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Une Charte de la laïcité, pour quand M. Couillard ?

La «liberté de religion» est une expression impropre avec ses deux termes mal associés, le 2e cherchant le prestige du 1er.
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Monsieur Couillard nous promet une nouvelle charte de la laïcité.

Je suis inquiet.

Du recul des valeurs communes au profit de communautarismes en formation.

De la soumission des femmes en milieu familial et communautaire.

De la sincérité d'intégration mal affichée des représentants le plus en vue de ces communautés qui brandissent le mot «liberté» dont ils travestissent le sens et la portée pour en faire un cheval de Troie communautariste.

Des graves problèmes vécus en Europe avec les communautés musulmanes ghettoïsées et mal intégrées.

De l'évidente omerta assez générale sur les problématiques religieuses, dont les plus terrifiants sont les crimes d'honneur.

Du refus de faire son propre débat démocratique à l'égard de son adaptation malaisée aux valeurs de la modernité (liberté d'expression critique des croyants face aux crédos, rigoureuse démocratie interne, égalité homme femme, etc.).

Des privilèges coûteux au trésor public (fiscaux, scolaires, immobiliers, écoles à projets éducatifs religieux, tribunaux religieux et familiaux, subventions très discrétionnaires pour le patrimoine architectural, etc.) : crédits d'impôts, de $1,08 milliards par an (fédéraux seulement), et idem au provincial. Sans justification, et couronnés d'accommodements agaçants et non fondés.

Des rituels religieux, cruels et payants, imposés aux commerçants de l'alimentation et refilés aux consommateurs.

De la frime publicitaire que sont leurs œuvres caritatives : «33 400 organisations religieuses au Canada reçoivent 40% de tous les dons; (...) Au Québec, il y a 1427 organisations catholiques, 30 islamiques et 280 Témoins de Jéhovah (...), mais sur 1039 étudiées 6% seulement d'entre elles utilisent leurs ressources à autre chose qu'au culte et à la promotion de la foi» («L'Actualité», déc. 2013, p.11). En fait, une enquête sérieuse s'impose.

De l'accolage des universités par des Chaires pour y instiller un credo et une approche sympathique à la croyance de l'âge du Bronze dans une institution au service du savoir scientifique moderne : le sexologue et universitaire, John Money, en a fait les frais (cf. Lovemaps).

Du marquage systématique sur les vêtements, l'horaire de travail, les jours fériés, l'alimentation (kasher et halal), les signes de toutes sortes pour fragmenter et fragiliser l'espace public commun, qu'il soit psychologique ou physique.

De l'omerta complète sur les transferts de fonds venant des États théocratiques violents du Golfe à des organisations religieuses et scolaires en sol canadien.

Des textes sacrés concurrents, voire hostile, à la philosophie fondatrice de notre constitution, et dont la mentalité est celle de l'âge du Bronze.

De la conception antihumaniste des trois monothéismes puisque leurs opposants sont traités de «chiens » et de «pourceaux» (Mt, 7, 6), de «gens du dehors» (Éph, 2, 19), de «mécréants» (Sourate 4,89). « Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu » (Sourate 9, 29), qui finit en une sorte d'abandon de son humanité : «Je vis, mais ce n'est plus moi qui vis» (Gal, 2, 20).

Un MLES complaisant ouvre ses programmes à cette pédophilie catéchistique par son cours ECR qui tourne le dos aux sciences humaines modernes et aux philosophies contemporaines.

Ce désordre a aussi une origine sémantique. La «liberté de conscience» est un concept bizarre, car cette liberté est irréductible. Même sur une chaise à torture, elle demeure nôtre bien que fort malaisée. Elle n'a pas à être mentionnée dans nos lois puisque celles-ci portent exclusivement sur notre être extérieur et social que sont nos actions et notre comportement. Même lors d'une limitation de la liberté d'expression, la liberté de conscience demeure intacte.

