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Vivre avec l'asthme, apprendre à le contrôler

Il est possible de vivre avec l'asthme et de prendre ou reprendre le contrôle de sa vie non pas malgré, mais avec cette maladie.
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Selon l'Association pulmonaire du Québec: «l'asthme est la plus importante maladie respiratoire au Canada. Chaque année, le nombre de personnes asthmatiques augmente. Les causes (environnementales ou autres) de cette augmentation sont encore mal définies. Aujourd'hui, près de 2,5 millions de Canadiens souffrent d'asthme. Au Québec, on estime à plus de 600 000 le nombre de personnes atteintes, dont plus de 350 000 enfants et adolescents. Chaque année, au pays, les coûts directs et indirects du traitement de l'asthme dépassent le milliard de dollars. Ainsi, la maladie occasionne environ 60 000 visites à l'urgence, 5500 hospitalisations et, malheureusement, entre 150 et 300 décès.»

L'asthme à l'Antiquité

Voici comment un illustre médecin de la Grèce antique décrivait l'asthme et la «pulmonie».

«Cette maladie a pour cause le refroidissement et l'humidité du poumon, et pour cause matérielle, l'humeur épaisse et visqueuse dont il est farci. Les femmes comme d'une constitution froide et humide y sont plus sujettes que les hommes; les enfans (sic) s'en guérissent facilement, car cet âge qui tend à l'accroissement, abonde en chaleur. Quoique les hommes y soient moins exposés que les femmes, ils en périssent plutôt. La vie peut se prolonger chez les personnes qui s'occupent de certains ouvrages propres à fomenter ou exciter la chaleur du poumon, tels sont les ouvrages en laine; il en est de même de ceux qui travaillent le fer et l'acier ou chauffent les bains publics.»

Tiré du livre : Traité des signes, des causes et de la cure des maladies aigües et chroniques, Arétée (de Cappadoce), référence : www2.blusante.parisdescartes.fr/livanc/?p=129&cote=34890&do=page

Le mot asthme vient du grec - asthma, qu'on traduirait littéralement par peu ou pas de souffle. Mais la maladie semble être connue depuis bien plus longtemps. Ainsi dans le papyrus Ebers (datant de 1 500 ans av. J.-C.), on parle d'une cure à base d'inhalations pour aider ceux dont la maladie consistait à éprouver beaucoup de difficulté à souffler. Il s'agissait de jeter sur des briques chaudes une plante nommée jusquiame noire et d'en respirer les vapeurs, ce qui n'était pas tout à fait dénué d'efficacité, la plante contenant quelques alcaloïdes, dont l'atropine. Encore plus loin dans l'histoire, en Chine (2 600 av. J.-C.), l'empereur Huang-Ti Nei Ching Su Wen, l'auteur du plus ancien traité médical écrit connu et reconnu comme le père de la médecine chinoise, parle de l'inhalation des vapeurs de Ma Huang pour traiter l'asthme. Le nom actuel de cette plante est l'Ephédra sinica, qui, bien sûr, contient un alcaloïde du nom d'éphédrine. En Inde, on encourageait les asthmatiques à respirer des vapeurs imbibées de la stramoine commune, une plante dont les principaux alcaloïdes sont la scopolamine, l'hyoscyamine et... l'atropine. Beaucoup plus tard, Hippocrate (460-377 AC) utilisait des vapeurs d'herbes et de résine bouillies dans du vinaigre et de l'huile qu'il faisait aspirer par une paille à ses patients asthmatiques.

L'asthme aujourd'hui

Dans un livre que j'ai eu le privilège de cosigner aux Éditions Logiques avec le docteur Christian Fortin, nous écrivions: «Toute personne atteinte d'asthme et tout parent d'enfant asthmatique disposent fondamentalement de trois niveaux sur lesquels ils peuvent intervenir directement afin de maîtriser la maladie et de refuser une vie faite de compromis et de souffrance. Le premier niveau concerne l'environnement immédiat de la personne asthmatique, le deuxième, l'éducation, et le troisième, la médication. À chacun de ces paliers, tous peuvent intervenir directement, prendre le contrôle et apprendre à maîtriser la situation. Non seulement d'un point de vue physique cette attitude permet de contrôler la maladie et non de se laisser dominer par elle, mais du côté psychologique, elle élimine le stress indésirable et réduit fortement l'anxiété. C'est ce qu'on pourrait appeler un effet secondaire positif de la maîtrise de l'asthme.

Une personne qui a l'impression qu'elle n'a pas de contrôle possible sur une situation donnée se sentira anxieuse et stressée face à cette situation. Prenons un exemple: si, au mois de septembre, votre patron vous demande de préparer le repas de Noël pour les 25 employés de votre département et que vous n'avez jamais rien cuisiné de votre vie, il est normal que vous vous sentiez stressé et anxieux. Vous êtes alors devant un dilemme. Ou bien vous vous dites que c'est encore une tuile qui vous est tombée sur la tête et que vous n'y pouvez rien; dans un tel cas, votre stress et votre anxiété s'accroîtront de jour en jour jusqu'à la veille de Noël où vous serez probablement congédié pour n'avoir pas fait le travail nécessaire. Ou bien vous vous inscrivez à quelques cours de cuisine de base et apprenez quelques recettes aussi simples qu'originales; dans ce cas-ci, votre stress et votre anxiété fonderont comme neige au soleil.

