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Saint François de Laval, l'homme de la grande affaire

François de Laval compte parmi les personnages illustres qui ont marqué l'histoire du Québec.
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Ce billet a aussi été publié sur le blogue personnel de Jacques Gauthier

Le 6 mai, l'Église universelle fête pour la première fois saint François de Laval, grâce au pape François qui l'a déclaré saint le 3 avril 2014 avec la religieuse ursuline Marie de l'Incarnation. Cette annonce a été faite durant le 350e anniversaire de la fondation de Notre-Dame de Québec, première paroisse en Amérique au nord du Mexique et des colonies espagnoles. À cette époque, le diocèse de François de Laval s'étendait de Québec à l'Acadie, jusqu'à la Louisiane. L'évêque bâtisseur, considéré comme le père de l'Église du Canada, a tout donné pour que son diocèse se développe. Aujourd'hui, 200 évêques se partagent cet immense territoire.

L'homme de la grande affaire

François de Laval compte parmi les personnages illustres qui ont marqué l'histoire du Québec. Les Hurons le surnommaient : « L'homme de la grande affaire ». Né le 30 avril 1623 à Montigny-sur-Avre dans le diocèse de Chartres, il fait partie d'une grande famille de la noblesse française. Son père est un descendant du baron de Montmorency. François hérite du titre familial à la mort de celui-ci.

À quatorze ans, il est accepté dans la Congrégation mariale du Collège de La Flèche où il s'initie à la vie spirituelle. C'est là qu'il est sensibilisé aux missions en Nouvelle-France. Il fait sa théologie à Paris au Collège de Clermont jusqu'en 1645. Il entre dans l'Assemblée des amis de Louis XIV. Le 1er mai 1647, il est ordonné prêtre à l'âge de vingt-quatre ans. Il travaille à Paris auprès des malades et instruit les enfants abandonnés. Il poursuit ses études pour obtenir la licence en droit canonique en 1649.

François de Laval est pressenti pour les missions du Tonkin, mais par la suite il accepte de se donner à la Nouvelle-France. Le 8 décembre 1658, à trente-cinq ans, c'est la consécration épiscopale à Saint-Germain-des-Prés de Paris comme Vicaire apostolique en Nouvelle-France. Le roi Louis XIV transmet la requête au Souverain Pontife.

L'homme de la mission

Parti de La Rochelle le jour de Pâques 1659, le navire, au titre prophétique « Le sacrifice d'Abraham », arrive à Québec deux mois plus tard. La colonie compte environ 700 habitants. En 1660, Mgr de Laval effectue la visite générale de Québec jusqu'à Montréal. Il voyage à pied, en canot ou en raquettes l'hiver. Il prend conscience des besoins des colons au même titre que les dirigeants, des Amérindiens comme des Français. Il s'intéresse beaucoup aux fondations des Jésuites. Il écrit ce qui sera sa marque de commerce : « Il faut se faire aimer par sa douceur, sa patience et sa charité ».

François de Laval prêche par l'exemple et se montre très cohérent avec l'Évangile. Il cherche à ce que ses actes ne démentent pas ses paroles. Il veut le bien de son peuple. Il constate les effets désastreux de l'eau-de-vie sur ceux qu'on appelait à l'époque « les sauvages ». Ces boissons alcoolisées sont importées de France et échangées contre des fourrures. L'évêque missionnaire en fera un combat permanent.

En 1664, c'est l'érection de la Paroisse de Québec sous le titre de l'Immaculée Conception. François de Laval fonde le Séminaire de Québec pour former les futurs prêtres. Le 9 octobre 1668, il fonde le Petit Séminaire de Québec, lointain ancêtre de l'Université Laval. Dans la foulée des orientations du Concile de Trente, il est convaincu que l'Église n'a pas seulement la charge d'évangéliser, mais elle doit aussi s'occuper des maisons d'enseignements, des hôpitaux et des plus pauvres. Il porte en lui la vision d'une Église renouvelée. Il soutient les Jésuites et les Ursulines pour l'éducation, les Augustines pour la santé, l'œuvre de Marguerite Bourgeoys et de Jeanne Mance à Montréal.

