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Le côté obscur de la force

La population à été forcée de recourir au privé, et le gouvernement actuel poursuit dans la même veine avec son austérité et ses coupes de budget.
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Jeudi 4 février, de 7h à 14h: quelques centaines de dirigeants d'établissements publics et d'entreprises privées en santé étaient réunis à l'auditorium de la Banque Nationale des HÉC pour discuter des conditions de succès des collaborations public et privé en santé.

D'entrée de jeu, Mme Françoise Bertrand, de la FCCQ, a expliqué que, pour la fédération, ce qui détermine un service public, ce n'est pas qui le dispense, mais qui le paie! Et l'étude réalisée allait bien démontrer comment le privé peut jouer un rôle à ce niveau. Pour elle, ce colloque n'était que le début d'une collaboration fructueuse «qui ouvre la porte à des promesses, à de nouvelles réalisations, à un nouveau dialogue».

François Théorêt, du CEPSUM, est venu ensuite nous dire que le privé en santé se veut complémentaire au public et a comme objectif de préserver le financement public. Il a lié tarification et performance, dans une livraison plurielle (public, privé, communautaire, OSBL).

Il fut le premier, ce matin-là, à dire: «Les Québécois sont prêts au changement!» Deux sondages l'ont démontré, selon lui: surtout celui de 2014 où 80% des répondants étaient favorables, dont 75% jugeaient justifiée la participation du privé. Il a souhaité la création de valeurs pour les entreprises et les établissements de santé, mais surtout pour la population, pour les patients, pour les clients!

Puis ce fut au tour de Luc Lepage, le président du comité santé de la FCCQ, qui a bien fait rire l'assistance en disant que «lorsqu'on est dans le secteur public, on regarde le secteur privé comme le côté obscur de la Force, mais depuis que je suis passé du côté obscur, je peux vous dire que je n'ai jamais vu aussi clair!»

Il fut suivi de Pierre Lafleur, un sous-ministre dont M. Lepage nous a dit qu'il était l'architecte de la transformation du réseau public de santé. Son exposé visait à convaincre que les fusions de la loi 10 allaient régler tous les problèmes du réseau: l'accès aux services, leur uniformisation, la réduction de la bureaucratie, l'optimisation à poursuivre.

À ce sujet, il nous a expliqué que pour certains petits établissements «quand on leur demandait, année après année, de faire de l'optimisation, surtout au niveau des cadres, à un moment donné il n'en restait plus que quatre, c'était assez limité, à moins de ne laisser qu'un seul DG.» Il devenait donc impossible de continuer d'optimiser sans fusionner!

De plus, en fusionnant tous les établissements sous un seul chapeau, la personne peut ainsi trouver tous les services dans un seul établissement. Par exemple, en Chaudière-Appalaches, il y avait 9 établissements distincts plus l'Agence, ce qui signifie 9 C.A., 9 directions générales, 9 équipes de directions... alors que maintenant, il n'y a qu'un seul établissement, un seul DG, un seul C.A.

Le raisonnement qu'il tenait, les explications qu'il donnait, et le graphique qui les accompagnait étaient d'un simplisme décourageant. Mais ça ne semblait pas déranger l'assistance, qui salivait sans doute bien plus face aux occasions d'affaires que cela dégageait.

Une remarque intéressante: il a dit que le processus conduisant à l'adoption de la loi 10 avait été très rapide. Et il a confié que c'est grâce à cette rapidité et cette vitesse de croisière que le changement avait pu se faire, sinon ça aurait été plus difficile.

En résumé, il nous a dit que l'ensemble de la transformation du réseau comportait trois éléments: la loi 10 qui fusionne les établissements, la loi 20 qui concerne les services médicaux, et le financement à l'activité, appelé aussi parfois le financement axé sur le patient, qui est à articuler. Il a ajouté que ces composantes vont obliger la réécriture de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (LSSSS).

