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Nos enfants canadiens méritent mieux

Le Canada continue de prendre du retard sur les autres pays développés en ce qui concerne le bien-être des enfants.
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Il est plus facile d’obtenir de meilleures données sur l’état des vaches canadiennes que sur l’état de nos enfants. Cela est clairement inacceptable.
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Il est plus facile d’obtenir de meilleures données sur l’état des vaches canadiennes que sur l’état de nos enfants. Cela est clairement inacceptable.

Ce texte a été coécrit par la sénatrice Raymonde Gagné, originaire du Manitoba. Elle est membre du Comité des langues officielles, du Comité des transports et des communications et du Comité de l'agriculture et des forêts du Sénat.

Une fois de plus cette année, nous avons souligné la Journée nationale de l'enfant, qui marque l'adoption de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant. Cependant, le Canada avait bien peu de progrès à célébrer.

Certes, le gouvernement fédéral a établi une stratégie de réduction de la pauvreté, des conseils jeunesse conseillent le premier ministre et on prévoit d'adopter une Loi canadienne sur l'accessibilité: ce sont toutes des mesures importantes pour améliorer le bien-être des enfants et de leurs familles. Malgré tout, le Canada continue de prendre du retard sur les autres pays développés en ce qui concerne le bien-être des enfants.

Le suicide est la deuxième cause de décès chez les enfants canadiens.

En 2017, selon l'Indice de bien-être chez les enfants et les jeunes et de durabilité de l'UNICEF, le Canada se classait au 25rang parmi 41 pays comparables. De plus, une étude nationale récente menée par l'organisme Children First Canada indique que le suicide est la deuxième cause de décès chez les enfants canadiens. On constate aussi une augmentation des taux d'hospitalisation liés à la santé mentale et environ un enfant canadien sur cinq continue de vivre dans la pauvreté.

Lorsque l'on tient compte de la situation des enfants des Premières Nations, le portrait est encore plus désolant.

Un enfant autochtone sur trois vit dans la pauvreté. Cette proportion grimpe à plus de 60% chez les enfants qui vivent dans les réserves.

Chez les jeunes des Premières Nations, les taux de suicide sont de cinq à sept fois plus élevés que ceux des jeunes non autochtones. Le taux de suicide parmi les jeunes Inuits, 11 fois supérieur à la moyenne nationale, est l'un des plus élevés au monde.

Nous devons faire mieux.

Lors d'une récente réunion multipartite du caucus ouvert au Sénat canadien, des experts de partout au pays ont abordé la question du bien-être des enfants au Canada. Comme le caucus a pu l'entendre à cette occasion, le Canada a encore beaucoup de travail à faire.

Le Canada ne respecte pas ses obligations aux termes de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant, qui vise à assurer le droit des enfants à la survie et à la protection contre le danger, la négligence et l'exploitation, ainsi que le droit de développer pleinement leur potentiel en participant à la vie familiale, culturelle et sociale.

Le principe de Jordan, adopté à l'unanimité à la Chambre des communes en 2007 et qui vise à assurer aux enfants des Premières Nations un accès équitable à tous les services et soutiens gouvernementaux, n'est toujours pas appliqué.

Andrea Auger, membre de la Première Nation de Pays Plat, travaille pour la Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières Nations, et a déclaré devant notre assemblée que, depuis longtemps, le gouvernement fédéral entretient la discrimination exercée à l'égard des enfants des Premières Nations. En fait, le Tribunal canadien des droits de la personne a déjà rendu cinq ordonnances de non-conformité contre le gouvernement fédéral pour ne pas avoir mis en œuvre le principe de Jordan.

Au bout du compte, sur le plan des services de santé, des services sociaux et de l'éducation, les enfants des Premières Nations se voient toujours refuser le financement dont profitent leurs homologues non autochtones, et cela est inacceptable. M Auger a fait valoir que nous devons assurer une égalité réelle, rappelant par le fait même au caucus que la protection de l'enfance était l'appel à l'action n 1 du rapport de la Commission de vérité et de réconciliation.

Comment changer la trajectoire des jeunes les plus vulnérables?

Le Canada doit assurer la pleine mise en œuvre du principe de Jordan. Les enfants des Premières Nations méritent des mesures de soutien et des services de qualité, comme ceux qui sont offerts à leurs homologues non autochtones.

Le gouvernement doit également nommer un commissaire fédéral à l'enfance et à la jeunesse. Comme l'a expliqué Stephanie Mitton, de l'organisme Children First Canada, un commissaire veillerait à ce que nos gouvernements rendent des comptes. Soixante autres pays se sont déjà dotés d'un commissaire à l'enfance et, comme l'a fait remarquer Pamela Lovelace de La jeunesse au cœur de l'action, il a été établi, preuves à l'appui, qu'un tel poste contribue à améliorer le bien-être des enfants.

Nous devons élaborer de toute urgence une stratégie de prévention du suicide chez les jeunes et financer des services de santé mentale, à l'échelle nationale.

Enfin, nous devons élaborer de toute urgence une stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes et financer des services de santé mentale à l'échelle nationale, particulièrement pour les jeunes autochtones. M Lovelace a souligné le grand succès de la récente campagne québécoise de prévention du suicide chez les jeunes. Mais comme l'a dit Amy Metcalfe, professeure adjointe à l'Université de Calgary, la prévention du suicide ne se fait pas seulement à l'hôpital et dans les organismes de soins de santé: elle doit être mise en œuvre et appuyée à l'échelle de la collectivité.

Des données de qualité sont essentielles à la mise en œuvre de politiques efficaces. Comme MLovelace l'a rappelé au caucus, nous ne savons même pas combien d'enfants sont pris en charge au Canada.

Kathy Vandergrift, présidente de la Coalition canadienne pour les droits des enfants, a déclaré qu'elle était en mesure d'obtenir de meilleures données sur l'état des vaches canadiennes que sur l'état de nos enfants. Cela est clairement inacceptable.

Investir dans les jeunes, c'est investir dans notre avenir. Il est maintenant temps pour tous les ordres de gouvernement de travailler ensemble et de mettre le bien-être et les droits des enfants canadiens à l'avant-plan.

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