Le vicariat apostolique de Québec devient un diocèse en 1674. Il contient environ 2000 habitants dispersés entre trois centres : Québec, Trois-Rivières et Montréal. L'évêque soutient les missions du Mississipi et de l'Acadie Il cherche sans cesse du financement auprès de Louis XIV et d'autres pour mettre sur pied des infrastructures économiques, éducatives et sociales qui assureront l'implantation des colons et l'épanouissement des jeunes communautés. À cet effet, il fonde l'école de la Grande Ferme pour les travailleurs artisans. En bon administrateur, il développe avec succès la Côte-de-Beaupré.

Marie de l'Incarnation, supérieure du monastère des Ursulines, arrivée à Québec depuis vingt ans, livre ses impressions à son fils, dom Claude Martin, dans une lettre datée du 17 septembre 1660 : « Il est infatigable au travail ; c'est bien l'homme du monde le plus austère et le plus détaché des biens de ce monde. Il donne tout et vit en pauvre; et l'on peut dire avec vérité qu'il a l'esprit de pauvreté. Ce n'est pas lui qui se fera des amis pour s'avancer et pour accroître son revenu; il est mort à tout cela. »

François de Laval a laissé peu d'écrits spirituels, contrairement à Marie de l'Incarnation qui vivait à deux pas de chez lui au monastère des Ursulines. Il a livré peu de choses sur son expérience intérieure, si ce n'est quelques lettres. Dans une instruction qu'il adresse aux prêtres Claude Trouvé et François de Salagnac, en mission aux Iroquois situés au nord du lac Ontario, il écrit un petit guide du missionnaire. « Qu'ils se souviennent que la semence de la parole de Dieu porte son fruit dans la patience... »

L'homme de foi

Affaibli et fatigué, François de Laval démissionne de son poste d'évêque en 1685. Mgr de Saint-Vallier, nommé vicaire général, visite le diocèse l'année suivante. Il a quelques démêlés avec Mgr de Laval au sujet du séminaire de Québec. Celui-ci se rend compte que son successeur veut modifier profondément l'organisation de l'Église canadienne et de son cher séminaire. Il tente de lui faire changer d'avis, mais il doit accepter dans la foi, non sans douleur.

L'abbé de Saint-Vallier est consacré évêque le 25 janvier 1688. Mgr de Laval devient Mgr l'Ancien. Pendant qu'il est en France, il obtient l'autorisation de retourner à Québec en faisant la promesse de ne pas causer d'embarras au nouvel évêque. Il arrive le 3 juin, à la grande joie des colons. Depuis le début de son ministère en 1659, le nombre de paroisses est passé de cinq à 35. Alors qu'il n'y avait que 24 prêtres, il y en a maintenant 102 ; les religieuses sont passées de 32 à 97. La population de son diocèse est d'environ 16 000 personnes.

Le 15 novembre 1701, un incendie détruit en quelques heures le Séminaire, la chapelle et le presbytère. On reconstruit le tout, sauf la chapelle. Une épreuve n'attend pas l'autre. À peine les travaux terminés que, le 1er octobre 1705, le séminaire est de nouveau détruit par le feu. Au milieu de ces dures épreuves, Mgr l'Ancien puise l'énergie dans sa foi au Christ. Il sort de sa retraite pour remplir à l'occasion les fonctions épiscopales de Mgr de Saint-Vallier qui est parti pour la France en 1700. Il ne va revenir qu'en 1713.

Dans la semaine sainte de 1708, le vieil évêque de 85 ans contracte une engelure au talon qui s'aggrave. Il meurt le 6 mai. On expose son corps dans la cathédrale. La foule le vénère déjà comme un saint. Les funérailles ont lieu le 9 mai. Jean XXIII reconnaît l'héroïcité de ses vertus en 1960 et le déclare vénérable. Il est béatifié le 22 juin 1980 par Jean-Paul II. Une chapelle funéraire dans la basilique-cathédrale de Québec est inaugurée en 1993.

En le canonisant le 3 avril 2014, l'autre François a reconnu en Mgr de Laval une grande figure de sainteté, un semeur d'espérance, qui invite à aller « aux périphéries », loin des mondanités, pour rejoindre les plus délaissés. Il a passé cinquante années à Québec en surmontant les obstacles sans désespérer. Homme de prière et d'action, à la foi confiante et tenace, il s'est abandonné en toute simplicité à la divine Providence en se désappropriant de lui-même pour le bien-être matériel et spirituel de son peuple.

J'ai écrit deux livrets, Saint François de Laval et Sainte Marie de l'Incarnation qui paraîtront bientôt dans la collection "Les petits carnets" aux éditions Novalis.

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