Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La ministre McCann sera-t-elle plus à l'écoute que son prédécesseur?

Si la ministre veut bâtir une première ligne efficace et efficiente, il lui faudra mettre à contribution les compétences de chacun.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
On ne peut qu'espérer que la ministre McCann, parce qu'elle aura cette fois tous les pouvoirs, agira différemment de la PDG McCann, qui a dirigé le CSSS Sud-Ouest-Verdun et l'agence régionale de la SSS de Montréal en étant une forte partisane de la méthode de gestion LEAN.
Canadian Press
On ne peut qu'espérer que la ministre McCann, parce qu'elle aura cette fois tous les pouvoirs, agira différemment de la PDG McCann, qui a dirigé le CSSS Sud-Ouest-Verdun et l'agence régionale de la SSS de Montréal en étant une forte partisane de la méthode de gestion LEAN.

Il y a quatre ans et demi, la Coalition solidarité santé croyait important de faire le bilan des premières fusions d'établissements de 2004 avant de changer quoi que ce soit au réseau public de santé et de services sociaux (SSS).

Mais, six mois plus tard, le nouveau ministre de la SSS, Gaétan Barrette, poursuivait plus loin les fusions sans évaluation et sans tenir compte de l'avis de la majorité des intervenants impliqués dans le réseau public et citoyens.

Contrôler l'information est d'une importance capitale quand on veut empêcher toute résistance et toute démocratie.

Le ministre Barrette complétait ainsi l'œuvre de son premier ministre, Philippe Couillard. «Envers et contre tous, avait-il déclaré, tout le monde peut bien m'écoeurer, mais je vais continuer pareil». C'est pourquoi le résultat des élections a grandement réjoui les défenseurs de notre système public de SSS: c'était bel et bien la fin du règne du ministre Barrette, ce qui a suscité de l'espoir.

Nous voici maintenant avec une ministre de SSS, Danielle McCann, appuyée par un ministre délégué SSS, Lionel Carmant, et une ministre responsable des aînés et des proches aidants, Marguerite Blais. Un trio dont on est en droit de s'attendre, selon les mots du premier ministre, à plus «de proximité, d'humanité et d'ouverture».

Ces trois petits mots sont lourds de sens, pour qui croit fermement dans le système public de SSS. La proximité peut être interprétée de diverses façons. On en a déjà eu une version avec le ministre Barrette. Il s'était arrangé pour que les directions des CISSS/CIUSSS soient à proximité de son propre bureau, afin que son message et ses ordres soient relayés et appliqués directement sur le terrain. Il pouvait ainsi mieux contrôler ce qui pouvait en remonter, de même que ce qui pouvait sortir dans les médias. Contrôler l'information est d'une importance capitale quand on veut empêcher toute résistance et toute démocratie.

Nous pouvons espérer que cette fois, il en sera autrement

Une gouvernance de proximité, pour un système public de SSS, ça signifie rétablir la démocratie dans le réseau public, rapprocher les lieux de décisions des lieux de prestations, impliquer les communautés, les usagers et le personnel des différents établissements dans la gestion des soins et services, recréant au besoin les Conseils d'administration locaux.

Lors d'une conférence à Saguenay il y a deux ans, une dame avait témoigné de la situation de sa fille, hébergée en CHSLD. Elle affirma que c'était elle, sa mère, qui était sa voix auprès du Conseil d'administration (CA) de l'établissement pour faire valoir ses besoins. Après les fusions du ministre Barrette, le CA était rendu tellement loin qu'elle ne pouvait plus représenter sa fille et qu'elle craignait maintenant pour elle, puisqu'elle ne pouvait se défendre seule.

Des instances qui rapprochent les lieux de décisions des lieux de prestations facilitent les constats de problèmes et les solutions adaptées aux réalités du terrain.

Des instances qui rapprochent les lieux de décisions des lieux de prestations facilitent les constats de problèmes et les solutions adaptées aux réalités du terrain. En effet, ces dernières peuvent différer d'un établissement à l'autre, d'une région à l'autre, d'une population à une autre, d'une personne à une autre.

En impliquant dans la gestion la population qui habite et connaît le territoire, qui reçoit les soins et services, et le personnel qui soigne et rend ces services, la ministre s'assurera de la participation de toutes les personnes qui ont à cœur l'amélioration des soins et services publics. Cela renforcera aussi les liens entre les gens du milieu, un important tissu social contribuant à la santé d'une communauté.

Pour aider la ministre et son gouvernement, trois sommités en SSS proposent d'utiliser la Loi sur les soins de santé et les services sociaux (LSSSS) pour «servir de guide à la fois pour évaluer la situation actuelle, dégager les orientations à privilégier et définir les moyens pour remettre le système sur une voie plus démocratique, efficace et équitable.» Le premier ministre a aussi invité ses élus à «sortir de leurs bureaux pour être proches du monde».

Pour peu que le trio ministériel réponde positivement à l'invitation de leur chef, on ne peut qu'espérer que la ministre McCann, parce qu'elle aura cette fois tous les pouvoirs, agira différemment de la PDG McCann, qui a dirigé le CSSS Sud-Ouest-Verdun et l'agence régionale de la SSS de Montréal en étant une forte partisane de la méthode de gestion LEAN (aussi connu sous le vocable de toyotisme).

Ce mode de gestion, qui continue malheureusement d'être appliqué dans le réseau public, a pourtant été clairement condamné par la Cour supérieure comme étant néfaste pour le personnel, ce qui n'avantage aucunement les personnes qui reçoivent les soins et services.

Une gestion basée sur plus de démocratie et moins de LEAN redonnera au personnel du réseau le respect qu'il mérite. Souhaitons que la ministre McCann soit à l'écoute et plus ouverte que son prédécesseur, ce qui ne sera pas très difficile, avouons-le. Marguerite Blais, sa collègue aux Aînés et aux proches aidants, semble déjà vouloir adopter cette ouverture.

Si la ministre veut bâtir une première ligne efficace et efficiente, il lui faudra mettre à contribution les compétences de chacun.

Si la ministre veut bâtir une première ligne efficace et efficiente, il lui faudra mettre à contribution les compétences de chacun. Cela ne pourra se faire sans le respect, la reconnaissance et l'écoute du personnel et des milieux, toutes des choses inconnues de son prédécesseur.

C'est ainsi que le réseau public pourra retrouver toute sa pertinence, et qu'il pourra répondre aux défis des prochains mois et prochaines années.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.