La «liberté de religion » est une expression impropre avec ses deux termes mal associés, le 2e cherchant le prestige du 1er. En effet, la liberté est une capacité fondamentale, exigible pour tous, tandis que la religion n'est qu'une opinion et un héritage historique dont on peut disposer. Ainsi, on peut se départir de la seconde en changeant de religion, en devenant athée ou agnostique, mais aucunement de la liberté, car tous veulent être libres.

La liberté, en outre, est modulée par les lois; en revanche, la religion refuse une loi non divine, car Dieu se dit au-dessus de tout) et il est à la fois fixe dans son crédo et soumis à toutes les irrationalités des chefs religieux autoproclamés. «Liberté de religion» doit donc être retirée au profit de «liberté d'expression», et cette dernière est largement portée par la raison et réglable par la démocratie.

Le même accolage, composé d'antinomies, existe dans les expressions «humanisme chrétien», «philosophie chrétienne», «sciences religieuses», et «expérience religieuse» comme si une opinion était une expérience... En conséquence, la liberté d'expression, de tout et n'importe quoi peut et doit être modulée par les lois, et non ceux-ci s'imposer à celles-là.

La laïcité sur les sports, la gastronomie, les arts et la science n'existe pas parce que ces entités ne cherchent pas à dominer, hier comme aujourd'hui, l'individu, la famille, la société et l'État.

L'accusation de «intégrisme laïque» n'est pas fondée, car la laïcité ne cherche pas à imposer quelque discours ou comportement à l'intérieur des lieux de culte protégés par la loi. Il n'y a pas de totalité laïque. Il y a laïque afin de préserver le pacte citoyen et les valeurs communes hors desquels la démocratie n'est plus possible.

L'athéisme, si craint des religions, relève non dans l'État, mais de la société civile. Il est en outre une condition méthodologique dans la recherche scientifique. Ne pas causer de religion aux enfants n'est pas pour autant l'enseignement de l'athéisme, car ne pas causer n'est pas nier. L'exigence pédagogique de protéger les enfants de l'athéisme et de la religion, tous deux impropres à leur âge vulnérable, doit être une responsabilité de tout un chacun, de chaque école et de l'État.

La solution générale pour la préservation des acquis de la modernité est simple : la laïcité cohérente et conséquente, non inclusive, qui protège l'État et les enfants. Une laïcité «ouverte» est une chaloupe trouée pour y faire entrer toutes les eaux bénites de la planète. Cette idée militaire, fort mal pensée, qu'on peut se contenter de tuer les djihadistes outremer sans se protéger en nos murs d'une religion qui n'a jamais accepté, ni dans ses textes fondateurs, ni dans aucun pays, la prééminence politique de la philosophie des Lumières, fondatrice de la modernité et de nos États démocratiques, est presbyte. Après 300 ans de luttes pour le progrès de la raison, le judaïsme et le christianisme ont accepté l'autorité politique des Lumières. L'Islam doit faire de même.

La rage musulmane s'explique par le sionisme de bon voisinage imposé violemment au monde arabe et jamais discuté longuement et sérieusement dans les grands médias, est toujours à l'agenda politique de l'Occident. Ce sionisme est l'origine et le moteur de la virulence musulmane.

En substance, nos valeurs démocratiques et modernes n'ont pas à être redéfinies par la tradition animiste des religions quand tout le réel contemporain est défini et statué par les sciences. Cette complaisance d'ouverture naïve aggrave cette bancalité culturelle qui peut s'aggraver en brisure ou brèche communautariste.

Nos gouvernements fédéral et provinciaux ne doivent pas s'imaginer qu'une frime de laïcité inclusive va les protéger contre la volonté de puissance à la fois absolue et multiforme des grandes religions. Depuis toujours elles les piègent dans les principes de liberté qu'ils ne savent pas protéger avec perspicacité, habileté et fermeté. Ils perdent des milliards en impôts et les femmes de ce pays en respect, dignité et sécurité.

Pour enrichir le débat, je propose des «Principes et règles d'une laïcité cohérente et conséquente» (à suivre dans un prochain billet).

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