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Malade notre système de santé: des baby boomers au pouvoir gris

Nous sommes toujours ces mêmes baby-boomers qui avons assisté à la naissance de notre système de santé, qui l'avons modifié et qui l'avons utilisé comme s'il s'agissait d'une vache à lait intarissable.
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Lorsqu'on a élaboré le système de santé au Québec, nous étions en pleine révolution tranquille. En passant, tout comme pour les acquis sociaux dont nous sommes si fiers et dont je parlais dans mon dernier blogue, nous n'avons pas non plus inventé le terme de révolution tranquille.

C'est un journaliste de Toronto qui a parlé de «quiet revolution» dans le Globe and Mail quelques semaines après l'élection du gouvernement libéral de Jean Lesage en 1960. J'espère que le jour où nous pourrons regarder avec plus de maturité et de réalisme notre modèle québécois, il nous sera enfin possible collectivement de participer à une réforme efficace et surtout qui fera consensus parmi toutes les couches de notre société, en santé, on pourrait dire: du patient au ministre en passant par le personnel soignant et le personnel administratif.

De la révolution tranquille

À cette époque, avec la fin de la Deuxième Guerre mondiale, s'annonçait une ère de prospérité qui semblait sans limites. Les usines tournaient à plein régime et tous les domaines de l'activité humaine fonctionnaient en accéléré; et même celui de la fécondité. C'était la période des familles nombreuses qui ont fait en sorte qu'au moment de la Révolution tranquille arrivait un flot de jeunes qu'on appellera les baby-boomers.

Et ceux-ci, dont je fais partie, sont entrés allègrement dans la danse. Les gouvernements ont vite compris le seul mot qui assurerait leurs élections et réélections: GRATUIT. Ce fut donc les débuts de l'État providence avec des nouvelles mesures sociales pour les plus démunis, l'instruction gratuite et les soins de santé gratuits.

À la vraie RAMQ puis à l'ombre de celle-ci

Après l'assurance-hospitalisation qui rendait gratuit l'accès à l'hôpital, naquit l'assurance maladie. Il s'agissait alors, dans le vrai sens du terme, d'une assurance avec des primes que chaque travailleur devait payer. Les montants prélevés étaient déposés dans un fond géré par la Régie de l'assurance maladie du Québec, mieux connue comme la RAMQ. Mais comme nous l'avons déjà souligné, quelques années plus tard, le gouvernement québécois voyant que la RAMQ avait engrangé des surplus de plus de 100 millions de dollars, décida de changer de cap en adoptant plutôt le système béveridgien dans lequel les cotisations furent abolies et les argents seraient dorénavant prélevés à même les impôts.

Il ne devenait donc plus possible pour la RAMQ d'ajuster les cotisations (comme cela se fait pour toutes les assurances qu'il s'agisse d'assurance auto ou d'assurance de maison, etc.) selon l'évolution des coûts et des risques. En réalité, la RAMQ ne conservait du rôle d'assureur que le nom et perdait toute autonomie n'étant plus que l'ombre d'elle-même. Mais le gouvernement de l'époque jubilait. Il venait de mettre plus de cent millions de dollars dans ses coffres et pouvait ainsi offrir d'autres bonbons à la veille des élections.

À aujourd'hui

Nous sommes toujours ces mêmes baby-boomers qui avons assisté à la naissance de notre système de santé, qui l'avons modifié et qui l'avons utilisé comme s'il s'agissait d'une vache à lait intarissable. Nous avons pris le beurre et l'argent du beurre, et maintenant nous n'acceptons aucun compromis. Bien sûr, nous clamons haut et fort que nous acceptons le changement, mais il faudrait, comme l'a bien dit un humoriste, que tout en changeant, tout reste pareil. J'ai bien peur que les baby-boomers (dont je fais partie) passent à l'histoire comme étant les champions toutes catégories de l'égoïsme.

Des baby-boomers au pouvoir gris

Nous avons usé pour ne pas dire abusé depuis les cinquante dernières années de la puissance de notre nombre pour inciter, si ce n'est forcer, les gouvernements à obéir à nos moindres demandes. Aujourd'hui, nous formons ce qu'il est convenu d'appeler le pouvoir gris. Nous avons vieilli en âge et peut-être en sagesse. Pouvons-nous espérer nous servir de cette sagesse pour tenter de laisser aux générations futures un système de santé où ce ne sera plus un problème de trouver un médecin, où nos descendants n'auront plus à attendre 12 à 20 heures dans une salle d'urgence d'hôpital avant d'être soignés, où les handicapés et les déficients seront pris en charge avec dignité et surtout un système qui n'endettera pas les générations futures autant que nous l'avons fait.

Je ne crois pas qu'il ne faille que laisser la chance à ceux qui veulent réformer le système de le faire. Je crois plutôt que nous devons tous les encourager et mettre l'épaule à la roue. C'est pourquoi, je ne cesserai de le répéter, un bureau des usagers s'impose pour que tout citoyen puisse avoir un accès direct à cette réforme essentielle. Nous les baby-boomers qui avons bénéficié pendant 50 ans de ce système si généreux ne disposerons pas d'un autre demi-siècle avant d'agir et pouvoir laisser à nos enfants un système de santé en bonne condition opérationnelle et financière. Il y a urgence d'agir.

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Mai 2017

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