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Il n'y a «pot problème» avec la légalisation de la marijuana

Légaliser la marijuana permettrait le développement d'un nouveau secteur économique et entrepreneurial.
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Au Canada, le fait de posséder, cultiver ou vendre du cannabis est considéré comme illégal, sauf dans le cas d'une permission spéciale de Santé Canada. Or, des millions de consommateurs sont prêts à débourser beaucoup d'argent et prendre des risques considérables afin de satisfaire leur envie de consommer de la marijuana, ou d'investir pour en vendre à ceux qui en veulent. Au moment d'écrire ces lignes, acheter ou vendre du pot pourrait avoir des conséquences judiciaires importantes pour un individu qui se fait prendre.

Malgré des lois strictes qui s'appliquent autant aux producteurs, vendeurs et consommateurs de marijuana, malgré le nombre élevé de kilos saisis par les autorités policières chaque année, la culture du pot et sa consommation ne diminuent pas. Près de la moitié des Canadiens auront ainsi consommé de la marijuana au moins une fois dans leur vie selon des données de 2012 de Santé Canada. Un chiffre presque identique à celui obtenu en 2004. Clairement, l'approche prohibitive a montré depuis longtemps son inefficacité sur les plans économique et juridique.

Pourquoi alors ne pas légaliser ce produit et permettre la création d'un marché légal de la marijuana au pays, comme les libéraux de Justin Trudeau l'ont promis et reconfirmé lors du plus récent discours du Trône?

Les bénéfices économiques

Il y aurait un certain nombre de bénéfices économiques à légaliser la marijuana. Au Colorado, où son commerce est légal depuis 2014, la taxation de cette substance génère des recettes qui dépassent les 100 millions de dollars par mois. Si le contexte légal était le même au Canada, qui compte près de sept fois plus d'habitants que le Colorado, l'État aurait pu, en théorie, obtenir des recettes de 871 millions $ pour l'année en cours.

Dans l'État de Washington, où existe un marché privé depuis 2012, près de 700 nouvelles entreprises ont ouvert leurs portes et offrent aux clients des brownies, du chocolat et des... boissons gazeuses au pot! Ce sont 700 entreprises qui ont besoin de main-d'œuvre, de fournisseurs et qui paient des impôts.

Légaliser la marijuana permettrait le développement d'un nouveau secteur économique et entrepreneurial. Plutôt que de dépenser des sommes colossales pour empêcher les gens de faire quelque chose qu'ils vont bien souvent faire de toute façon, on pourrait laisser émerger un secteur économique qui créerait de la richesse plutôt que de la dilapider et de la laisser partir en fumée.

Peut-être même qu'une légalisation du produit attirerait des touristes. Au Colorado, dans les boutiques vendant de la marijuana à des fins récréatives, on estime à plus de 70 % la proportion de touristes parmi les clients.

Le coût de la prohibition

Certains pays comme l'Uruguay et le Portugal ont légalisé ou décriminalisé la marijuana. Dans les deux cas, des raisons économiques ont été avancées, mais des raisons juridiques ont également été au cœur des décisions. Dans le cas de l'Uruguay, on a cité des raisons de lutte à la criminalité pour légaliser la substance. Le Portugal a partiellement décriminalisé plusieurs types de drogues pour des raisons en lien avec la santé publique et avec l'impact mitigé des peines d'emprisonnement sur le pourcentage de consommateurs au pays.

D'ailleurs, selon l'Institut Cato de Washington, il n'y aurait pas eu d'augmentation de consommation au Portugal, malgré la décriminalisation. Ce qui vient contredire les arguments de ceux qui prétendent que la légalisation va entrainer une hausse de la consommation. De toute manière, aujourd'hui, ceux qui veulent de la drogue vont en trouver. Par contre, comme le produit est illégal, ils vont devoir être en contact avec le crime organisé. Et en ce moment, c'est surtout le crime organisé qui profite de la vente de cette drogue. Pour lutter contre le crime, la meilleure arme pourrait être de leur retirer une grosse partie de leurs revenus.

Au Canada, pendant qu'on se prive de revenus liés à un marché légal de la marijuana, on dépense beaucoup pour lutter contre cette drogue. De 2006 à 2013, le nombre d'arrestations liées à la possession de marijuana s'est élevé à 405 000. Ce sont des milliers de policiers et autres intervenants qui sont appelés à passer du temps sur ces dossiers, ce qui coûte au trésor canadien une petite fortune. Un rapport du Sénat estimait le coût annuel de la prohibition de la marijuana, pour ce qui est de l'application de la loi et du système judiciaire, entre 300 et 500 millions de dollars. Cette somme est annuelle, je le répète. Pour plusieurs, il s'agit d'un coût disproportionné par rapport aux conséquences de ce produit sur le plan social et de la santé.

Évidemment, cet billet de blogue ne devrait pas être perçu comme un encouragement à consommer ni comme une banalisation de la consommation de drogue. Personnellement, je pense que les gens qui consomment actuellement auraient intérêt à diminuer, voire à mettre fin à leur consommation. Mais ce conseil ne risque pas de faire diminuer la consommation de ceux qui fument un joint occasionnellement, comme on peut consommer une bière occasionnelle.

Imaginez si la bière était illégale. Qu'est-ce que les gens feraient pour en acheter? La même chose que les gens qui veulent du pot font en ce moment. Dans notre société, pour s'assurer que les effets néfastes de la consommation d'alcool soient plus faciles à gérer, on pense qu'il est préférable que le produit soit légal, n'est-ce pas? Ce raisonnement logique s'applique aussi à la marijuana. La meilleure politique publique concernant la marijuana n'est pas la prohibition, mais la légalisation et la réglementation. Ce avec quoi un grand nombre de Canadiens sont d'accord.

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