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Avons-nous échoué avec le monde arabe?

Depuis 1945, nous n'avons jamais appuyé fortement et officiellement les Lumières arabes. Ce sont les Lumières occidentales, du 18e siècle à nos jours, qui arrachèrent pourtant aux royautés de droit divin nos libertés et la démocratie. Dans le monde arabe, les Lumières furent abandonnées à elles-mêmes, divisées entre 25 pays. Nous ne les avons pas aidées.
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KABUL, AFGHANISTAN - OCTOBER 9: An Afghan women walks to the ballot box to cast her vote as in Afghanistan's first democratic election at a polling station October 9, 2004 in Kabul, Afghanistan. The election is seen as a crucial step towards democracy and peace in the war-torn country after the fall of the Taliban. (Photo by Paula Bronstein/Getty Images)
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KABUL, AFGHANISTAN - OCTOBER 9: An Afghan women walks to the ballot box to cast her vote as in Afghanistan's first democratic election at a polling station October 9, 2004 in Kabul, Afghanistan. The election is seen as a crucial step towards democracy and peace in the war-torn country after the fall of the Taliban. (Photo by Paula Bronstein/Getty Images)

Les Lumières inachevées ou pourquoi n'avons-nous pas encore gagné la paix en Afghanistan, en Irak et dans le Maghreb? Voici une réponse simple et qui n'est pas simpliste.

Depuis 1945, nous n'avons jamais appuyé fortement et officiellement les Lumières arabes. Ce sont les Lumières occidentales, du 18e siècle à nos jours, qui arrachèrent pourtant aux royautés de droit divin nos libertés et la démocratie.

Dans le monde arabe, les Lumières furent abandonnées à elles-mêmes, divisées entre 25 pays. Nous ne les avons pas aidées. De même que nous n'avions naguère pas soutenu la toute jeune et fragile première démocratie allemande, la République de Weimar née de la défaite allemande de 1918. On paya d'ailleurs cette erreur de deux guerres civiles occidentales dites mondiales. De même, pour cause de pétrole et de sionisme irrespectueux du monde arabe, nous n'avons pas soutenu les Lumières de ces pays.

Ainsi, quand nous avons décidé enfin de soutenir les printemps arabes en Égypte et au Maghreb, on s'est fait rouler comme des enfants d'école. Les islamistes préparaient depuis longtemps leur prise du pouvoir, encouragés qu'ils étaient par leur succès en Iran et pas du tout cassés par leur terrible défaite en Algérie.

En fait, les islamistes nous ont doublés. C'est notre faute, car nous n'avons jamais organisé un front démocratique arabe, parfaitement formé aux Lumières (comme l'avait été, à sa façon un peu brutale, Kemal Ataturk qui laïcisa la Turquie et abolit le sultanat. Le parti Baas, à l'origine, avait de beaux principes démocratiques; il s'est enfoncé, faute de soutien et de mises en garde occidentaux, dans la dictature.

Nous avions oublié que la démocratie des Lumières, en tout pays, a besoin d'un fort soutien social et culturel, d'abord domestique et ensuite extérieur si disponible, sinon c'est une greffe (comme en Afghanistan et en Irak) trop neuve, trop fragile encore pour tenir la barre et insuffler au pays une voie sans retour vers la démocratie des Lumières. La greffe démocratique survivra-t-elle?

J'insiste, la démocratie des Lumières, pas une démocratie outrageusement ploutocratisée comme la nôtre ou trop proche d'une société civile théocratisée comme le sont encore (et pour un temps qui finira vite...) la Pologne et l'Irlande, ou comme l'a été le Québec du temps de Duplessis et avant lui.

On s'illusionne de penser qu'on est au sommet de la démocratie quand on se compare à ces pays retardataires du Tiers Monde qui vont clopin-clopant. Les Lumières n'ont pas encore terminé leur travail d'émancipation démocratique. Que nous reste-t-il à faire? La réponse dans mon prochain billet: pourquoi notre démocratie n'est pas encore à l'égal de ce qu'en peuvent espérer nos Lumières contemporaines?

Jacques Légaré, libre-penseur et adepte des Lumières (et ce n'est pas une religion...)

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