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Vous avez écouté le discours qu'il a prononcé à la fin de la présentation de son nouveau conseil des ministres? [...] Notre premier ministre se voulait encourageant, chargé d'espoir vers l'avenir radieux promis par le chemin tortueux des coupes et de la rigueur dans les finances publiques.
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Ah, mon premier ministre, comme il cause bien, vous ne trouvez pas?

Vous avez écouté le discours qu'il a prononcé à la fin de la présentation de son nouveau conseil des ministres? Fidèle à lui-même, ce grand érudit, ce bien élevé, ce chargé de connaissances et grand amateur de citations célèbres nous en a servi encore une de circonstance, de Robert Kennedy, cette fois.

«Notre produit national brut n'inclut pas la beauté de notre poésie ou l'intelligence de nos débats publics. Il ne mesure pas notre courage ou notre sagesse, notre compassion ou notre dévouement. Il mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.» (Traduction libre)

Notre premier ministre se voulait encourageant, chargé d'espoir vers l'avenir radieux promis par le chemin tortueux des coupes et de la rigueur dans les finances publiques.

Pourtant...

Pourtant, je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je n'ai pas distingué la plus petite parcelle d'enthousiasme dans le ton, ni pendant la citation, ni dans le reste du propos.

Vous me direz que ce n'était pas l'objet ni le but d'un tel évènement. Je vous répondrai qu'à l'ère des communications, le contenant fait partie du contenu, et que le ton dénotait la morne continuité plutôt que la nouveauté.

J'ai voulu retrouver la citation de Kennedy sur internet. Je vous recopie le passage remanié par M. Couillard, tel que je l'ai trouvé:

«Notre produit national brut ne mesure pas la santé de nos enfants, la qualité de leur éducation et leur joie de vivre. Il n'inclut pas la beauté de notre poésie ou la force de nos mariages, l'intelligence de nos débats publics ou l'intégrité de nos élus. Il ne mesure pas notre courage ou notre sagesse, notre compassion ou notre dévouement envers notre pays. En somme, il mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue.»

Vous ne trouvez pas pour le moins bizarre, vous, qu'il ait évacué de la citation tout ce qui traite de la santé de nos enfants, de la qualité de leur éducation et de leur joie de vivre? Et ce qui réfère à l'intégrité de nos élus, et à notre pays? Des sujets sans doute litigieux en ces temps de coupes drastiques en éducation et dans les CPE, de collusion et de financement politique douteux, et de nationalisme qu'il faut combattre.

Un peu avant, le premier ministre avait dit:

«On a maintenant retrouvé collectivement notre capacité financière pour mieux soutenir les secteurs qui nous tiennent à cœur, comme l'éducation, la santé, le soutien aux familles et aux personnes vulnérables...»

Ah bon? Vous saviez, vous, que ce gouvernement avait toutes ces personnes, tous ces secteurs à cœur? Qu'est-ce que ça aurait été s'il ne les avait pas aimés?

Il ajoutait ensuite :

«Bref, on a maintenant l'oxygène pour s'occuper encore davantage des vraies affaires, souvenez-vous comme on le disait en campagne électorale.»

Finalement, ce gouvernement va continuer comme il l'a toujours fait: le monde des vraies affaires d'abord, la population ensuite. Mais il nous annonce qu'il le fera «encore davantage»!

«On continuera cependant de gérer les finances publiques de façon rigoureuse et, simplement dit, de toujours dépenser moins que ce que nous gagnons, année après année.»

C'est clair: ne croyez pas que les réductions budgétaires sont terminées, elles ne font que commencer. Parce que si les dépenses sont toujours inférieures aux revenus, il s'agit de s'assurer que les revenus continuent de diminuer, par exemple, par des baisses d'impôt.

Et comme pour me donner raison, il enchaînait en disant: «Et nous abolirons la taxe santé!»

Abolir la taxe santé, sans la remplacer par une hausse d'impôt des plus hauts revenus, comme nous l'avons toujours revendiqué, va priver le gouvernement de revenus qui l'amèneront à dépenser encore moins en santé.

On voit mieux maintenant comment ce nouveau conseil des ministres va vraiment traiter les familles et les personnes vulnérables qui lui «tiennent à cœur».

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