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Le courage de porter une petite tenue sexy quand on est grosse

Il se passait quelque chose de fort chaque fois que je publiais un selfie : j'étais à l'écoute de mon ressenti. En me rendant compte, par exemple, que je n'avais pas besoin de passer le restant de la journée à me trouver moche, ce qui aurait été une perte de temps monumentale !
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Je suis sur cette planète depuis 35 ans. Je suis mariée depuis 2001, maman depuis 2003 (j'ai aujourd'hui cinq enfants) et blogueuse depuis 2010. L'an dernier, j'ai commencé à parler. En public. Devant des gens.

L'idée de ne plus être devant mon ordi mais face à eux m'a un peu effrayée. Avec les mobiles et les réseaux sociaux, je savais qu'ils publieraient des photos où j'apparaîtrais, dans différentes circonstances. Et que je ne pourrai décider ni de l'angle ni du filtre utilisé.

Il fallait absolument que j'apprenne à m'accepter telle que j'étais, et vite, sinon ça allait être l'enfer. Autant j'aimais les autres, autant je ne me supportais pas.

J'ai commencé à raconter mon cheminement sur le fil Instagram Birth Without Fear, adapté de mon blogue et de ma page Facebook. Il se passait quelque chose de fort chaque fois que je publiais un selfie : j'étais à l'écoute de mon ressenti. En me rendant compte, par exemple, que je n'avais pas besoin de passer le restant de la journée à me trouver moche, ce qui aurait été une perte de temps monumentale ! Cette franchise m'a permis d'échanger avec des milliers d'autres femmes, qui ont accepté d'évoquer à leur tour le regard qu'elles portaient sur elles-mêmes, et de partager leurs photos en exprimant ce qu'elles ressentaient, avec le hashtag #bwfselflove.

La chose la plus importante que j'ai apprise, c'est que mon regard sur les choses avait toujours été celui d'une obèse. J'avais l'impression que les filles minces avaient vraiment la belle vie. De quoi auraient-elles pu se plaindre ? Mais quand j'ai commencé à lire les témoignages de ces belles femmes, je me suis aperçu que certaines parlaient de problèmes liés à leur image. Il y en avait même qui se forçaient même à prendre du poids afin d'être en bonne santé, pour elles-mêmes et pour leurs enfants.

L 'une d'elle m'a dit récemment que ma démarche l'avait énormément aidée à s'accepter après son anorexie. C'est très émouvant.

En tout cas, ça a changé ma vie. J'ai pris conscience que nous avons tous des complexes et que notre équilibre physique et mental ne se voient pas toujours de l'extérieur.

Au lieu de juger les autres, écoutons-les.

L'an dernier, j'ai rencontré Ashlee Jackson et Laura Wilson, qui s'occupent du fantastique 4th Trimester Bodies Project. Ce site propose une série de photos magnifiques en noir et blanc de mamans de toutes tailles et de tous âges. Je suis tombée amoureuse de leur travail. Pourtant, quand elles m'ont proposé d'y participer, je n'ai pas répondu. J'avais fait du chemin, mais je ne me sentais pas prête. Me faire prendre en photo en petite tenue sexy pour un site internet? Certainement pas !

Mais, dans les mois qui ont suivi, je me suis lentement débarrassée de mes pensées négatives et j'ai commencé à m'accepter telle que j'étais. Au début, c'était une décision que je devais prendre chaque matin. Je me disais littéralement : « January, c'est peut-être ton dernier jour, alors évite de le passer à te trouver moche. Tu as donné la vie à CINQ personnes, il serait temps que tu en sois fière. » Après ça, c'était de plus en plus facile.

Et en avril, quand Ashlee et Laura sont passées dans le coin, je me suis dit : « Après tout, pourquoi pas ? » J'ai demandé à mon mari et à mes enfants ce qu'ils en pensaient. Mon mari a répondu qu'il me soutiendrait dans ma décision, et mes enfants étaient ravis à l'idée que leur maman allait se faire photographier en sous-vêtements. De toute manière, ils me trouvent ravissante.

La journée a été très valorisante. Les gens étaient aux petits soins avec moi, et je me suis sentie aimée et acceptée comme la ravissante déesse que je suis. C'était génial. Alors que j'étais en petite culotte. Avec tous mes kilos en trop.

Crédit photo : Ashlee Wells Jackson, 4th Trimester Bodies

Et puis j'ai partagé ces photos sur les réseaux sociaux, et je n'ai pas eu à le regretter. 99,9% des commentaires étaient positifs. Si vous avez un peu surfé ces derniers temps, vous savez que c'est assez inhabituel.

Et pour les 0,1% d'inconnus qui jugeaient de ma santé en fonction de ma silhouette, je répondais simplement : « Je suis grosse. Je suis en bonne santé. Je suis grosse et en bonne santé. » De toute façon, quand il ne s'agit ni de ma famille proche, ni de mon médecin, l'opinion des gens sur le sujet m'importe peu.

Il est grand temps de nous débarrasser de toutes les pensées, monologues et commentaires négatifs que l'on se fait, ou que l'on fait sur les autres, quotidiennement. Je profite bien plus de ma vie depuis que j'y mets de l'amour plutôt que du dégoût.

J'oubliais : être mère de cinq enfants m'a demandé bien plus de courage que de poser en petite tenue sexy pour un site internet.

Crédit photo : Ashlee Wells Jackson, 4th Trimester Bodies

Michelle Rosini

The 4th Trimester Bodies Project

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