En ce qui concerne l'asthme, vous avez plusieurs alliés pour y parvenir. Diverses associations diffusent des mises à jour continuelles de toutes les informations sur la maladie et ses traitements. Elles peuvent vous être d'un grand secours pour veiller à votre éducation continue sur le sujet. Votre médecin traitant et, le cas échéant, l'équipe de spécialistes sont aussi de bons appuis dans votre traitement. Enfin, votre pharmacien peut vous aider particulièrement si la fidélité aux médicaments vous pose problème, si vous craignez l'apparition d'effets secondaires, ou encore si vous croyez souffrir d'effets secondaires de la médication. Ce professionnel connait bien les médicaments, leurs actions, leurs interactions et leurs effets secondaires possibles et il offre l'avantage d'être situé à proximité de chez vous. De plus, vous n'avez pas besoin d'obtenir un rendez-vous six mois plus tard pour le rencontrer. En cas d'urgence, il peut même, en accord avec votre médecin, modifier vos prescriptions si un problème surgit.»

Des décès évitables

Plusieurs centaines de Canadiens meurent chaque année de leur maladie. Ces mortalités peuvent être largement évitées dans l'état actuel de nos connaissances et des traitements disponibles. Pour plusieurs maladies, comme les cancers, le sida, l'Alzheimer et bien d'autres, on doit espérer que la recherche scientifique fasse de nouvelles découvertes si on ne veut pas en mourir. Pour l'asthme, ce n'est pas le cas. Si nous appliquons les mesures préventives et prenons fidèlement la médication, nous pouvons éviter de mourir de cette maladie.

De mauvaises habitudes...

Pourtant, certains asthmatiques fument encore la cigarette, certains parents d'enfants asthmatiques fument encore dans la maison ou en présence de leurs enfants. D'autres parents vont tout tenter pour éviter de se débarrasser du chaton ou du si gentil chiot pour ne pas «faire de la peine» à leur enfant asthmatique. Certains patients se disent après un moment que les pompes, ce n'est pas si important après tout, et délaissent le traitement. D'autres enfin ont peur des médicaments et de leurs effets secondaires. Ils n'ont pas compris que, d'une part, les effets secondaires ne se produisent que rarement et que, d'autre part, les risques qu'ils encourent en refusant la médication sont bien plus importants que ceux de subir un effet secondaire. Si vous faites partie de ces gens-là, encouragez-vous, car il est toujours possible de changer. Ne perdez surtout pas espoir, renseignez-vous, parlez avec d'autres personnes atteintes, demandez-leur leurs trucs et leurs façons de maîtriser leur asthme.»

De subir à agir

Pendant plusieurs siècles, comme nous l'avons vu, l'asthme était une maladie sur laquelle nous n'avions que peu de moyens. On espérait que les crises ne surviennent pas ou s'espacent le plus possible. Mais c'était aussi le cas pour la plupart des maladies. Le patient d'alors subissait sa maladie.

Il est possible de vivre avec l'asthme et de prendre ou reprendre le contrôle de sa vie non pas malgré, mais avec cette maladie.

Depuis, l'arsenal thérapeutique s'est considérablement agrandi et le public dispose de plus en plus de moyens pour s'informer. De passif, le patient se doit maintenant de devenir le partenaire essentiel de sa propre santé. Et comme nous l'avons souligné: pour ce faire, il doit être au faîte de l'information sur sa maladie, demeurer fidèle à ses traitements et demeurer positif face à sa maladie. C'est dans cette optique que des associations comme l'Association pulmonaire du Québec mettent à la disposition du public toute l'information nécessaire sur la maladie et ses traitements. Des forums, des conférences et des rencontres sont aussi disponibles pour permettre aux personnes atteintes de discuter entre elles.

Il est possible de vivre avec l'asthme et de prendre ou reprendre le contrôle de sa vie non pas malgré, mais avec cette maladie.

Comme le souligne l'Association pulmonaire du Québec (https://pq.poumon.ca/maladies/asthme/ ): «La personne atteinte d'asthme devrait pouvoir mener une vie normale. Pour y arriver, il existe différents médicaments qui aident à gérer et prévenir les symptômes de l'asthme.»

Et à réagir

Si vous vivez avec l'asthme et devez avoir recours à vos médicaments de secours, ou si vous devez régulièrement vous rendre aux urgences ou encore si vous devez vous absentez souvent de vos activités régulières (école ou travail), il y a de fortes chances pour que vous fassiez partie de ce 50% des asthmatiques qui ne contrôlent pas au mieux leur condition.

La bonne nouvelle est que vous pouvez améliorer votre situation. Voici les conseils de l'Association pulmonaire du Québec.

• Obtenez un diagnostic rapide et précis, basé sur votre histoire personnelle et sur des mesures objectives de la fonction respiratoire (spirométrie);

• Apprenez à reconnaître les symptômes de l'asthme et à bien les comprendre;

• Contrôlez votre environnement et évitez les facteurs déclenchants;

• Assurez-vous de bien comprendre le fonctionnement de votre médication de secours et de l'utiliser telle que prescrite;

• Assurez-vous de bien comprendre le fonctionnement de votre médication d'entretien quotidien et de l'utiliser telle que prescrite;

• Élaborez un plan d'action personnalisé avec votre médecin;

• Réévaluez régulièrement la maîtrise de votre asthme par les tests respiratoires requis (spirométrie, débit expiratoire de pointe, etc.).

Voici les principaux critères d'un asthme bien maîtrisé :

• Vous ressentez des symptômes diurnes (le jour) moins de 4 fois par semaine;

• Vous ressentez des symptômes nocturnes (la nuit) moins de 1 fois par semaine

• Votre niveau d'activité physique est normal;

• Vous ne faites pas preuve d'absentéisme au travail ou à l'école à cause de l'asthme;

• Vous utilisez votre bronchodilatateur de secours moins de quatre fois par semaine;

• Les résultats de lecture de votre débit expiratoire de pointe (DEP) se situent dans les valeurs normales recommandées par votre médecin.

Bien contrôler son asthme est une étape essentielle dans l'amélioration de sa qualité de vie.

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