudiants passés et actuels impliqués au sein des instances de l'ENAP et de l'Association étudiante, nous souhaitons remettre certaines affirmations en perspective afin que les véritables enjeux liés à notre univers académique reçoivent un traitement approprié.
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La semaine dernière, une série d'articles dans La Presse au sujet de l'École nationale d'administration publique (ENAP) ont fait état de problèmes présumés de gestion au sein de cette université. En tant qu'étudiants passés et actuels impliqués au sein des instances de l'ENAP et de l'Association étudiante, nous souhaitons, par la présente lettre, remettre certaines affirmations en perspective afin que les véritables enjeux liés à notre univers académique reçoivent un traitement approprié.

Une clientèle diversifiée

Sur le fond, nous ne pouvons ignorer le fait que l'ENAP attire une clientèle particulière qui se divise entre les analystes, dont la majorité provient du premier cycle universitaire et étudient à temps plein et les gestionnaires, qui sont admis sur la base de leur expérience sur le marché du travail et font fréquemment leur parcours académique à temps partiel. Transversalement, un nombre important d'étudiants effectuent pour la première fois leur étude en sol québécois, ajoutant une troisième dimension à l'hétérogénéité avec laquelle les enseignants doivent composer. La qualité des échanges dans la communauté de l'ENAP doit nécessairement passer par des arrimages qui relèvent de l'accompagnement académique et de l'intégration.

Ceci n'est pas sans conséquence, puisqu'un fossé plus ou moins important se creuse entre les compétences, les connaissances, les besoins et les exigences de chacun de ces groupes. Pris dans un jeu d'équilibriste périlleux, les professeurs et chargés de cours doivent souvent faire preuve d'une grande souplesse pour réconcilier des réalités qui ne sont pas nécessairement toujours convergentes. En filigrane, la gestion de cette pluralité constitue les deux facettes d'une même médaille : la diversité, tant professionnelle que culturelle, en est sa force, mais constitue aussi son principal défi puisque l'ENAP appartient à un système universitaire qui a des exigences à prétention universelles.

Cette diversité existe aussi au sein du corps des enseignants. La présence de divers maîtres d'enseignement, chargés de cours, professeurs émérites et aussi d'anciens hauts fonctionnaires ou ministres, tant à l'échelle nationale qu'internationale, apporte une richesse qui bonifie l'expérience étudiante. La pertinence de notre formation réside justement dans la construction des ponts entre la théorie et la pratique, alors que la gestion publique doit tirer profit des meilleures pratiques observées un peu partout sur la planète.

Des causes profondes

Les universités québécoises dans leur ensemble vivent des moments difficiles, voire critiques. L'ENAP, faisant pourtant figure de bon élève en matière de contrôle du déficit, ne fait pas exception. En effet, le contexte québécois du financement des universités est en grande partie responsable de la dérive que connaît notre institution. Prises entre les coupures gouvernementales et les exigences de ses étudiants et salariés, les universités sont forcées de compenser par des stratégies d'augmentation des revenus: attirer et retenir à tout prix les étudiants, dont les frais de scolarité et les transferts gouvernementaux qui y sont liés constituent une solution de financement à court terme. Malheureusement, il est vrai que cela se fait parfois au détriment de la qualité de leur dossier académique à l'admission. Si cette approche permet de colmater des besoins à court terme pour l'ENAP, elle revêt cependant des effets pervers qui se manifestent sur le long terme en diluant la vocation spécialisée de l'université.

Des pistes de solutions

L'ENAP doit prendre acte des deux rapports d'autoévaluation de la maîtrise et du doctorat et y donner suite en mobilisant l'ensemble des acteurs de l'ENAP. Il en va du maintien de sa position de chef de file canadien de l'étude de l'administration publique. Il en va aussi de la crédibilité de cette université au Québec et sur la scène internationale.

Par ailleurs, des mesures périphériques peuvent être envisagées dans le but de consolider la relation de la confiance entre les étudiants, le personnel de l'ENAP ainsi que le public. À titre d'exemple, une réforme sérieuse du barème d'attribution des notes, du processus de révision de note et du système de gestion des plaintes, qui, à notre avis, manque de rigueur, est impérative. Plus de transparence dans le processus d'évaluation des professeurs et chargés de cours pourrait aussi s'inscrire dans une telle démarche. Malheureusement, et notre parcours au cœur de la vie étudiante peut en témoigner, l'ENAP n'a pas toujours fait preuve d'écoute et de pragmatisme à cet égard.

Finalement, l'édification d'une réelle culture de fierté et de l'excellence passe par des projets d'avant-garde et porteurs de sens tels que le parrainage des étudiants, la culture de la reconnaissance avec les personnalités en provenance de l'ENAP ainsi que la mise en relief des réussites de nos étudiants qui ont investi les grandes organisations. La clé se trouve dans ce métissage unique des savoirs et des expériences.

Une université différente

L'ENAP est une université spécialisée dont la mission, le mandat et le rôle se distinguent des autres universités. Les récents articles parus dans les pages de La Presse évoquent quelques problèmes institutionnels, mais toujours de façon très superficielle. Il existe des raisons de fond qui font en sorte que sa crédibilité se retrouve attaquée sur la place publique - le mode de financement en étant la figure essentielle. Et pourtant ! L'ENAP regorge de professeurs dynamiques, de bâtisseurs au parcours à faire rêver et d'étudiants motivés qui, par leur diversité, enrichissent le parcours de cette institution d'enseignement. Dans l'état actuel des choses, il s'agirait surtout de resserrer les critères d'évaluation des étudiants et d'avoir une certaine vision. C'est aussi et surtout ce à quoi s'attend la société de ses futurs gestionnaires publics.

Ce billet est cosigné par : Laurent Trempe, administrateur de l'association étudiante, étudiant à la maîtrise; Jean-Sébastien Marchand, ancien administrateur de l'association étudiante, étudiant au doctorat; Jean-Bernard Marchand, ancien président de l'association étudiante 2013-2014, diplômé maitrisard; Julie Bernard, ancienne présidente de l'association étudiante 2012-2013, candidate au doctorat; Hanafi Tessa, ancien administrateur de l'association étudiante, candidat à la maîtrise; Kevin Neuville, étudiant français, diplômé maitrisard; Julie Maude Normandin, ancienne présidente de l'association étudiante 2010-2011, candidate au doctorat; Catherine Périllat-Turbide, ancienne présidente de l'association étudiante 2011-2012, diplômée maitrisard; Jessica Amiot, ancienne présidente de l'association étudiante 2012, diplômée maitrisard.

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