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«Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres.» - George Orwell
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Le 1%, vous connaissez?

On désigne ainsi celles et ceux qui possèdent le plus de richesses dans nos sociétés. Évidemment, selon la société de référence, leurs noms, leur nombre et leur richesse peuvent varier.

Par exemple, selon OXFAM, dans le monde, «plus de 30 millions de personnes possèdent un patrimoine entre 1 million et 50 millions de dollars», et les 26 plus riches ont autant d'argent que la moitié de l'humanité. On peut consulter la liste des milliardaires du monde publiée chaque année par Forbes. En faisant le total des 26 premiers, on obtient 1 394,5 milliards de dollars (G$). Écrit tout au long, ça donne 1 394 500 000 000 $.

Le nombre de milliardaires ne cesse de croître. Et que font ces ultras riches avec leur fortune? Selon le site français Économie Matin, «environ 3 % sont consacrés à des actions philanthropiques. Premiers domaines à bénéficier des dons: l'éducation, la santé et la culture».

La philanthropie, vous connaissez?

Dans le dictionnaire, on la définit comme l'«activité du philanthrope; exercice de la bienfaisance». Le philanthrope, lui, est défini comme une «personne qui oeuvre pour le bien de ses semblables, pour l'amélioration de leur condition, de leur sort, qui agit avec désintéressement, qui rend service, qui, par nature, a le sens des autres, l'amour de ses semblables». Et la bienfaisance serait la «qualité de celui, celle qui prodigue ses bienfaits à autrui, tendance à faire du bien». Tendance, oui...

Ici, au Québec, nos milliardaires sont plus «pauvres». Mais ne sortez pas trop vite vos mouchoirs parce qu'ils appartiennent à l'ensemble canadien et, comme on l'observe, les Canadiens les plus riches s'enrichissent encore. D'ailleurs, au premier rang québécois, on retrouve Lino Saputo; à 5,6 G$, il est 6e au Canada et 269e au monde. Quant à Pierre Karl Péladeau, à 1 G$, il occupe le 12e rang au Québec, le 38e au Canada et le 1940e au monde. À ce niveau de fortune, ils ont sans doute plus peur de la fin du monde que de la fin du mois, mais ont-ils «tendance à faire du bien»?

Le «Répertoire des grands donateurs et leaders 2017» de Centraide, identifie 11 catégories de donateurs: les très grands, les grands et les leaders. Chez les très grands, on retrouve au premier rang les Philanthropes, suivis des Visionnaires, puis des Bienfaiteurs. Si vous croisez la liste de nos 12 milliardaires avec le répertoire, vous verrez qu'ils ne sont pas tous de grands donateurs et leaders. Du moins, à Centraide. C'est sans doute ailleurs qu'ils exercent leur «tendance à faire du bien»...

Centraide dit appuyer «350 organismes qui aident des individus et des familles à sortir de la pauvreté et de l'exclusion. Les organismes de Centraide se caractérisent par leur enracinement dans leur communauté, leur capacité à innover et à travailler en collaboration avec d'autres partenaires, et leur action basée sur l'autonomie des personnes.»

Quand même bizarre que la notion de droit et de défense de droits ne soit pas incluse dans les missions que Centraide appuie. Une tendance qui d'ailleurs disparaît de plus en plus des radars des bailleurs de fonds.

Le droit, vous connaissez?

«Fondement des règles régissant les rapports des hommes en société, et impliquant une répartition équitable des biens, des prérogatives et des libertés.» On peut penser que la notion de droit s'applique entre autres à l'éducation, à la santé et à la culture, ces premiers domaines qui seraient à bénéficier des dons.

Pour 4000 organismes communautaires autonomes du Québec, la notion de droit fait partie intégrante de leur travail quotidien. Bien qu'ils ne fassent pas tous dans la défense de droits, le concept de droit est fondamental dans leur travail: ils regroupent des citoyen.ne.s qui partagent une même réalité, une même problématique, ils leur permettent de briser leur isolement, d'apprendre ensemble et de comprendre leur situation, de se prendre en main, de se soutenir mutuellement, de trouver des solutions individuelles et collectives, de s'organiser et de se défendre.

Ces 4000 organismes, c'est aussi plus de 400 000 bénévoles qui depuis 40 ans oeuvrent pour le bien de leurs semblables, pour l'amélioration de leur condition, de leur sort, qui agissent avec désintéressement, qui rendent service, qui, par nature, ont le sens des autres, l'amour de leurs semblables, et qui ont tendance à faire du bien.

Pour eux, la notion de droit base toutes les autres, et en premier lieu, le droit de vivre décemment: manger, se loger, se vêtir, et mener des activités sociales pour être partie prenante de la société.

Cette semaine, à l'occasion de la Journée mondiale de la justice sociale, ces 4 000 organismes d'action communautaire autonome vont tenir des activités pour revendiquer un rehaussement de leur financement de 475 M$. 475 millions $, ça représente moins de 1% de toutes les dépenses de programme du Québec. Un montant qu'ils revendiquaient déjà l'an dernier et qu'ils n'ont pas obtenu.

Et parce que la notion de droit traverse toutes leurs réalités du terrain, ils crieront également à une meilleure répartition de la richesse: «NON AUX COUPURES, OUI AU RÉINVESTISSEMENT DANS NOS SERVICES PUBLICS ET PROGRAMMES SOCIAUX» et «DES MESURES FISCALES PROGRESSISTES ÇA URGE!».

Parce qu'ils savent bien que malgré que nous vivions dans une société de droit, tous n'ont pas les mêmes.

Comme le disait George Orwell dans La Ferme des animaux: «Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres.»

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