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Faire la promotion des sciences de la vie, une nécessité vitale

Dans un monde idéal, il faudrait que chaque centre de recherche consacre une partie de ses fonds à la promotion. Ainsi, la population et nos gouvernants entendraient plus souvent parler des sciences de la vie.
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Les médias doivent ouvrir plus d'espace aux sciences de la vie d'autant plus que, tout comme la nature, les médias ont horreur du vide. En effet, l'espace qui n'est pas occupé par les sciences de la vie le sera par les pseudosciences, les anti-vaccinations et les anti-médicaments de tout acabit.
Andrew Brookes via Getty Images
Les médias doivent ouvrir plus d'espace aux sciences de la vie d'autant plus que, tout comme la nature, les médias ont horreur du vide. En effet, l'espace qui n'est pas occupé par les sciences de la vie le sera par les pseudosciences, les anti-vaccinations et les anti-médicaments de tout acabit.

Au début des années 2000, le gouvernement du Québec a décidé de favoriser les médicaments génériques et les grandes compagnies pharmaceutiques ont dû fermer leurs centres de recherche ici pour les déménager là où c'était moins dispendieux, ou encore là où les marchés étaient suffisamment grands pour justifier les investissements.

En près de 20 ans, les sciences de la vie au Québec ont dû se restructurer au point de constituer à nouveau un acteur significatif tant en termes de nombre d'emplois qu'elles génèrent qu'en rendements financiers.

Les modèles ont changé et aujourd'hui ce sont des centres de recherches et des universités qui forment des grappes de recherches et qui obtiennent leurs financements de diverses sources.

D'une manière simplifiée (pour ne pas dire simpliste), lorsqu'un des membres de ces grappes de recherche en science de la vie découvre un médicament prometteur, il le vend à des compagnies pharmaceutiques qui en feront la fabrication et la distribution, ce qui permettra à ces grappes de recherche de se financer.

Plus de promotion

Il aura fallu 20 ans et un gigantesque déploiement de ressources tant financières (privées et publiques) qu'institutionnelles et organisationnelles pour en arriver où nous en sommes aujourd'hui. Mais il y manque un acteur important: le public.

En effet, tous ces beaux succès connus au prix de grands efforts demeurent la plupart du temps inconnu du public. C'est un peu comme si les matchs de hockey de la ligue nationale avaient lieu dans de petits arénas et que personne n'en parlait: pas de télévision, pas de radios et pas de journaux, tout juste un petit encart à l'occasion à la page 38 d'un quotidien. Je suis à peu près certain que dans de telles conditions, le hockey n'aurait jamais été notre sport national.

Le déclic s'est fait vraiment sentir pour moi lorsque j'ai été invité par l'Institut de recherche clinique de Montréal (IRCM) la semaine dernière à une conférence. Celle-ci avait pour thème l'intelligence artificielle en santé et était présentée par le professeur Yoshua Bengio. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit — pour poursuivre notre comparaison avec le hockey — à la fois du Maurice Richard, du Wayne Gretsky et du Jean Béliveau de la recherche, non seulement au Québec, mais à travers le monde. J'aurai l'occasion d'aborder sa conférence dans un article prochain.

C'est lors de cette conférence, parce que j'étais assis avec un membre des communications de l'IRCM, que j'ai eu l'occasion d'en connaitre un peu sur l'éventail de chercheurs qui œuvrent dans cet institut.

Pourtant ni leurs noms ni les sujets de leurs travaux ne sont connus. Je me suis alors posé comme première question: pourquoi le seraient-ils ? La réponse m'est apparue clairement: pour le bien du grand public.

L'importance de la popularité

Les exemples ne manquent pas. Prenons celui de la lutte pour la protection de l'environnement. L'opinion populaire est à ce point convaincue (avec raison) du bien-fondé de cette cause que même nos gouvernants doivent fréquemment reculer dans un projet qui menacerait l'environnement, et ce, même lorsque ce projet serait financièrement très bénéfique au pays. Pour la recherche dans les sciences de la vie, le même raisonnement s'applique, mais à l'inverse.

Comme elle est méconnue (sinon totalement inconnue) d'une majorité de la population, nos gouvernants peuvent se permettre de faire plus longtemps la sourde oreille aux demandes des organismes œuvrant dans ce secteur.

De plus, il faut réaliser que ceux qui nous gouvernent, les élus, les hauts fonctionnaires et les gestionnaires font tous partie du grand public. Ils ne sont pas présents à tous les congrès scientifiques, à toutes les conférences et, le plus souvent, ils ne sont mis au courant d'une recherche réussie ou d'un chercheur émérite que lorsque cela est rapporté par les médias.

Sortir des petits arénas pour aller jouer dans la cour des grands

Personnellement, chaque fois que l'occasion me le permet, je prends toutes les tribunes possibles pour faire la promotion des sciences de la vie. Je n'ai qu'à citer ma série d'articles sur l'IRIC (Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l'Université de Montréal) et IRICoR ainsi que plusieurs autres dont j'ai pu parler tant par écrit qu'aux émissions de radio où j'ai eu le plaisir d'être invité.

Seul ou même aux côtés de quelques dizaines d'autres, ce n'est pas suffisant, il faut absolument l'union de toutes les forces si nous voulons accorder aux sciences de la vie le soutien maintenant et futur de leurs recherches.

L'union des forces au sein de l'industrie

Lorsqu'on est un centre de recherche, l'objectif premier est la recherche. La Palice n'aurait pas mieux dit.

Si les centres de recherches veulent survivre, vivre et prospérer, ils devront un jour ou l'autre consacrer une partie de leur budget à la promotion de leurs centres.

Autrement, ce seront les causes les plus connues du grand public qui seront favorisées, tout comme nous le montre la cause de l'environnement qui connait aujourd'hui la faveur populaire.

Dans un monde idéal, il faudrait que chaque centre de recherche consacre une partie de ses fonds à la promotion. Ainsi, la population et nos gouvernants entendraient plus souvent parler des sciences de la vie.

L'union des forces au sein des médias

Les médias sont là pour informer la population sur des sujets qui la touche. Mais s'ils sont nourris par la diffusion de sujets intéressant monsieur et madame Tout-le-Monde, ils ont aussi le pouvoir de modifier les modes et les coutumes. Nous l'avons souvent observé.

Par exemple, les campagnes de #MeTool'an dernier ont modifié les perceptions et ont fait en sorte que les comportements qui étaient auparavant acceptés ne sont plus tolérables aujourd'hui. Les médias doivent ouvrir plus d'espace aux sciences de la vie d'autant plus que, tout comme la nature, les médias ont horreur du vide. En effet, l'espace qui n'est pas occupé par les sciences de la vie le sera par les pseudosciences, les anti-vaccinations et les anti-médicaments de tout acabit.

Pour le plus grand bien de la population

Nous avons besoin de la recherche dans les sciences de la vie. Nous vieillissons tous et l'arrivée de nouveaux médicaments qui augmenteront tant notre espérance que notre qualité de vie est toujours souhaitable.

De plus, quand ces médicaments sont découverts ici, c'est ici que les bénéfices se font sentir. Plus de bénéfices permet plus de recherches qui amèneront éventuellement plus de bénéfices. Pour alimenter cette roue, il est donc essentiel de faire la promotion des sciences de la vie au Québec.

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