Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Santé financière ou santé mentale de nos enfants?

Il y aurait peut-être lieu de proposer d'autres alternatives aux parents que les garderies.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Pourquoi tant de problèmes chez nos enfants ? Dans un livre que j'avais eu le bonheur de cosigner avec le psychiatre Pierre Mailloux, nous avions relevé deux facteurs principaux : l'ampleur du nombre de séparations, et la popularité des garderies publiques.

On n'a jamais eu si peu d'enfants et on n'a jamais consacré si peu de temps au peu d'enfants que l'on a.

La logique voudrait que lorsque l'on a un seul enfant, on puisse y consacrer 10 fois plus de temps que lorsqu'on en a 10. Mais il semble bien que tel n'est pas le cas.

Une étude révélatrice que l'on préfère oublier

Une vaste étude appuyée par l'Institut C. D. Howe de Toronto parue en février 2006 et portant sur 33 000 enfants âgés entre 0 et 4 ans durant une période de 8 ans (1994-2002) est assez révélatrice à ce sujet.

D'abord, l'étude fournit des données statistiques intéressantes : en 2005, 51,4 % des enfants fréquentaient un service de garde au Québec. Cette proportion baisse à 16,9 % dans le reste du Canada.

Ici, 20,9 % des mères travaillent à l'extérieur du foyer, contre 8,9 % dans les autres provinces.

Devant si peu d'intérêt accordé à nos enfants québécois, nous ne sommes pas trop surpris d'apprendre que l'indice d'anxiété de ces enfants entre 2 et 4 ans se situe à 34,0 tandis que chez nos voisins canadiens, il n'est que de 11,8.

Là où nous excellons, pour ainsi dire, est dans le niveau d'agressivité de ces mêmes enfants ; 24,2 au Québec ; 1,4 dans le reste du Canada.

Si cela ne change pas, nous obtiendrons la palme toutes catégories pour former les enfants les plus enragés de la planète.

Nous détenons déjà fièrement celle du taux de suicide le plus élevé. Oups ! Y aurait-il un lien ? L'étude ne le dit pas. Mais elle dit bien d'autres choses :

«Les parents sont aussi affectés négativement. D'après les données de l'enquête, les mères des enfants en garderie sont plus déprimées, comme l'indique l'augmentation appréciable de leur indice de dépression par rapport à la moyenne. La qualité de leurs pratiques parentales diminue, si l'on se fie aux réponses sur l'uniformité, l'hostilité ou l'inefficacité de leur rôle parental et aux "interactions d'évitement". Les mères font également état d'une importante détérioration de la qualité de leurs relations avec leur conjoint, qualité que l'on évalue au moyen des témoignages des mères au sujet de leur satisfaction à l'égard de leurs relations conjugales.»

Selon Yvan Guillemette, l'analyste politique de l'Institut C. D. Howe, cette étude constitue un signal d'alarme qu'il faut écouter avant de reproduire le modèle québécois à l'ensemble du pays, comme le suggèrent certains. M. Guillemette propose même au Québec de revoir sa politique de garderie, qui est très dispendieuse : plus d'un milliard de dollars par année, et peut-être pas aussi bénéfique qu'on l'aurait cru.

Mais certains jugeront ces propos dépassés. Tout discours mettant en doute le bien-fondé des centres de la petite enfance (CPE) est vite relégué aux oubliettes après avoir été qualifié de passéiste, d'antiféministe et de rétrograde.

Mais dans les faits, d'autres études sont venues confirmer que les seuls enfants qui tirent bénéfices de l'éducation en garderies publiques sont ceux dont les familles sont à ce point pauvres ou dysfonctionnelles que les gardiennes qui ont 6 à 8 enfants réussissent à leur accorder encore plus d'intérêt que leur milieu familial. Un peu, c'est encore mieux que rien.

Un autre signal d'alarme

Un autre son de cloche s'est fait entendre en mars 2006 avec la parution d'un livre choc écrit par le pédiatre Jean-François Chicoine de l'hôpital Sainte-Justine pour enfants, et Nathalie Collard, journaliste à La Presse.

Dans ce livre, les auteurs affirment que les 51 000 bébés de moins de 2 ans qui fréquentaient les garderies à 7 dollars en 2006 ne devraient certainement pas s'y trouver.

Les auteurs soulignent aussi que ces bébés voient jusqu'à 17 visages différents entre l'âge de 8 et 15 mois. C'est beaucoup trop pour apporter au poupon la sécurité affective dont il a besoin. Comme le souligne le docteur Chicoine :

«Quand on a des enfants gardés 12 heures par jour, dans des services de qualité médiocre, parfois minables, je me sens autorisé, comme pédiatre, à l'écrire. Récemment, il y a eu un fait divers qui m'a consterné : la garderie qui a oublié un enfant à l'intérieur après l'heure de fermeture. Ce qui était consternant, ce n'est pas que l'enfant ait été enfermé, mais que l'enfant, dès le lendemain, soit retourné à la garderie. C'est extrêmement inquiétant. Ça m'a scandalisé.»

Et après cela, il s'en trouve toujours pour dire que le docteur Mailloux est rétrograde et qu'il tient un discours misogyne.

Les adultes peuvent toujours porter intérêt à leur carrière, leur maison, leurs automobiles et l'écran dernier cri de cinéma maison. Il leur restera bien un petit dix minutes par semaine pour s'intéresser à leurs enfants ! Il y aurait peut-être lieu de proposer d'autres alternatives aux parents que les garderies. Pourquoi ne pas aider les parents plutôt que subventionner les services de gardes ?

En ce qui me concerne, je profite de ces lignes pour écrire ces quelques mots à mon épouse qui n'a repris sa carrière qu'après que le dernier de nos 3 enfants ait quitté la maison. À la veille de célébrer notre 48e anniversaire de mariage, en mon nom, celui de nos 3 enfants, de nos 9 petits-enfants et de notre arrière-petit-fils, je veux lui adresser toute ma reconnaissance et mon admiration. Mais être marié depuis aussi longtemps avec la même femme, ça aussi, c'est dépassé.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Marie Lacoste-Gérin-Lajoie (1867-1945)

Principales pionnières féministes du Québec

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.