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Santé et services sociaux, finances et condition féminine

Le gouvernement répète que la «rigueur» l'oblige à couper dans les services à la population, mais il ne se préoccupe pas de l'une de nos plus grosses dépenses: le coût des médicaments.
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Aux ministres de la Santé et des Services sociaux Gaétan Barrette,

des Finances Carlos Leitao, et à la Condition féminine Lise Thériault,

Madame, Messieurs les ministres,

La semaine dernière en fut une particulière parce qu'elle se situait à la jonction de trois événements que l'on peut relier entre eux : le 8 mars, Journée internationale des femmes, la Commission parlementaire sur le projet de loi 81 visant à réduire le coût de certains médicaments, et le dépôt dans quelques jours du budget provincial 2016-2017.

Nous voulons donc profiter de cette occasion pour vous manifester nos inquiétudes et notre profonde insatisfaction quant aux choix et aux actions actuelles de votre gouvernement pour gérer les finances publiques.

Depuis son élection en 2014, votre gouvernement répète que la «rigueur» l'oblige à couper dans les services à la population, mais il ne se préoccupe pas de l'une de nos plus grosses dépenses en santé : le coût des médicaments.

Au Québec, les dépenses totales en médicaments prescrits représentaient près de 7,5 milliards de dollars en 2012. Nous payons ces médicaments 30 % de plus que la moyenne des autres pays développés. Même le Commissaire à la santé et au bien-être du Québec, dans son rapport de mars 2015, jugeait nécessaire une réforme de notre régime actuel (public-privé) qu'il estimait beaucoup trop coûteux et de plus en plus inéquitable.

Pourtant, il est possible de contrôler les coûts des médicaments et d'en favoriser l'accès en rendant entièrement public notre régime actuel d'assurance médicaments. Le gouvernement libéral a déjà en main tous les outils, dont de nombreuses études économiques démontrant qu'en agissant ainsi, le Québec pourrait économiser chaque année de 1 à 3 milliards de dollars.

Les autres provinces canadiennes y travaillent déjà ! Qu'attend le Québec pour agir ?

Le ministre Barrette, en commission parlementaire avec son très mince projet de loi 81, vise définitivement trop peu. Même son titre en rend compte : «visant à réduire le coût de certains médicaments». Des spécialistes évaluent que les économies potentiellement réalisées par ce projet de loi seront de moins de 200 M$ par année, soit de 5 à 15 fois moins que ce qui pourrait être accompli.

Si de telles possibilités d'économie se retrouvaient à l'aide sociale, nous croyons que le gouvernement n'hésiterait pas à sauter à pieds joints dans toute législation ou réglementation lui permettant de récupérer ces deniers publics.

La vie des personnes assistées sociales aurait-elle moins d'importance que le lobby des pharmaceutiques, des assureurs privés et des pharmaciens ?

Pourtant, lors du remaniement ministériel de janvier dernier, le premier ministre Couillard disait que son gouvernement allait dorénavant mieux soutenir les secteurs qui lui tiennent à cœur, comme l'éducation, la santé, le soutien aux familles et aux personnes vulnérables.

Nous croyons que si le ministre Leiato veut appliquer les dires de son chef, il devrait travailler de pair avec le ministre Barrette pour faire en sorte que son prochain budget contienne des économies pouvant aller jusqu'à 3 milliards de dollars par année dans les médicaments prescrits. Ainsi, il pourrait remettre dans nos services publics les argents qu'il y a déjà coupés dans les deux dernières années, et même mieux les financer. De telles économies permettraient non seulement de maintenir, mais d'améliorer nos écoles, notre système de santé, nos CPE, tous nos services publics, sans que cela ne nous coûte plus cher.

Enfin, nous soulignons à la ministre Thériault qu'en étant féministe «à sa manière», elle peut constater que tout le discours de son gouvernement et ses politiques d'austérité/rigueur dans les finances publiques se sont faites d'abord au détriment des femmes, qui sont les plus grandes utilisatrices, mais aussi les plus grandes dispensatrices de services publics. Et conséquemment, elle devrait faire les représentations qui s'imposent auprès de ses deux collègues pour corriger la situation.

Plus de 410 groupes et personnalités ont appuyé l'idée d'un régime entièrement public au cours des dernières années.

Plus de 5 500 personnes ont adressé une lettre à cet effet à leurs députés, aux ministres Barrette et Leitao, de même qu'au président du Conseil du Trésor et à la Commission de révision permanente des programmes.

Et plus de 8 000 autres ont signé une pétition au même contenu.

Même M. Jean Rochon, qui a mis en place le régime hybride actuel public-privé en 1997, affirme maintenant que la prochaine étape logique est de le rendre 100 % public.

C'est pourquoi nous demandons au gouvernement du Québec d'adopter sans tarder une nouvelle politique de médicaments basée sur un régime entièrement public d'assurance médicaments.

Pour vous, Madame et Messieurs les ministres, pour votre gouvernement et pour toute la population du Québec, ce serait enfin le remède aux coupures !

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