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Malade, notre système de santé? Allons voir ailleurs: Belgique, Pays-Bas, France

Dans nos visites des autres systèmes de santé, en particulier ceux qui fonctionnent bien, je vous propose trois pays européens: la Belgique, les Pays-Bas et la France.
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Dans nos visites des autres systèmes de santé, en particulier ceux qui fonctionnent bien, je vous propose trois pays européens: la Belgique, les Pays-Bas et la France.

Temps d'attente zéro

En Belgique, il y a zéro temps d'attente. Le taux de satisfaction y est, il va sans dire, des plus élevés. Tous ont un accès égal, et chacun est libre de consulter dans le secteur public ou privé.

Le financement des hôpitaux est basé entièrement sur les activités: plus d'activités impliquent automatiquement plus de financement. Les patients peuvent avoir accès directement aux spécialistes de leur choix sans avoir à passer par un omnipraticien pour obtenir une référence.

Le rendez-vous le jour même est garanti pour consulter un médecin de famille.

Deux choses font essentiellement que ce système fonctionne bien: le nombre de médecins et le système de paiements partagés. La Belgique compte beaucoup plus de médecins par habitant qu'ici, leur ratio étant de fait près du double de celui d'ici. Il est même possible qu'en téléphonant à son docteur, ce soit le médecin lui-même qui réponde à l'appel. En effet, certains sont moins occupés et préfèrent prendre directement les appels.

L'autre facteur est leur système de paiements partagés. En Belgique, le patient paie environ le quart du coût de ses soins. La plupart possède une assurance privée qui défraie ces coûts et, pour les plus pauvres, c'est l'État qui prend en charge le 25% des coûts payables par le patient. Tous ont donc accès aux soins. Environ 90% des Belges sont ainsi couverts.

Quant aux 10% restants, ils ne prennent pas d'assurance, non pas parce qu'ils n'en ont pas les moyens, mais plutôt parce qu'ils sont assez riches pour défrayer de leur poche ces frais de 25% lorsqu'ils sont malades.

Les Pays-Bas

Au Pays-Bas, le principe directeur est différent. Le gouvernement a institué une assurance maladie privée et obligatoire pour tous, laquelle est régie par la loi et renferme des dispositions fermes pour la sauvegarde des principes d'accès universel. Pour les personnes dont le revenu est insuffisant pour défrayer les primes d'assurances, l'État paie ces primes à leur place. Le financement suit le patient, tous sont égaux.

En fait, ce sont six compagnies d'assurances qui gèrent le système et qui ont une obligation de services. Les patients doivent être traités. Compétition et obligation de services ont fait en sorte que les temps d'attente n'existent plus aux Pays-Bas. Dans une situation où il est impossible d'offrir le traitement à un patient, celui-ci sera amené en Belgique, pays voisin, pour recevoir son traitement aux frais de la compagnie d'assurance qui couvre ses soins.

Les Pays-Bas ont axé leur système sur la qualité. Pour les assureurs, il convient de choisir les fournisseurs de services selon la qualité de leurs soins. À cet effet, les hôpitaux doivent fournir des rapports de leur performance et un programme national d'amélioration de la qualité professionnelle.

La France

Fondamentalement, en matière de système social en santé, deux façons de faire ont vu le jour. Le système anglais fut mis sur pied en 1948, suite aux recommandations de Lord William Beveridge, dont le premier ministre de l'époque, T. Douglas, s'est inspiré dans ses réformes sociales. L'autre système a été créé par Otto von Bismarck, qui fut chancelier de l'Allemagne vers la fin du XIXe siècle.

Le système beveridgien, qui a influencé le Royaume-Uni et le Canada, tire les revenus pour les programmes sociaux de santé à même les impôts perçus par l'État. Le système bismarckien est basé sur les des caisses d'assurance maladie financées par des cotisations venant de diverses sources comme l'individu, l'employeur et l'État. Ce système a servi de modèle en ce qui concerne bien sûr l'Allemagne, mais aussi la France, la Belgique et les Pays-Bas, pour ne nommer que ceux dont nous avons parlé ici.

Au Québec, notre première approche fut, à l'instar de ces pays, d'adopter le système bismarckien, d'où la naissance de la RAMQ (Régie de l'assurance maladie du Québec). Mais, quelques années après son implantation, le gouvernement alors formé par le Parti québécois vit que la RAMQ avait engrangé des surplus de plus de 100 millions de dollars. Pour gonfler artificiellement ses revenus, il décida de changer de cap en adoptant plutôt le système béveridgien, dans lequel les cotisations furent abolies et les argents étaient dorénavant prélevés à même les impôts. Il put ainsi rafler la cagnotte et faire plaisir au bon peuple, qui n'y vit que la cessation du prélèvement des primes de la RAMQ, laquelle ne garderait dès lors que le nom d'assurance, sans en avoir les pouvoirs.

De retour chez nos cousins

La France, à l'instar de bien des pays européens, a adopté le système bismarkien. La sécurité sociale (la «sécu», dans le langage de tous les jours) est financée en grande partie par les contributions des employeurs, des employés et des impôts. Certains allèguent que le système français est déficitaire. En 2009, le France consacrait environ 11% de son PIB à la santé, alors qu'ici on parle de 10%.

Si une certaine inquiétude se profile parmi les Français quant à l'augmentation des coûts due, tout comme ici, à de multiples facteurs comme le vieillissement de la population, les médicaments, etc., leur système a, entre autres avantages par rapport au nôtre, celui de bien fonctionner. Les listes d'attente en chirurgie ou les temps d'attente en salle d'urgences n'existent tout simplement pas. Les chirurgies électives, dont les chirurgies cardiaques, sont majoritairement pratiquées dans le privé (60%) mais elles sont payées par les fonds public. Il n'y a pratiquement pas d'attente significative en France.

Les puristes pourraient dire qu'il y en a un peu, une à deux semaines dans certains cas, mais rien qui ne se compare à ici. Si un patient décide de requérir les services d'un médecin en particulier, celui-ci pourra lui demander un tarif supplémentaire (surfacturation). Il conservera une partie de ces honoraires pour lui et en remettra une partie dans le système public. Ainsi, le privé sert aussi à subventionner le public.

Brandir le spectre du privé

Ici, comme nous l'avons vu, le simple mot «privé» réussit à terroriser l'ensemble du monde syndical, la majorité bien-pensante de la gauche, et une bonne partie de l'électorat. Au lieu de chercher à créer un partenariat pour le plus grand bien de tous, on a trop longtemps préféré agiter les épouvantails et se terrer dans un statu quo navrant. Dans un tel contexte, on comprend que les changements soient difficiles à faire accepter.

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