Vers la fin de son exposé, il a repris la blague: «Vous qui êtes majoritairement du côté sombre de l'univers», mais ça n'a pas fait rire l'assistance. Il semble qu'il y a des blagues que peut faire un représentant des chambres de commerce à ses commettants que ne peut faire un sous-ministre...

Les autres présentations ont toutes cherché à convaincre les deux composantes publique et privée de l'assistance, mais de choses différentes.

Jacques Nantel, professeur aux HÉC, a voulu persuader les gestionnaires publics que «la population est prête à ça» (le privé). Il leur a montré que, depuis 1981, les dépenses privées en santé ont augmenté sensiblement, mais il a passé sous silence que ce n'était pas un choix. Il n'a pas parlé de la «désassurance» de certains soins et services, ni du déficit zéro de Lucien Bouchard et de la fermeture de sept hôpitaux, ni du virage ambulatoire et de la mise à la retraite de 18 000 employés des soins et services, ce qui a causé les listes d'attente.

Tout cela a forcé la population à recourir au privé, et le gouvernement actuel poursuit dans la même veine avec son austérité et ses coupes de budget.

Quant à Marie-Hélène Jobin et sa recherche-action, elle s'adressait surtout aux entrepreneurs pour leur expliquer que les occasions d'affaires existent bel et bien, qu'elles sont multiples, qu'il y a des exemples de réussites (Villa Médica, Groupe santé Arbec, SigmaSanté). À un moment, elle a fait un lien très clair entre tarification et financement à l'activité.

Mais surtout, elle leur a expliqué quoi faire pour soumissionner et être considéré comme partenaire sérieux, par exemple par l'utilisation du même langage.

A suivi un panel composé d'Anne Beauchamp, DG de Villa Médica; de Paul Arbec du Groupe Santé Arbec; de Daniel Castonguay, PDG du CISSS de Lanaudière; et de François Lemoyne, DG de SigmaSanté.

De ce panel, j'ai surtout retenu ce que M. Lemoyne a répété à plusieurs reprises: on doit faire attention, la commission Charbonneau, le club des p'tits z'amis, il faut sortir de ça! On doit être transparent.

C'est ça qui m'a amené à aller au micro pendant la période de questions qui a suivi.

Une intervenante a fait remarquer que plus de privé dans le secteur public n'est pas synonyme de meilleurs coûts, au contraire. D'ailleurs, l'OCDE l'avait indiqué dans un récent rapport où elle mettait en garde les décideurs par rapport aux coûts plus élevés du privé, jusqu'à 30%, et de la collusion qui en découlait.

Une autre a fait remarquer qu'il était difficile de concilier utilisation du privé avec des finances publiques saines, quand on pense au PPP du CUSM, les scandales, les pots-de-vin, etc.

Quand ce fut mon tour, j'ai expliqué que la loi 10 avait ramené les nouveaux établissements SSS sous la gouverne de la loi sur le lobbyisme... Aussi, tenant compte de ce que M. SigmaSanté avait dit, qu'il fallait être transparent, le club des p'tits z'amis, etc., j'ai demandé si l'événement était couvert par la loi sur le lobbyisme, ou si ça la contournait?

Il y a eu un brouhaha dans l'assistance. Réal Jacob, qui animait la rencontre, a expliqué que «non, non, c'était un exercice académique et universitaire, et que les gens étaient venus entendre les résultats de la recherche-étude»...

Mais au moment où il voulut passer à un autre appel, j'ai ajouté, de la salle: le lunch-réseautage qui a lieu après, lui, est-il couvert? «Non, non», a-t-il répondu, «c'est pour apprendre à se connaître mutuellement!»

J'avoue que je ne suis pas resté pour le lunch-réseautage, tel qu'annoncé à l'ordre du jour.

Mais parions qu'il n'a pas été question que des enfants, de la famille et d'hypothèque.

Peut-être de mariage?

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